tag:blogger.com,1999:blog-311543967396451502024-02-07T05:20:14.079+01:00ZouamOuam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.comBlogger328125tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-91465427239845740092021-05-06T13:19:00.001+02:002021-05-06T13:19:25.948+02:00"Vous auriez fait un excellent professeur"<p> <br /></p><p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">Avant
l'entretien avec Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur
d'académie, à Lyon, pour devenir Professeur de français
contractuel, avant même de penser devenir Professeur, mon histoire
avec l'enseignement commence lorsque je suis enfant. Ma mère est
institutrice, ses amies aussi. Je l'entends discuter de son travail,
je la vois corriger, préparer.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">Plus
tard, je rencontre des professeurs qui ne se lavent plus les cheveux
et ne me regardent pas dans les yeux, d'autres qui s'enferment à
clefs dans leur classe, un qui fume des clopes roulées à la fenêtre
pendant le cours. Des gens incapables d'enseigner se décarcassent
pour me faire entrer dans la tête un programme parfois touffu, ne
parviennent qu'à me lasser, voire à me faire passer une série
interminable de sales moments. Et puis des professeurs lumineux me
permettent de réussir où je me sentais pourtant capable d'échouer.
Des noms que je retiens pour toujours.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">L'histoire
ne rebondit que trente ans plus tard. J'ai été journaliste, pour
l'essentiel, spécialisé dans la culture et surtout le théâtre.
J'ai animé des ateliers d'écriture et de pensée, avec des enfants
en « situation de fragilité » dont j'ai aimé le contact
et pour lesquels j'ai même, parfois, été utile. Je crois que j'ai
compris quelques ressorts de l'enfance, et d'abord son besoin de
bienveillance, sa soif inextinguible de reconnaissance. Et son
questionnement permanent, qui n'est autre que la manifestation de son
désir, presque sauvage, animal, de connaissance. L'adulte, et plus
encore le professeur, doit se faire entendre au milieu de ce
bouillonnement juvénile, répondre aux attentes de son public pour
mieux lui transmettre son savoir.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« Mais
vous savez c'est compliqué professeur, rien à voir avec
l'animation. »</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">Oui
Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur d'académie, ne vous
indignez pas, je le sais. Je m'apprête à beaucoup travailler.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">En
2018, je décide de changer de métier, celui de journaliste n'a
servi, jusqu'alors, qu'à me maintenir sous le seuil de pauvreté. Je
me sens au milieu du gué, sans bien apercevoir l'autre rive. Un
conseiller Pôle Emploi me suggère de devenir Professeur. Je trouve
la proposition enthousiasmante, mais je ne possède que le
baccalauréat. Qu'à cela ne tienne. Il existe la validation des
acquis de l'expérience, la VAE.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« Mais
vous savez, il faut analyser les textes, ce n'est pas facile »</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">Oui
Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur d'académie. Cela fait
trente ans que je lis, que j'écris, que je travaille sur des textes,
que je les critique, que je critique des pièces de théâtre ou des
expositions d'art contemporain ou de photographie. Vous pensez que
soudain, devant des élèves, je ne saurais plus faire ?
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">J'obtiens
mon Master 2 de littérature mention métiers de l'écriture, à
Toulouse Jean Jaurès, avec la note de 18 sur 20, mention très bien
en octobre 2020. Une bande d'Agrégés de lettres modernes et de
rhétorique, à la lecture des cent pages de mon mémoire, des deux
cents pages de mes annexes, puis à m'écouter le jour de ma
soutenance, ont décidé de m'adouber. Ce ne sera pas le cas de
Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur d'académie.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« Mais
la grammaire, il n'y avait pas d'épreuve de grammaire, dans votre
VAE. »</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">En
effet, Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur d'académie. Et
je ne vais pas vous cacher que je ne suis pas un grammérien émérite.
Mais je crois aussi être capable de me hisser au niveau d'une classe
d'enfants ou d'adolescents. Non je ne le crois pas. J'en suis sûr.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« Tenez,
voulez-vous bien analyser gramaticalement cette phrase, s'il vous
plait ? »</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">J'en
suis incapable, Madame la secrétaire de Monsieur l'inspecteur
d'académie, je ne peux aller au delà des analyses les plus simples.
Des souvenirs du collège. Comme vous me l'avez fait remarquer, je
n'ai pas appris la grammaire. Et je vous répète que cela ne me fait
pas peur. Pas peur du tout.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« Impossible
de vous laisser devant une classe, Monsieur. Que diraient les enfants
s'ils vous posaient une question à laquelle vous ne pourriez pas
répondre. Il s'agit de votre crédibilité. Ensuite, plus personne
ne vous écouterait. »</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">À
cause d'une question de grammaire ? Madame la secrétaire de
Monsieur l'inspecteur d'académie, votre expérience de
l'enseignement est stupéfiante, et vous avez raison de me faire la
leçon.
</p>
<p align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">« C'est
dommage (dit-elle), vous auriez fait un excellent professeur ».
</p>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-7965729627773176992021-03-03T12:04:00.001+01:002021-03-03T12:04:08.157+01:00Lettre ouverte à Popôle <p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"> <span style="font-family: Times New Roman, serif;">C'est
ma très grande faute</span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Je
me demande si nous, les chômeurs, surtout ceux d'entre nous qui
touchons l'allocation sociale de solidarité (ASS), à peu près 500
euros par mois, sommes tenus de posséder un téléphone en bon état.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Dans
ce cas, il ne me reste plus qu'à faire mon mea culpa, je bats ma
coulpe, c'est ma faute, c'est ma très grande faute, j'ai investi
dans un téléphone d'occasion qui ne </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">fonctionnait</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
pas aussi bien qu'il en avait l'air. Et, donc, le Pôle Emploi, le 15
janvier 2021, en pleine pandémie mondiale du coronavirus, et
concernant un homme de bientôt cinquante ans, vivant chichement de
l'ASS et d'une allocation logement... le Pôle Emploi, vexé
probablement de n'avoir à faire qu'avec des tricheurs invétérés,
se permet de supprimer du jour au lendemain l'allocation de survie
qu'elle lui versait jusqu'alors.</span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Il
est vrai que l'incident s'est produit deux fois. Une première le 20
novembre </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">2020</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">,
à 9 h, je suis devant mon téléphone, sans me préoccuper de savoir
si je vais entendre la sonnerie, puisqu’en toute logique, je vais
l'entendre. Quand je constate que personne n'a appelé, je téléphone
au 3949 (numéro unique national de l'institution). Ma conseillère
étant en télétravail, bien sûr, il est hors de question de la
joindre.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Par
contre, celle-ci est prompte à me dénoncer. Je dois </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">me
fendre</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
d'un courrier d'excuse, j'explique n'avoir pas reçu d'appel, et l'on
décide de ne pas me sanctionner. En revanche, ma conseillère me
convoque à nouveau pour un rendez-vous téléphonique le 22 décembre
à 11h55.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Parfait.
Je me poste devant mon téléphone, j'allume mon ordinateur. Et
j'attends. J'attends. Je vérifie mon téléphone. Pas d'appel.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">J'écris
à ma conseillère à 12h34 que je n'ai pas reçu son coup de fil.
J'espère ainsi prouver ma bonne foi. Je verrai par la suite que cela
ne sera pas suffisant. Ce jour-là, je commence à </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">penser</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
que mon téléphone ne fonctionne pas, et je fais des tests le
soir-même </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">avec
ma famille et des amis</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">.
En effet, je ne reçois qu'un appel sur trois ou quatre. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Bref :
mon smart-phone n'est pas fiable, autant dire que je n'ai pas de
téléphone ! C'est ma faute, c'est ma très grande faute !
Je n'aurais pas dû acheter un téléphone d'occasion, en août
dernier ! Je comprends donc la méprise, et m'empresse d'envoyer
par mèl un autre numéro à ma conseillère, c'était la période de
Noël et j'étais chez ma mère, qui possède un téléphone fixe.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Mais
c'était Noël pour tout le monde, et ma conseillère... </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">ne
m'a pas appelé. Je la cite, sibylline, dans un courriel :
« </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i>cela
n'a pas pu se faire</i></span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"> »</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">.
</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Il
y a un mot à la mode, en ce moment, dans l'entreprise, c'est
l'agilité. Il n'y en a aucune pour les chômeurs. </span></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Donc,
on ne peut pas m'appeler, je ne peux pas non plus, aussi on me
dénonce, une deuxième fois. C'est la procédure.</span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Le
22 janvier, je décide de me rendre sur place, à l'agence, malgré
le virus, </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">étant
personne à risque</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">.
L'accueil </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">y
est</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">chaleureux</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">,
le personnel </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">attentif</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">.
On me propose un recours. Et, je le fais.</span></span></p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Par
mèl, j'apprends que l'instance de recours se donne deux mois pour
répondre. Deux mois. Comment allais-je m'arranger avec la
propriétaire de mon petit appartement, en attendant ? J'habite
un meublé de 30 m2 que je paye 500 euros par mois. Ce ne sont pas
les affaires du Pôle Emploi, je l'ai compris. </span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Le
16 février, je reçois une réponse à mon recours, signée de
Monsieur Sienko, directeur de Pôle Emploi Rhône sud-est :</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="font-weight: normal; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<span style="font-family: Times New Roman, serif;">« (…) les éléments
apportés, notamment, vous évoquez un problème de téléphone par
deux fois, ne constituent pas un motif légitime de nature à
justifier le manquement « absence à rendez-vous » qui a
été constaté ».</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Je
me permets de remarquer que ce Monsieur, sa secrétaire, n'ont pas
osé écrire : « (…) problèmes de téléphone par deux
fois ne constituent pas un motif légitime de nature à justifier
« l'absence à rendez-vous </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i>téléphonique </i></span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">» …
Peut-être, après tout, quelqu'un a-t-il eu un sursaut de bon sens,
au dernier moment ? Bien que, in fine, le motif de la radiation
précise bien qu'un problème technique de téléphone ne constitue
pas une excuse légitime de nature à justifier une abscence à un
rendez-vous téléphonique. C'est un sketch. Ou juste une façon de
prendre une nouvelle fois les chômeurs, qui ont pourtant acquis des
droits en travaillant, pour des imbéciles. </span></span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">En
tous cas, mon expérience avec cet établissement public se termine
mal, alors qu'elle avait déjà bizarrement débuté. </span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Après
quelques rendez-vous, jamais manqués, avec mon précédent
conseiller, j'ai pu élaborer un nouveau projet professionnel. Ancien
journaliste, j'avais adoré animer des ateliers d'écriture (avec des
enfants en situation de fragilité dans le cadre d'un programme de
réussite éducative). Mon conseiller me propose de devenir
professeur. Je n'avais que le baccalauréat, diplôme insuffisant, et
ce conseiller, qui mérite son titre ce jour-là, me parle d'une VAE,
une Validation des Acquis de l'Expérience.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Que
je trouve à Toulouse. Je m'inscris juste avant la grève de 2019, la
formation est reportée de six mois. Je la réalise finalement
jusqu'à obtenir mon diplôme de Master 2 de littérature en octobre
2020, avec la note de 18, mention très bien. </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Pôle
Emploi me promet</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
une participation au financement, </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">et</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
réitère cette promesse auprès de l'Université Jean Jaurès. Pour
finir, je n'ai pas obtenu le moindre centime, sous prétexte que
cette formation n'était pas à proprement parler une formation,
c'était un «</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><i> accompagnement </i></span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">».
Pardon, mais cette nuance est une lâcheté qui marque bien le mépris
que l'on montre et de façon régulière, réitérée, aux chômeurs.
J’ai dû alors faire face à ces frais qui devaient être pris en
charge soit 1600 euros </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">pour
la formation (sic), auxquels s’ajoutaient les allers-</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">retours
à Toulouse : de l'argent que je n'avais pas, que j'ai emprunté
à des familiers, et une dette que je traîne encore aujourd'hui.</span></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Je
suis en colère. Tout me semble organisé pour </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">freiner
ou empêcher le versement</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
de subsides à ceux qui en ont le plus besoin, et même, in fine,
quel qu’en soit le </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">coût</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
social, pour nous radier </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">en
nombre</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
des listes de Pôle Emploi. Les instructions semblent claires, pas de
pitié, alors que tout le monde sait qu'il </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">y
a une baisse très importante du nombre d’emplois à pourvoir</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">,
et </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">une
crise sanitaire qui complique encore le quotidien des personnes en
difficulté sociale. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;"><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Quant
à moi</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">,
brimade supplémentaire, j’ai dû demander avant l’heure</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
le RSA à la caisse d'allocations familiales. Dois-je m'attendre </span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">à
être humilié, suspecté, infantilisé à nouveau ?</span></span><span style="text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">
</span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Il
faut absolument repenser l'aide sociale. Celle-ci ne doit pas être
une occasion de harceler les pauvres, de les culpabiliser, de les
laisser vivre dans la menace permanente d'une radiation, d'une
suppression de leur maigre allocation. Cette vie traquée est
intolérable. </span>
</p>
<p style="margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;"><br />
</p>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-68586756381908720182019-11-28T15:54:00.000+01:002019-11-28T15:54:03.052+01:00Et toujours... Un poète que j'aime lire... toujours... <a href="http://proses.canalblog.com/archives/2019/11/27/37821942.html" target="_blank">ICI</a>Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-13409740241575135892019-05-13T17:36:00.004+02:002019-08-26T20:07:49.363+02:00Théorie du ruissellement <div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: large;">Voici comment Plutarque (46-125) (il s'agit bien de ses dates de naissance et de décès) mettait la théorie qui aujourd'hui semble inspirer Monsieur Macron et consorts, dans la bouche d'un sénateur Romain, Ménénius Agrippa, personnage de la Vie de Coriolan : </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: large;"><span style="text-align: justify; text-indent: 30px;">« Un jour, leur
dit-il, tous les membres du corps humain se révoltèrent contre l'estomac
; ils se plaignaient qu'il demeurât seul oisif au milieu d'eux sans
contribuer au service du corps, tandis qu'ils supportaient toute la
peine et toute la fatigue pour fournir à ses appétits. L'estomac rit de
leur folie, qui les empêchait de sentir que, s'il recevait seul toute la
nourriture, c'était pour la renvoyer et la distribuer ensuite à chacun
d'eux. Romains, ajouta-t-il, il en est de même du sénat par rapport à
vous. Les affaires qu'il prépare, qu'il digère, pour ainsi dire, dans
ses délibérations, afin de régler l'économie politique, vous apportent
et vous distribuent à tous ce qui vous est utile et nécessaire. »</span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="text-align: justify; text-indent: 30px;"><span style="font-family: "arial" , "helvetica" , sans-serif;"><span style="font-size: large;">(Plutarque, Les Vies des hommes illustres Tome 1 : Vie de Coriolan)</span></span></span></div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-44351929119823451352019-04-18T11:26:00.001+02:002019-04-18T11:26:18.133+02:00
<div lang="fr-CA">
<span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">"je
finirai bien par te rencontrer quelque part bon dieu!</span></div>
<div lang="fr-CA">
<span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">et
contre tout ce qui me rend absent et douloureux</span></div>
<div lang="fr-CA">
<span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">par
le mince regard qui me reste au fond du froid</span></div>
<div lang="fr-CA">
<a href="https://www.blogger.com/null" name="yui_3_16_0_1_1423298865177_2483"></a><a href="https://www.blogger.com/null" name="yui_3_16_0_1_1423298865177_2482"></a>
<span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">j'affirme ô
mon amour que tu existes</span></div>
<div lang="fr-CA">
<a href="https://www.blogger.com/null" name="yui_3_16_0_1_1423298865177_2484"></a><span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">je
corrige notre vie"</span></div>
<div lang="fr-CA">
<br /></div>
<div lang="fr-CA">
<span style="font-family: DIN Next Rounded LT Pro Light, sans-serif;">Gaston Miron in <i>Batêche </i></span></div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-13167422151380983402015-06-05T12:03:00.004+02:002015-09-04T11:36:26.947+02:00Maison porno, cabossée<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">"Mustapha,
le trou du cul, qu'a plus de face, qu'un derrière. Un assez beau,
mais qu'il écarte, sans cesse, et qu'il frotte sur le nez de qui
veut bien lui renifler. Jeanne avait bu, voulait qu'il la prenne,
voilà, se faire tringler, c'est ce qui la remet au monde, à sa
place, tas de chair nouveau né, putain, merde. Elle s'ouvrait,
susurrait un poème, d'amour, cherchait à enchanter la Mousse, pour
qu'elle s'étende, sur elle, et l'envahisse. Mais son ventre resta
vide." </span></span></i>
</div>
<i>
</i>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Cela
débute par une inquiétude. Dans un silence que rien ne trouble, ou
alors il y a du vent dans les voilures chantantes du petit bois du
vallon. Le rôdeur se devine entre deux éclats de lune. Un homme, un
timide, à la vertu ventrue, la tête rentrée dedans. Un passant
fardé d'assurance et de bonne conscience. Un autre, un boutonneux
tardif, qui va lui donner du Madame. Et l'homme approche, avec son
besoin falsifié, son sale besoin, auquel il pourrait renoncer, s'il
pissait, là, maintenant, un bon coup. </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Le
rôdeur ne s'avance pas, Jeanne s'inquiète. Et espère. Elle peut
encore. Elle a vieilli comme ça, dans ce déséquilibre, qui lui
donna longtemps l'illusion d'avancer. Le pied droit lui laissait
espérer le gauche, le gauche, vacillant, s'inquiétait des
faiblesses du droit. Elle dansait de l'un à l'autre. </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Jeanne
a bien entendu, tout à l'heure, il y avait une voiture, qui s'est
arrêtée à bonne distance. Autour de son camion, il y a un
territoire. Un territoire qui s'appelle dehors. Un premier cercle où
tu es sous son regard. Un second, que tu traverses pour qu'elle ouvre
sa porte. Et tu fais entrer le prince ici, dans ton royaume. C'est
lui qui se déshabille, tu veux bien l'aider, mais c'est plus cher.
Tout est plus cher, dans l'ordre, fellation, baiser, pénétration,
sodomie, sors ta queue, qu'on en finisse. Jusqu'aux filaments
blanchâtres qu'elle préfère oublier dans un froissement de
sopalin. Le billet qu'elle n'oublie pas, qu'elle fait disparaître.
Et ses seins qui tombent à s'en détacher, mais non, elle les range.
</span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Les
lunettes carrées, bonjour, c'est combien. Ok, c'est d'accord, et le
gros homme à la respiration profonde, haletante, pose ses lunettes
sur la télé. « On peut mettre le chauffage ? »
C'est plus cher, dit Jeanne. Et elle joue avec ses couilles. </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="LEFT" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;"><span style="font-size: medium;"><i>Cher
Romain.<br /><br />Des milliards et des milliards de gouttes de verre,
traversées par la lumière. La lumière décomposée des milliards
et des milliards de fois. C'est ce que je vois s'il pleut. <br /><br />J'offre
ma peau, j'essaie de garder les yeux ouverts.<br /><br />Si je me
déshabille, j'ai l'impression d'être bénie, par la lumière, par
la lumière décomposée.<br /><br />La lumière poisseuse
m'enrobe.<br /><br />Romain, c'est cette grande promesse, de ta jeunesse
et de tes muscles ronds. Tant de beautés dans le jardin où nous
nous sommes présentés, à l’abri de l'orage, sous la bâche du
marchand de glace. Ce sont tes mains, tes baisers, Romain.<br /><br />Je
suis dans ce jardin planté de millions de tiges d'argent.</i></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="line-height: 150%;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Jeanne
avait bu ce qu'il fallait, mais tellement qu'elle s'endormait,
saoul... sous le gros homme en émoi. Elle couinait dans ce sommeil,
elle remuait, elle s'agrippait. Romain lui était apparu, ses lèvres
fines sans sourire et son regard bienveillant. Elle s'accrochait à
cette image, la joliesse du moment, les muscles blancs, et les
tremblements qui naissaient. Jeanne en avait le rimmel qui se mêlait
avec la bave, la chevelure et le fond de teint. </span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Leur
rencontre avait été brève. Mais c'est que lui, elle voulait le
voir nu, le toucher, l'effleurer, elle espérait le regarder jouir,
souffler, dormir. Il n'avait pas cherché à coucher avec elle. "Non,
non" avait-il juste murmuré. Puis il l'avait étreinte, elle
s'était senti bien dans son étau, il lui avait donné un baiser
chaste et doux.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">"J'aimerais
te revoir". </span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif;"><span style="font-size: medium;">Le
gros homme a repris ses lunettes carrées, soulagé de son besoin,
n'a laissé qu'une poisse, qu'elle frotte un instant, une odeur sure
qui va s'étioler, avec l'encens, et le souvenir d'un étouffement
momentané, agréable. Jeanne ferme son tiroir. Et sa maison. </span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Arial, sans-serif; font-size: x-small;">(lecture des (h) chez Nathalie Veuillet et Simon Marozzi, dans la camionnette de la Hors De transformée en lupanar, avec la présence lumineuse de Pauline en robe jaune, Jeanne maussade, projetant le superbe film de Cyril Besse sur les parois et sur ouam) (ah oui, et moi, caleçon, peignoir blanc cassé trop petit, mi-cuisse, avec des lunettes carrées pour la fin de la lecture) (Fallait voir ça !). </span>
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-3608380625996439722015-02-12T13:05:00.000+01:002015-02-12T13:12:40.028+01:00Charlie !J'écris un journal. Je le tiens, mais sans me mettre la pression, donc, il y a des périodes de vide. Comme ce mois de décembre, puis janvier. Je n'allais pas raconter dans un journal qui sera lu par des générations d'élèves et d'intellectuels que j'étais bien content d'aller au ski, que j'avais pourtant très mal à l'épaule, qu'on a même pensé à une polyarthrite (puis non), que j'ai encore une fois trop mangé, que j'aime toujours ma famille mais que bon une semaine c'était un peu long, ah, sinon, mon frère a acheté un appartement à Méribel. C'était bien, il vaut quinze fois mon appartement lyonnais (je le loue)(mais le compte est exact), et surtout il est situé à quelques mètres des pistes. Puis le nouvel an, je l'ai à peine fêté, ah mais vous savez moi les fêtes obligatoires. Bref la vie comme tout le monde, et pas trop le goût d'en tirer quoique ce soit de littéraire ou de philosophique (quelle idée). L'année commençait plutôt bien, j'avais l'intention de voir mon patron pour lui dire que j'en avais bien marre de ma pauvreté, qu'il fallait qu'il fasse un petit effort, et je devais alpaguer mon voisin, pour faire une déclaration de sinistre (plusieurs mois que je dois le faire).<br />
<br />
Ce matin funeste, je suis sur un article, j'avance pas trop mal, mais en mettant France Culture, je me retrouve avec des chants orthodoxes dans les oreilles, ce que je ne peux supporter que quelques minutes. Je cherche donc une émission, en zappant, France Info, RMC, Europe 1, Radio Canut. Pas France Inter, je l'ai déprogrammé par accident, sinon je m'y serais calé sans faire d'histoire, l'idée n'est pas d'écouter la radio, à ce moment-là. Je laisse l'odieux Morandini, ou le passable Morandini, c'est selon mon humeur, parler dans mon poste mais pas avec cette véhémence insupportable de ces gens qui ont tout vu tout entendu dans leur vie passionnante et nous le rabâchent à longueur d'onde sur RMC. Je ne sais pas de quoi il s'agit, ce jour-là, je me contente du ronron, et je me remets à mon article. Peu après 11 h 30, mon oreille sélectionne une incise, une brève interruption des programmes. Il y a une fusillade à Charlie Hebdo.<br />
<br />
Merde. Je zappe, à nouveau, et n'apprends rien. J'enregistre et je ferme l'article en cours de rédaction, je vais illico sur les sites de Libé, France 24, ITV, BFMTV. Et peu à peu l'horreur s'installe, sur mon PC, dans mon salon, et même dans la rue, lorsque je vais chercher le pain, plus tard. Luc, mon ami rédacteur en chef adjoint à Libé, me lâche des textos, c'est lui qui m'informe du probable décès de Charb. De Charb ! De Cabu ! Et ensuite, Wolinski, je lis son nom sur un bandeau, Wolinski, putain. Il y a les images qui arrivent, de ces deux gros beaufs encagoulés ("Nous ne tuons pas les femmes", dira l'un d'eux, ou encore "Nous ne tuons pas les civils"), le pauvre flic qui demande grâce et qui meurt sous nos yeux. Un déluge d'horreur. Longtemps que je n'achetais plus Charlie, d'abord parce que je ne les trouvais pas si drôles, et puis Philippe Val m'avait bien refroidi. Charb, je le sentais bien, je lui en voulais juste de ne pas me connaître, mais, à sa décharge, je ne me suis jamais présenté. Je me souviens avoir interrogé Luc, lorsque Charlie vivait dans les murs de Libé, et vous faites des soirées ensemble ? Et tu as fait connaissance avec Charb ? Non. J'avais cet espoir de me marrer un soir en sa compagnie. Fraterniser avec de la bière en déblatérant sur la religion, par exemple. Me voilà, ce 7 janvier, à fraterniser tout seul avec lui, et avec tous les autres, tandis que monte en moi la colère. La colère. Contre les religions, et contre cette espèce d'acceptation diffuse et bien-pensante de la beauferie réactionnaire des religions, au détriment des minorités à l'intérieur des minorités. Les libres penseurs d'origine maghrébine, les homosexuels, les féministes, auront raison d'en vouloir à notre société, si, décidément, elle ne fait rien pour les protéger. Les curés de toute sorte (et ceux qui se prennent pour des) doivent dorénavant savoir que les athées sont prêts à s'opposer aux fantasmes de domination dégueulasses que révèle leur prosélytisme, leurs prières publiques, leur moral liberticide et régressive. <br />
<br />
Soudain, Coulibaly. Qui assassine une jeune policière municipale en formation, elle réglait la circulation. La confusion des symboles, l'inutilité de son acte, la beauferie armée, l'étendue de sa bêtise, qui va se confirmer par la suite. Et on le retrouve dans l'Hyper Cacher, comme par hasard, il a dû avoir beaucoup réfléchi, avant de se dire qu'il lui fallait cibler des juifs. Je ne sais pas, moi, il devrait y avoir un système spécial, une armée de policiers prête à intervenir sans délai pour sécuriser les magasins juifs, les synagogues, à la moindre alerte, un tir de kalash quelque part. Ils seront toujours ciblés, inutile de se le cacher. <br />
<br />
La colère, la colère. Protéger les synagogues, les temples, les églises, les mosquées. Combattre sans merci les idées qui y circulent. S'en mêler. <br />
<br />
J'ai pu reprendre mon article, chaque jour, un peu. J'ai pu reprendre un rythme de travail, quelques jours plus tard. J'avais défilé, le dimanche, au milieu d'une marrée humaine, à Lyon, dont il est parfaitement faux de dire que les maghrébins en étaient absents, et il y avait des musulmans. J'avais hésité à y aller, je ne voulais pas défiler avec des gens racistes, ou qui allaient réclamer un Patriot Act contre lequel il faudrait absolument se dresser. En même temps, j'espérais que cette manif écrabouille les chiffres de la mobilisation indécente des salauds cathos homophobes (renforcés par les autres religions, plus discrètes, mais bien présentes aussi), qui avaient défilé, cette année, contre moi et le putatif et merveilleux garçon qui devrait, un jour, me proposer le mariage.<br />
C'était une marche sous le soleil, dans une sorte de silence bienveillant, la foule qu'il avait fallu diviser, à cause de son immensité, était comme une mer tranquille et invasive, parcourue des rumeurs de l'onde de nos applaudissements. <br />
<br />
<br />Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-16830112903701323742014-12-09T11:53:00.000+01:002014-12-12T08:26:17.572+01:00Baris AtamanTrès touché par ce que je viens de lire <a href="http://valeriesourdieux.blogspot.fr/2014/12/on-ne-devrait-pas.html?showComment=1418122778066#c4198901748171353893" target="_blank">chez mon amie Valérie</a>. Les faits remontent au 13 mai dernier... <br />
<br />
Un article sur un blog de <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/maxime-azadi/230514/la-mort-suspecte-d-un-jeune-kurde-lyon" target="_blank">médiapart </a>évoque cette mort, qualifiée de suspecte... Comment croire, en effet, à un suicide. Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-53481498011406503342014-09-27T15:03:00.006+02:002014-10-06T13:08:42.410+02:00SECRET - le 28 septembre au Croiseur à Lyon<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">« En 45 elle s'est coupée les
cheveux et elle a mis des pantalons. C'était pas ce qui se faisait,
à l'époque, à Dijon.
</span></div>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">
</span>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">- Ils lui ont rasé la tête oui.</span></div>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">
</span>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">- Arrête, ne plaisante pas avec ça.
Tu trouves qu'on n'est pas une famille unie ?</span></div>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">
</span>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">- Unie ? Parce qu'on mange
ensemble une fois par an dans la ferme des vieux ?</span></div>
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">
</span>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "Courier New",Courier,monospace;">- On est une famille normale. »</span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-size: x-large;"><b>SECRET </b></span></i></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
est une pièce pour trois <span style="font-size: large;"><b><span style="color: blue;">danseuses</span></b> </span>mise en mouvement par <span style="font-size: large;"><b><span style="color: red;">Flora Bougues</span></b></span>, de Quai n°4. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
J'en ai écrit le livret et les textes. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
C'est à voir dans le cadre de la <span style="color: magenta;"><b>biennale <i>OFF </i>de la danse</b></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: large;"><b>Dimanche 28 septembre </b><span style="font-size: small;">à</span><b> 19 h 30 </b></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: small;">au </span><b>Croiseur, <span style="font-size: small;">7, rue Croix Barret à <span style="font-size: large;">Lyon</span></span>. </b></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-size: large;"><b>Paf : 12<span style="font-size: small;"> euros</span>. </b></span></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-61433268562473341912014-03-12T12:32:00.004+01:002014-03-12T12:32:58.605+01:00Chez un poète... <a href="http://houdaer.hautetfort.com/archive/2014/03/06/le-genie-de-la-foule-5315457.html" target="_blank">Le Génie de la foule</a><br />
<br />
à bientôt. Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-13391589161665009562013-12-16T10:11:00.001+01:002013-12-16T10:11:14.882+01:00Ventre en tête C'est que toute chose contient sa part de silence, tout objet sa part de vide. Le monde est-il double, ventre et estomac, coquilles, vent dedans, bruit et silence de la merde. Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-55595867071745050532013-12-05T19:24:00.001+01:002013-12-05T19:24:49.979+01:00Salim, chez moi
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Il y a toujours, chez les homosexuels,
une population en rupture, des garçons qui irriguent les nuits des autres garçons. Ils sont derrière la porte, avec leur désir impérieux. Et ce mouvement appelé
"Manif pour tous" avait pour objet de
marginaliser encore, et de culpabiliser, de salir, s'il était besoin, ce désir.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Pour ces garçons (en particulier),
avoir une pratique sexuelle est souvent vécu comme une sorte de
suicide social, une honte infranchissable pour certain, un défi
radical à toute la société (et à la famille) pour d'autres, voire
une vengeance - qui s'exprime d'abord sur soi-même. J'ai fait la
mal-rencontre avec le mâle bafoué, la mauvaise particule dans le flux, Salim. Il avait une façon de
faire l'amour... comme s'il cherchait à se délivrer de son
cauchemar. Je sais qu'il se droguait, l'odeur de sa peau se mêlait à
son haleine de nitrite d'amyl, et il exigeait le noir absolu dans la
chambre. Il était gentil. Ma capote a lâché à notre deuxième
rencontre, je ne m'en suis rendu compte qu'en sortant de lui, dans
cette sorte d'exténuation qui s'annonce, j'ai conçu dans son cul ma
petite inquiétude. Je l'ai revu peut-être quinze fois, sans capote,
mon abandon violent multipliait le plaisir. Je me plaçais dans cet
espoir médusant de le garder pour la nuit, je voulais, pour lui,
former chez moi, sur le radeau de mon lit défait, un refuge. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Il
avait la syphilis. Les médecins, me voyant décliner dangereusement,
ont fini par découvrir que je l'avais à mon tour. Il m'a donné
aussi quelques autres petites infections, dont on se débarrasse sans
peine, et un diabète, depuis, s'est déclaré. Le diabète pourrait
bien être lié, si j'en crois une littérature datée de 1920,
trouvée sur la toile, son apparition, pas sa guérison. Bien
entendu, le SIDA aurait bien pu faire partie du bouquet, c'est en
tous cas la conviction des médecins. J'ai tellement envie de revoir Salim, d'éteindre à nouveau toute lumière, d'entendre ses
vêtements tomber un à un, sentir son souffle, la masse compacte de
son corps reposant sur le mien, son désir tremblant, sa fierté, de me donner du plaisir.
Comme lorsqu'il m'a embrassé. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Salim, Salim, si tu vis. </div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-84033337465118569442013-11-08T10:30:00.002+01:002013-11-08T10:30:24.448+01:00Homophobie, Saison 44932<a href="http://gays.unblog.fr/2013/11/08/russie-toujours-plus-homophobe/" target="_blank">La Russie c'est l'Europe... </a><br />
Saurons-nous accueillir les homosexuels russes ? Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-84898466061863222282013-06-21T17:15:00.001+02:002013-06-21T17:15:20.007+02:00LE REVERBERE / Etienne Faye / 491<a href="http://www.491.fr/Pages-du-mois/Reverbere.html#.UcRt5WHEneo.blogger">LE REVERBERE / Etienne Faye / 491</a>Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-87446686674288537272013-05-31T13:24:00.001+02:002013-05-31T13:24:03.635+02:00Christian Schiaretti / Etienne Faye / 491<a href="http://www.491.fr/Pages-du-mois/Schiaretti.html#.UaiIRtZLPUA.blogger">Christian Schiaretti / Etienne Faye / 491</a>Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-37487050067517157612013-03-22T10:59:00.001+01:002013-03-22T10:59:19.727+01:00Mes carnets du Maroc (64 et fin)
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-huitième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Retour. Réveil 5 h 20. J'avais
tellement été nerveux la veille, je n'ai guère dormi. Mes
sonneries, réglées à 5 h 30, n'auront pas le temps de retentir. Je
pisse dans le lavabo de la chambre 12, au Central Palace Hotel. Je
regarde la pièce une dernière fois, que je n'oublie rien. Ce n'est
pas un endroit bien chaleureux, mais j'y étais bien. Je ne remarque
pas mon chapeau de paille espagnol, sur une patère. Et je file
réveiller le réceptionniste.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-huitième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je me sens plutôt rassuré de rentrer.
A part mon chapeau, que j'ai si peu mis sur la tête, qui a gondolé
sous la rincée, à Tanger, pris le soleil sur la route d'Aït Benhaddou... Mon chapeau que je portais dans mon sac, il en était tout
biscornu, troué, c'était devenu le mien... À part mon chapeau que
je laisse sans regret telle une trace de moi, de mon histoire au
Maroc, et surtout de sa fin, je n'oublie rien. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3yUsjRQhkNsrL3PBjhGkq1jMYItWqv7lkcQ8xjFDE6wYH33A-NxZ8WPcbN09LVX3baUe_QXuQEYhtypirH0Sinm0U0Gf5lp_gzarO0cPA9EDOc1qsGCVWcb5v-OzN80XwJxCruTM7sB8/s1600/Maroc+2012+107.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3yUsjRQhkNsrL3PBjhGkq1jMYItWqv7lkcQ8xjFDE6wYH33A-NxZ8WPcbN09LVX3baUe_QXuQEYhtypirH0Sinm0U0Gf5lp_gzarO0cPA9EDOc1qsGCVWcb5v-OzN80XwJxCruTM7sB8/s320/Maroc+2012+107.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-20967399427740479972013-03-18T15:25:00.000+01:002013-05-08T14:17:33.349+02:00Mes carnets du Maroc (63)<div style="margin-bottom: 0cm;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dzuFP1xBHGNnd0I_RY_NZKfzQlCDBze0cTPoPqPdv5HqRrEExSAGYCmYgXk5gUBUfPNJRfa6jzr3l3xV42W' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe> </div>
<br />
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-septième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Jeudi 3 mai 2012. Retour à Marrakech.
Remonté, décidé à ne pas me laisser amadoué par un emmerdeur
quelconque, et à commencer par un taxi. « Taxi ? »,
me demande-t-on alors que je n'ai pas encore la main sur mon grand
sac à dos. Je prends tout mon temps, je réponds, oui, 15 dh pour la
médina. Le mec fait mine de me rire au nez, mais mon regard
l'intimide. Pas grave, j'y vais à pieds, lui-dis-je, et là il prend
à témoin un groupe de chauffeurs qui joue son rôle comme un seul
enfoiré, non 15 dh, ce n'est vraiment pas assez. Pas de souci, j'y
vais à pieds. « 30 dh, au moins », tente le chauffeur.
« Si vous ne voulez pas travailler, c'est votre affaire »,
et j'y vais à pieds, comme promis. Le chauffeur me rattrape : « 20
dh ? ». Je suis presque incrédule, il me propose le prix
que je voulais. C'est d'accord, lui dis-je. Après, pendant le
voyage, c'est drôle, il me demande l'autorisation de prendre
plusieurs personnes à bord, ce que j'accepte, dans ma grande bonté.
Ces connards-là, quand tu les traites comme ils le méritent, je veux
dire mal, après, ils sont tout miel.
20 dh, c'est à peu près deux fois ce qu'il exigerait d'un local,
donc, bon, il n'est pas mécontent. Il me dépose à la gare de taxis
du Square Foucaud, où j'ai tous mes repères. Je vais directement au
<i>Central Palace</i>, où la femme de la réception m'accueille avec de
charmants sourires, notre complicité est retrouvée dès les premiers
salam aleikum, aw aleikum salam. « Je vais vous trouver une
belle chambre » me dit-elle. Et elle ne ment pas.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-septième jour
</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je me perds dans la médina et je
trouve le moment agréable. J'évite les souks à touristes et j'ai
enfin le sentiment d'être au cœur de la ville rouge. Je reconnais
la nature des commerces, petites épiceries, ventes de crêpes
marocaines (dont j'ai l'impression qu'elles changent de nom selon les
régions) et de beignets plongés dans le sucre, pain, chariots de
fruits, atelier de mécanique, lieu crucial évidemment pour un
peuple qui roule en véhicules des années 70 ou 80, voitures et
mobylettes. D'ailleurs les mobylettes, ici aussi bien qu'à Casa,
sont un fléau pour le piéton, les Marrakchis roulent sans vraiment
faire gaffe, avec pour seule précaution le klaxon. Partout ou tu
entends le bourdon d'une brêle, barre-toi vite, range tes fesses et
cesse, à l'instant, de mettre le nez en l'air. Dans le dédale de la
ville médiévale, un jeune, mais tout jeune garçon, m'aborde, « la
place ? » Je réponds que je ne veux pas de guide et il me
colle quand-même au train. « Pas là, fermé », le
morpion connait son rôle. J'insiste alors en faisant le signe du
flouze avec les doigts. Walou, tu comprends ? Je suis sec, mais
je tiens compte de ses dix ou onze ans. Et ça marche, il me lâche.
Un jeune Marocain qui range son scooter en face de sa porte me
sourit : « La place, c'est à droite, encore à
droite, et ensuite, toujours vers la droite », « Choukrane »,
et tout se passe bien, la rumeur de Jemaa El Fna, de toutes façons, me
guide jusqu'à son cœur battant. Les Gnaouas se donnent et
rassemblent autour d'eux les passants, les restaurants éphémères
ont installés leurs tables recouvertes de papier blanc, le stand
d'Hassan ne brûle pas encore. Les impérieuses clarinettes des
charmeurs de serpents retentissent tandis que les marchands de fruits
secs cherchent inlassablement à me vendre des dattes ou des
abricots. Finalement, je retourne au restaurant que je fréquentais
il y a deux semaines, harira, couscous, valeurs sûres pour ce
dernier repas au soleil couchant du Maroc. Trois enfants très
jeunes, 4, 5 et 6 ans je pense, viennent alors à ma table, et me
harcèlent, pour quelques dirhams. La petite de 5 ans était couvée
par le regard incitatif et protecteur de son grand frère, celui qui
avait 6 ans, peut-être 7, en s'exerçant au regard d'enfant triste.
J'ai dû lui dire non, mais, cette fois, en la regardant bien, avec
assurance et, je crois, une bienveillance ostensible, dont elle a cru
longtemps pouvoir tirer profit. Un autre môme, celui-là ne devait
pas avoir 4 ans, mignon comme, comme, je ne sais pas moi, mignon,
exercé, lui aussi, aux yeux tristes. Je l'ai regardé de façon
presque obsessionnelle, avec beaucoup de fermeté, autant d'amour
qu'il m'était possible. Et l'enfant est resté, sans plus jamais
rien mendier. A me regarder, à baisser les yeux, puis à me regarder
à nouveau. Qu'il est beau cet enfant. Voilà, nous nous sommes
regardés. Je n'avais aucune compassion, ce n'était pas l'esprit.
L'enfant-instant était le mien. Je n'avais pourtant aucun droit de
lui interdire de faire la manche, ni les moyens de l'amener à
l'école. Je suis parti déchiré, impuissant, comment être un
adulte, à ce moment-là.
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-9140893194658903332013-03-08T18:37:00.002+01:002013-05-08T14:06:17.410+02:00Mes carnets du Maroc (62)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtljLCfs21W_NsRwX-Rd47rg6Pi4WYjf2kSj5STe8ojn_TQfcr9qaPxYzdSDZCImvH1_8-1dO4YcQWF7vj2a6e2Z-UPVvgSJzbWvJW66b89WN9dpcpKBTFXSF2E1CQ_3N6UBcce_uuyA4/s1600/Maroc+2012+419.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtljLCfs21W_NsRwX-Rd47rg6Pi4WYjf2kSj5STe8ojn_TQfcr9qaPxYzdSDZCImvH1_8-1dO4YcQWF7vj2a6e2Z-UPVvgSJzbWvJW66b89WN9dpcpKBTFXSF2E1CQ_3N6UBcce_uuyA4/s320/Maroc+2012+419.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-septième jour
</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Journée tournée vers le départ.
Quitter Essaouira me fut presque facile. Je me suis matin laissé
gagner par la mélancolie de la ville. 8 h 30 environ. J'ai sourit
une dernière fois au petit barbier, des gestes lointains mais amicaux, un
clin d’œil, c'est toute une rencontre. Je suis allé traîner mes
souliers dans la terre mise à nue depuis un an pour d'interminables
et peu probants travaux de rénovation du système d'égouts, j'ai
admiré dans la poussière, non loin du souk des poissons, un petit
requin, dos à l'air, que ne se disputait aucun chat. Le boulanger
livrait par dizaines ses galettes de pain chaud, un marchand de tapis
sortait de son lit et, déjà, sur la plage à marée basse, une
vingtaine d'adolescents jouaient au football. Un à un, de gros
chalutiers manœuvraient à l'entrée du port, harcelé, comme il se
doit, par des nuées de mouettes et d'albatros. D'autres de ces
oiseaux des mers, en nombre, se reposaient encore sur le sable sec et
se disputaient un coquillage ou une crevette oubliée par la marée.
Posant mes fesses sur un fauteuil du café terrasse le Chalet, mes
pieds sur le muret qui me séparait de la plage, je n'ai pas lu, ni
écrit. J'ai regardé. Me suis souvenu que je n'aurai pas tout de
suite l'occasion de me perdre dans la ligne pleine et prometteuse de
l'horizon. J'ai mangé un petit pain, un café cassé, un jeune
Espagnol en tong et sa copine devisaient, il riait, nous avons
échangé une complicité, je n'ai guère de doute à l'égard de ses goûts, ce garçon. En
rentrant par la place Moulay Hassan presque vide, et pour cela
lumineuse tel un soleil, un ventre nu craquait une sieste sur un
banc, le pullover sur les yeux. Un travailleur, de l'ombre, s'y
réfugiait le temps d'une pause. Un vendeur de space cake accourait,
avec un geste soigneux pour le plastique transparent qui protège son
plateau. Ouf, sans m'aborder. Une dizaine de Marocains, peut-être
plus, me reconnaissaient, dans la rue et me saluaient avec bonne
humeur. Très vite, autour de mon hôtel, je disais bonjour aux
voisins. Le joli Jamel, guitariste, si doux ; la jeune femme
gentille et souriante, avec ses rectangles blancs dans la bouche, en
vitrine, mais dont je n'ai jamais osé demander le nom ;
Mohammed, qui était un peu triste de ne rien me vendre, j'aurai
peut-être dû le soutenir un peu, lui dont le pied gauche se
retourne dangereusement, et dont les dents pourries sortent jusqu'à
la racine ; le musicien, qui tient une échoppe d'instruments,
il joue du oud, je crois, et fort bien, j'ai oublié son nom ;
bien sûr, Saïd, dont j'ai assuré les revenus pour un mois,
peut-être ; et tous les voisins qui avaient finis par
s'habituer à me voir papoter dans la rue, beaucoup semblaient
prendre plaisir à me saluer en français, tandis que je faisais,
moi, l'effort de répondre en arabe. J'ai donc croisé quelques
bonjours avant de partir, et le premier, je crois, d'un ouvrier d'un
chantier à côté de l'échoppe de Saïd. Il se promène à vélo,
quelque soit la distance, cette fois, son beau visage, jeune, et
brun, était moucheté de peinture blanche. Une paire de fesses qui
m'a fait penser à JB. JB, la pensée de JB est revenue s'installer,
alors que je ne pensais plus à lui. Il a suffit d'un signe de sa
part, il a créé un profil facebook, j'ai l'impression, juste pour pouvoir communiquer avec moi. Peu avant 15 h, je suis allé à Baâb Marrakech, chargé de
mes deux sacs à dos : le gros pour les soutes, le petit pour
l'habitacle.
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-82012993708142155372013-02-20T09:06:00.002+01:002013-02-20T09:06:46.365+01:00Mogador avant la fuite<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwKud-awc45w-FvFjJMf8IW49CAHUjm_8gGPTqNUllN5NYkAJ-yPqn9PcS-3rYQRDTdyXF411-ECvbdmJ3nu3HTkROk3zAc9VmjFhNeY_I6K5p5iaQ8KaQqwE9bwd1SsIevkQcGaYnAM/s1600/Maroc+2012+382.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSwKud-awc45w-FvFjJMf8IW49CAHUjm_8gGPTqNUllN5NYkAJ-yPqn9PcS-3rYQRDTdyXF411-ECvbdmJ3nu3HTkROk3zAc9VmjFhNeY_I6K5p5iaQ8KaQqwE9bwd1SsIevkQcGaYnAM/s320/Maroc+2012+382.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxntNdMKdmyjHViV7UG8HCnh312A1BFSdZWTq0BvgxMEk04PCH_PvrXwCHdobsB3H2q5SePN9pfIWsUpektSUInU9AX4rytA5y2wKxk7xtvsBGhMJZsCQRrAXIN0SxHmR8Kn2AIxxN54Q/s1600/Maroc+2012+353.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxntNdMKdmyjHViV7UG8HCnh312A1BFSdZWTq0BvgxMEk04PCH_PvrXwCHdobsB3H2q5SePN9pfIWsUpektSUInU9AX4rytA5y2wKxk7xtvsBGhMJZsCQRrAXIN0SxHmR8Kn2AIxxN54Q/s320/Maroc+2012+353.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBmxQi3saIQ1evyr66l9kFSxlkv3xL86legMZOIfPJpW7uJVHiG2UQU0O2kd7cL2b5DxfV26MLMSDhFE9ib681ljhcs6KNGnN9UnuPcaETo_PJXHM3JpwrH8vQRC5MKBdi_1rKPtWe15U/s1600/Maroc+2012+376.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBmxQi3saIQ1evyr66l9kFSxlkv3xL86legMZOIfPJpW7uJVHiG2UQU0O2kd7cL2b5DxfV26MLMSDhFE9ib681ljhcs6KNGnN9UnuPcaETo_PJXHM3JpwrH8vQRC5MKBdi_1rKPtWe15U/s320/Maroc+2012+376.JPG" width="320" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg_86VL7C3TTSCjniI8hpJjRsL19dPhYdcL7asFHKCCFsXP1JUXV56ijMSPWnc5YCzfuAMgJ_ItuXPFcRBSOf9P4-PKJFtMPt18xJVGTKGeGIvnBYkwoQOK3Vh7i6MAn_5wZjN6AXqXoI/s1600/Maroc+2012+387.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg_86VL7C3TTSCjniI8hpJjRsL19dPhYdcL7asFHKCCFsXP1JUXV56ijMSPWnc5YCzfuAMgJ_ItuXPFcRBSOf9P4-PKJFtMPt18xJVGTKGeGIvnBYkwoQOK3Vh7i6MAn_5wZjN6AXqXoI/s320/Maroc+2012+387.JPG" width="320" /></a></div>
<br />Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-50332010912399665292013-02-18T11:50:00.000+01:002013-02-19T23:20:53.115+01:00Mes carnets du Maroc (61)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeZrU4tIhyphenhyphenp3Po_LRre5f6tiDLjwPjBu-a3FFNVUZrGb3duoptf2YliLDE4XQhO9I2ttGoYp8uqUuHn9I7xPMKBTvNhyphenhyphenZJnUufw2fdSjIpyFghoSmE-2LuhjXBO9ru6NhrcTeYAkcNQRU/s1600/Maroc+2012+386.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjeZrU4tIhyphenhyphenp3Po_LRre5f6tiDLjwPjBu-a3FFNVUZrGb3duoptf2YliLDE4XQhO9I2ttGoYp8uqUuHn9I7xPMKBTvNhyphenhyphenZJnUufw2fdSjIpyFghoSmE-2LuhjXBO9ru6NhrcTeYAkcNQRU/s320/Maroc+2012+386.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-sixième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Mercredi. Dernier jour tranquille à
Essaouira. Demain, je file à Marrakech. Je me lève avec un bon mal
de crâne. Évidemment, les échéances de départ provoquent malgré
moi des contractions internes, crispations de tripes. L'eau a été
rétablie dans l'hôtel, pendant la nuit. Je ne me suis pas lavé
depuis trois jours. À part aux endroits stratégiques. Aujourd'hui
j'ai prévu hammam et massage. Achat d'un billet Supratour pour
Marrakech. Achat de deux trois trucs à Saïd.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-sixième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai rempli chaque mission avec succès.
Coût estimé : trop. Mais je dois encore acheter de l'huile
d'argan. Quelques litres.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-sixième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Nous avons échangé nos adresses avec
Saïd. Auparavant, il m'avait emmené chez un beau-frère qui tient,
entre autres, un magasin d’Épices dans le souk, sous les arches
d'un ancien caravansérail et à quelques mètres des étals de
poissons. Ce Monsieur nous a servit le thé, m'a annoncé les prix,
ça a fait gloups dans ma gorge. J'ai donc dû réviser mes
prétentions, j'ai pris quatre demi-litres, dans quatre bouteilles
plastiques d'eau minérale. Mais c'est de la première pression à
froid, garantie par Saïd, première qualité. Nous sommes alors allé
faire deux trois courses pour le café amazigh de l'admirable Hichem,
qui nous a donc cuisiné des brochettes de kefta et des tomates
grillées. Je n'aurais d'ailleurs pas dû me gaver comme je l'ai
fait. C'était délicieux, mais j'ai l'organisme crispé, je ne lâche
rien, et mon expérience de hammam et de massage californien était
agréable. Deux jeunes femmes très jolies, sans pitié, se sont occupées de mon cas. Évidemment,
si Hichem avait été masseur, peut-être que. Mais bon. 500 dh, pas donné,
quand-même, dans cette ambiance entre la maison close et le salon de
coiffeur, où je finis en lapant un thé brûlant. La mère
maquerelle, encore jeune et pas si bien coiffée que ça, est venu papoter quelques minutes, histoire
de mériter son salaire. "Les filles d'ici ont le sens du massage, elles ont des mains", me dit-elle, "c'est une tradition". J'explose mon budget en une journée de
dépenses, j'aurais pu rester deux semaines de plus avec tout ça. Mais je dois rentrer, maintenant. Et je me dis qu'il fallait bien que je lâche ma thune dans
ce pays qui a besoin de blé.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Bon, objectif, demain avant de partir
acheter de la mahia Ghazella ou Rousso (sur les conseils de Saïd,
qui rejoignent ceux d'Andy)(la mahia c'est l'eau de vie de figue du coin, je rappelle). Départ estimé direction
Marrakech, 15 h 15. Ensuite, eh bien, ce sera le retour à Arnakech, les taxis qui
cherchent à te flouer, les hôtels qui refusent de négocier, et
Jemaa El-Fna, une réjouissante dernière fois. Je vais flipper pour
mon avion, le lendemain, fermeture des portes à 8 h 20, donc, il me
faudra trouver un grand taxi pas trop gourmand avant 7 h. Tous mes
derniers dirhams pourraient passer dans cette ultime course, à moins
que je ne réussisse à prendre un bus, square Foucault, ce qui est
compliqué en raison d'une absence totale de renseignement, le numéro
du bus, l'horaire, je ne sais même pas où trouver les informations. </div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-19614699099163064792013-02-15T17:41:00.001+01:002013-05-08T14:23:22.041+02:00Mes carnets du Maroc (60)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgp7nR2CDyGh7yT9HkQj3GUyPfB_cbGU2bHVIT49JPMK1IyCxU1GcgUUUULY_ncXgj9o5PCC5YtLuXu413kBKW9ymT5020LPRw2RRU3f8VHk4rdXuqeIlfMJOPpZKYUhRPDnrM4xhD3eYA/s1600/Maroc+2012+469.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgp7nR2CDyGh7yT9HkQj3GUyPfB_cbGU2bHVIT49JPMK1IyCxU1GcgUUUULY_ncXgj9o5PCC5YtLuXu413kBKW9ymT5020LPRw2RRU3f8VHk4rdXuqeIlfMJOPpZKYUhRPDnrM4xhD3eYA/s320/Maroc+2012+469.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-cinquième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Premier mai. Un syndicat a installé un
podium place Moulay Hassan, à l'entrée de la vieille médina. Des
chansons saucissonnent en boucle, à plein tube. Tremblants sur les
enceintes et trônant en plein centre de la scène, deux
photographies encadrées, sous verre et sur des chevalets. Un des
personnages, en noir et blanc, est probablement le fondateur du
syndicat. L'autre est le roi.des drapeaux du Marc flottent de part et
d'autre. Il est vrai qu'ils sont rouges. Et des flics en tenue de
propre papillonnent, plus nombreux que les ouvriers, et même que les
touristes. Les ritournelles treès parti Communiste des années 70
ont dû faire fuir tout le monde. La rumeur de ce refrain, que je
perçois depuis l'endroit où j'écris, devrait suffire à me la
mettre dans la tête pour la journée.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-cinquième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Ballade jusqu'au bout de la plage. Un
No man's land où le sable fin se déguise en désert de dune. Un
Oued s'y forme, qui change de courant au gré des marées, remonte
jusqu'à un pont, menant à un village, Diabat, sur sa colline. Des
pas de dromadaires et de chevaux dans le sable mouillé, démontrent
sans doute que l'endroit est fréquenté par les hommes bleus, les
Touaregs, de passage après de longues traversées du Sahara. Non je
déconne. Cela démontre
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
juste que les touristes que tu croises
ici sont le plus souvent à dos de cheval ou de dromadaire. Pas
l'ombre d'une méharée par ici, et d'ailleurs, peu d'ombre. Un
magnifique garçon ultra bronzé, me poursuit un peu. « Jolie
Jaquette » m'avait-il abordé, dans la ville. Puis, il me
repère sur la plage, « eh ! Tu me reconnais ? ».
Il loue des fauteuils en plastique, il me rassure, viens me voir,
c'est gratuit pour toi, on discutera. Et moi je n'ai pas envie de
discuter. J'étais au début de ma ballade, je lui dis d'accord,
peut-être, au retour, et ce faisant je ne pouvais m'empêcher
d'admirer son torse glabre et noir. J'ai continué de fantasmer ce
garçon pendant la marche et au retour, en m'approchant des fauteuils
verts dont il a la charge, j'avais la gaule. Mais je ne tenais pas
plus que ça à subir de nouvelles avanies, et je l'aperçois de dos,
draguant deux Européennes. Je passe mon chemin.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-cinquième jour</b></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'arrive au niveau du port juste au
moment des défilés. D'abord celui de L'UMT (Union Marocaine des
Travailleurs), qui traîne derrière lui une centaine de militants
sous la bannière du PC. L'ambiance est revendicative, sans violence,
plutôt morose en fait, policiers et militaires disposés de part et
d'autre. C'est le syndicat majoritaire chez les pêcheurs. Ils ont
d'ailleurs un local sur le parking du port, où ils avaient élevé
une tribune. Je n'y ai vu personne prendre la parole, mais ils
donnaient à plein une sono à peine croyable, des airs d'accordéon grésillant dans les transistors, des
interventions enregistrées tirées
d'archives du PCF des années 50, on aurait dit que les 78 tours avaient repris du service. Un rassemblement plus populaire, en tout état de cause, que le défilé qui venait juste d'un peu plus loin, de la place Moulay Hassan, celui de l'UGTM (Union Générale des
Travailleurs Marocains). Une grande blague, avec le portrait du roi
en tête de cortège, et dedans des gens bien proprets, coiffés de
casquettes blanches. Rappelons que le roi est un des plus gros
employeurs du pays. Un air de ballade dominicale, ce cortège, pas
loin de ce qu'avait voulu le maréchal Pétain lorsqu'en rendant ce
jour chômé, il avait voulu récupérer l'événement. Enfin, même si les apparences ne
jouent pas en faveur de l'UGTM, n'accusons personne ici de pétainisme.
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-2739822748816774462013-02-01T12:36:00.002+01:002013-02-01T12:36:26.029+01:00Souk aux grains, Essaouira<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<object width="320" height="266" class="BLOGGER-picasa-video" classid="clsid:D27CDB6E-AE6D-11cf-96B8-444553540000" codebase="http://download.macromedia.com/pub/shockwave/cabs/flash/swflash.cab#version=6,0,40,0" data-thumbnail-src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg3ceXb4jFsFKOTU7Kqdvuqo9Rq56L876JKIfXuL3R1hxN0sONablQzu5M8tM3vv4sItrIuvZW8_R0iEez-xzgUzJNLls40HF9OFjz8J1eBtwaojBS59Z-a8rW7YzHulusl4MMkD7VAIxo/s1600/Maroc+2012+445.MOV"><param name="movie" value="http://video.google.com/googleplayer.swf?videoUrl=http%3A%2F%2Fredirector.googlevideo.com%2Fvideoplayback%3Fid%3D66d3e61992d282b8%26itag%3D18%26source%3Dpicasa%26cmo%3Dsensitive_content%253Dyes%26ip%3D0.0.0.0%26ipbits%3D0%26expire%3D1362307115%26sparams%3Did%2Citag%2Csource%2Cip%2Cipbits%2Cexpire%26signature%3D6D4EC0349F159F666B03586AB4E5ACF7D7C0D3C4.629A4C0DACA149D3CE30B931A83B8C82B47BEC2A%26key%3Dlh1" /><param name="bgcolor" value="#FFFFFF" /><param name="allowFullScreen" value="true" /><embed width="320" height="266" src="http://video.google.com/googleplayer.swf?videoUrl=http%3A%2F%2Fredirector.googlevideo.com%2Fvideoplayback%3Fid%3D66d3e61992d282b8%26itag%3D18%26source%3Dpicasa%26cmo%3Dsensitive_content%253Dyes%26ip%3D0.0.0.0%26ipbits%3D0%26expire%3D1362307115%26sparams%3Did%2Citag%2Csource%2Cip%2Cipbits%2Cexpire%26signature%3D6D4EC0349F159F666B03586AB4E5ACF7D7C0D3C4.629A4C0DACA149D3CE30B931A83B8C82B47BEC2A%26key%3Dlh1" type="application/x-shockwave-flash" allowfullscreen="true"></embed></object></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-51113770852371456342013-01-30T10:43:00.002+01:002013-02-14T13:22:48.061+01:00Mes carnets du Maroc (59)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPJ2BXudL_giqdxw1cpJ3o6vQlrQbzSWRMdgR268ZGVyNT_QqwyAA0O8bMC2CD2byBhqROx0PuTDcdzLbZW65X8hiTX4lHAHmLTkAjZIWEgnQcfPwY0UNQ3rkRh3aJu5yVEM2IEROHXmk/s1600/Maroc+2012+359.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPJ2BXudL_giqdxw1cpJ3o6vQlrQbzSWRMdgR268ZGVyNT_QqwyAA0O8bMC2CD2byBhqROx0PuTDcdzLbZW65X8hiTX4lHAHmLTkAjZIWEgnQcfPwY0UNQ3rkRh3aJu5yVEM2IEROHXmk/s320/Maroc+2012+359.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-quatrième jour</b>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Retour sur la journée de lundi. Rien
de révolutionnaire, sauf qu'à regarder de plus près, ce lundi
tranquille me montre une petite évolution de ma façon d'être,
quelque chose que je dois sans doute au voyage. Ce matin, sur la
terrasse de l'hôtel, un couple de Polonais, qui n'est finalement pas
resté, j'ai entamé une conversation agréable, en anglais, avec la
sémillante jeune femme, tandis que son mec disputait ferme les prix
avec le jeune réceptionniste – un que je ne connaissais pas. J'ai
ensuite passé un moment avec Mohammed, le marqueteur à la
mâchoire qui sort de sa bouche, avec des chicots pourris que c'est
un bonheur de le voir sourire toute la journée. Il fait deux dessins
différents sur des morceaux de loupe de thuya, dans lesquels il
insère des fils d'aluminium : « moins cher que l'argent,
et ça oxyde pas », me dit-il, plus à l'aise avec le français
que je ne l'avais soupçonné. J'ai l'impression d'un travail soigné,
mais elles sont quand même bien moches ces petites boîtes rondes,
polies et brillantes, qui s'alignent sur les étagères du placard où
il bosse. Non loin, dans une des rues centrales de la médina, je me
suis laissé aller à répondre à un jeune commerçant complètement
bourré. Très efféminé, gracile, du khôl sous les yeux. Yacine.
Il me raconte qu'il est du sud, de Zagora. Il est ici pour vendre des
objets pendant la saison touristique. Qu'ensuite il rentrera au bled,
dans sa tribu. Les mecs ils doivent bien rigoler, tout de même.
Saïd, qui me croise en pleine conversation, me raconte ensuite la
vie de Yacine, qui d'ailleurs ne savait plus très bien, au moment de se quitter, s'il s'était
présenté sous ce nom, ou sous celui de sa boutique, Mohammed...
Ce garçon, Yacine, donc, est bien né dans le sud, mais dans la région
immédiate de Marrakech. Et il vit à Essaouira toute l'année, où il
est entretenu à distance par une Française amoureuse. Il a
vingt-quatre ans, il est bourré à la mahia tous les jours. Il
semble que l'alcool soit un problème virulent dans la jeunesse
marocaine et ce n'est vraiment pas la première fois que je m'en rends compte. À l'hôtel, j'ai débuté aussi une conversation avec un
Turc de Paris, nous avions fait presque le même voyage, mais pas du
tout ouvert, méfiant, il ne m'a adressé la parole que contraint par
la situation. Sûrement un espion turc qui craignait que je ne le
découvre. Il devait avoir les boules de tomber sur un type comme
moi, c'est évident que je lui aurais tiré les vers du nez. Quel connard. En couple, donc fermé. Bon, quant à moi, je lui
avais adressé la parole, ce qui n'est pas dans mes
habitudes, alors je suis fier. Mon voisin de chambre, un Allemand, écrivait des impressions dans un carnet, sur la terrasse, hier soir,
enfin, je veux dire, ce lundi soir. Nous avons communiqué en allemand, j'adore, mais j'ai quand même beaucoup de mal, il faudrait vivre un temps à Berlin pour parler couramment. </div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
(Retour au) <b>Trente-cinquième jour</b>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je n'ai pas changé de caractère, je
crois que je vis les événements, ou plutôt cette suite de
non-événements qu'est la fin de ce voyage, de façon plus
naturelle, plus habituelle. Ce qui est un des buts du voyage,
paradoxalement. S'étonner d'un endroit, se dépayser, avec pourtant
l'ambition de l'apprivoiser. Quand je quitte l'hôtel, matin, je
salue Kabir le gérant de nuit avec la brume du sommeil qui lui
voile les yeux, et non point le regard, j'offre un joyeux bonjour à
Kabir le menuisier, né, comme l'autre, le jour de l'Aïd, puis
Mohammed, qui n'est que sourire, Saïd, mon poteau, et aussi le
musicien qui joue si bien de l'Oud, et encore une jeune femme, quand
je l'aperçois sur le seuil de sa maison, charmante voisine voilée
de mon copain marchand de tapis.
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-69660714241171949362013-01-26T12:20:00.002+01:002013-01-26T12:20:47.162+01:00Essaouira plage<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEaTnWAKbk7clpoWg4ZFErU5zokkfIYtIssQv90juhrB-enLJUvw68_vDhb7HsFCBAd-6wUB6bfImlMzioliLgQKp1QQ4M0qaCnyS16cJMFuAgcIFtm1x0Z2Gcfd3Hwn2EyCmnFWWGsOo/s1600/Maroc+2012+461.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjEaTnWAKbk7clpoWg4ZFErU5zokkfIYtIssQv90juhrB-enLJUvw68_vDhb7HsFCBAd-6wUB6bfImlMzioliLgQKp1QQ4M0qaCnyS16cJMFuAgcIFtm1x0Z2Gcfd3Hwn2EyCmnFWWGsOo/s320/Maroc+2012+461.JPG" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.blogger.com/video.g?token=AD6v5dwKi1zYmyo0z4kXdF1GaaUK_yPVZzzg-fQrLWyZICuL9q1G7SRVnMT0SOtKbCgExEJ66MdCJxFWFOIlDHi6' class='b-hbp-video b-uploaded' frameborder='0'></iframe></div>
<br />Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-31154396739645150.post-7964899361212014772013-01-24T11:31:00.001+01:002013-01-28T22:15:59.965+01:00Mes carnets du Maroc (58)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyTHJyaifgdJ-2Gyax2hyphenhyphenTBwOPOJWJ-Q1MA5qxtoNpXma-P0bDZVRiLdVwFq42ykD5IshdgfpUej5e6McAxNec6nh47vXCUcXvlvofRkhcl1DPwZWzXZIgWVq25OVczhTWnHhpKgNfTSI/s1600/Maroc+2012+416.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyTHJyaifgdJ-2Gyax2hyphenhyphenTBwOPOJWJ-Q1MA5qxtoNpXma-P0bDZVRiLdVwFq42ykD5IshdgfpUej5e6McAxNec6nh47vXCUcXvlvofRkhcl1DPwZWzXZIgWVq25OVczhTWnHhpKgNfTSI/s320/Maroc+2012+416.JPG" width="320" /></a></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-quatrième jour</b>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
J'ai écrit un petit mot pour Martine
et Pascal. Mais qui sont donc ces gens. Deux Lyonnais, me dit-on. Qui
ont envoyé des objets à des jeunes hommes du désert. « Bonjour,
tu es Français ? De quelle tribu ? » Brahim et
Jamel, que je sois de Lyon, cela semble les éclater. « Comme
nos amis ! ». Martine et Pascal leur a envoyé des objets,
je ne sais quoi, peut-être des médicaments, ils cherchaient à les
remercier et ne savaient pas écrire. J'ai donc, sous la dictée de
Brahim, écrit, une lettre à ce couple de Lyonnais, pendant que le
très charmant garçon me déballait toute une partie de sa
marchandise. Oui de sa marchandise, au sens propre. Pendant que Jamel
faisait le thé. Très heureux de la lettre, ils m'invitent ensuite à
une fête, ils y joueront de la musique et boiront bière et mahia
jusqu'à plus soif. « J'aime beaucoup ton t-shirt, si tu veux
le troc ? » « Ou si tu as paracétamol ».
Alors pour les médicaments, j'ai promis de regarder, je dois en
avoir dans ma trousse de toilette. Pour la mahia, j'ai été tenté,
mais, Brahim, est-ce que je n'aurais pas la tentation de te sauter
dessus, sous l'effet désinhibant de l'alcool de figue locale. C'est
un risque que je ne veux pas prendre.<br />
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-quatrième jour</b>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Je n'arrive pas à lâcher ce petit
vendeur de plein de trucs, et notamment des tapis. Saïd est un bien
triste Monsieur, très seul, peu estimé, ce me semble, dans sa rue
et son quartier. Les touristes achètent parfois chez lui, mais
souvent, de son propre aveu, par compassion. Je suis d'ailleurs en
train de réfléchir à l'achat de deux ou trois tapis, ce qui me
mènerait un peu loin, au niveau des dépenses, mais voilà, je me
dis que je dois des petits cadeaux à ma mère, à ma soeur, et je me
verrais bien aussi employer un tapis pour tête de lit, chez moi,
pour me changer de ce mur froid (et moche). Pourtant, Saïd est plein
de ressources, vraiment pas bête, au courant à peu près de la
marche du monde, grâce à la télé, grâce à son sens du contact,
discret et amical. Un bonhomme, je crois, Saïd. Il m'emmène faire
des courses, les souks où il navigue sans la plus petite hésitation
– mais le contraire eu été surprenant, n'est-ce pas. Puis nous
passons dans son café berbère, plus animé que la dernière fois,
peuplé de vieux, de petits garçons et de jeunes hommes. Hichem, le
plus désirable de tous, et de très loin, est l'homme à tout faire,
ici, et par exemple, c'est à lui que Saïd confie nos courses.
Ensuite nous allons boire une bière, achetée dans un boui-boui
suragité. Un des rares à vendre de la l'alcool, probablement le
seul, en fait, à des kilomètres, et nous y allons au moment de la
cohue de fermeture. Des petits taxis larguent leur clientèle devant
la porte, un jeune homme costaud règle la queue devant le magasin,
sauf qu'à l'intérieur, c'est encore la guerre pour s'imposer et
commander. Saïd a cette force, il ne se fait pas remarquer, sitôt
entré, il se faufile et réussit à commander, deux pils. Que nous
allons siroter dans un jardin au pied du rempart, un endroit
sympathique et calme, envahi de poubelles. Nos canettes et sacs
plastiques vont d'ailleurs s'ajouter à ce grand n'importe quoi, Saïd
m'assurant que « quelqu'un va ramasser », ce qui n'est
pas le plus probable, mais je me satisfais de cette réponse. De
toute façon, je ne connais pas de poubelle à Essaouira, et même
nulle part au Maroc. Où suis-je tombé sur des poubelles publiques,
j'ai l'image de poubelles, quelque part... peut-être à Marrakech.
Je n'ai jamais su quoi faire de mes emballages, détritus, je me suis
fais des sacs plastiques que j'ai laissé, chaque fois, dans ma
chambre d'hôtel en partant. Avec Saïd, nous sommes donc retournés
au café berbère, ou nous avons bu un thé fumé, je n'aime
décidément pas, en attendant le tajine concocté par Hichem. Et ce
Tajine est sans doute le meilleur que j'ai mangé, à égalité avec
celui de Khadija. Un truc que j'ignorais, c'est que ce plat se
déguste sans couvert, tu ramasses la nourriture avec le pain, et
shloumpf, le tout dans la bouche. Patates, zitounes, poulet, oignons,
tomates persil, mélange d'épices signé de l'épicier du souk :
mélange poulet, puisque les épices, ici, ne sont pas des variables
à la disposition créative des cuistots, ils sont immuables et
maîtrisé à la perfection par les épiciers. Nous avons donc mangé
ici, en matant un film que j'avais déjà vu et que du coup j'ai
compris, une histoire de fin du monde avec Nicolas Cage. J'ai payé
20 dh à Hichem, 15 dh le poulet, le reste c'est Saïd, dans les 15
dh aussi. 50 dh pour deux, un tajine excellent et généreux, un thé,
et la vision merveilleuse du cuistot. Record battu, et d'assez loin.
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
<b>Trente-cinquième jour</b>
</div>
<div style="margin-bottom: 0cm;">
Mardi matin à Essaouira. Jeudi,
Marrakech, Vendredi, Lyon. Hier, au moment de se coucher, m'est venu
sans prévenir cette réflexion, « c'était un beau voyage ».
C'est une façon, je crois, de commencer la digestion. De chercher
une conclusion heureuse.
</div>
Ouam-Chottehttp://www.blogger.com/profile/10907671202851520039noreply@blogger.com0