jeudi 30 avril 2009

jeudi 23 avril 2009

Dark Tophe

Christophe avait ce petit air
Hésitant ce sourire
Et complice pourtant

En boîte, le compliment :
« Salaud !
- Quoi ?
- Qu’est-ce que tu danses bien ! »

Christophe, je ne serai pas à ton enterrement.

Depuis Lyon, nous sommes allés ensemble au mariage de notre copain Eric. Tu conduisais vite, sans avoir l’air d’en éprouver quelque souci. D’ailleurs… J’en souris, mon Christophe. Nous avions rendez-vous, comme il se doit, dans une église aux environs d’Annemasse, mais nous étions à nos retrouvailles, nous avions beaucoup d’histoires à nous raconter. Nous commencions cette journée ensoleillée par des confidences, des souvenirs, des rires. Et soudain nous étions à Dôle.

Avec Eric, nous étions tous trois inséparables au Lycée.

Tu es dans la même classe que moi, ouf. Nous venons de redoubler, nous redoutions d’être séparés. Eric, lui, avait été mis dans une autre seconde. Toi et moi, nous nous sommes mis à côté l’un de l’autre, tout devant, ce premier jour, avec la ferme résolution de se mettre au boulot, d’être sérieux. Cela ne dura que quelques minutes. Toc toc toc, un élève se montre.
« Entrez »
Je souris, tu souris, je me souviens avec exactitude de ton sourire large, pas loin d’éclater en un rire franc. C’est Eric, à moitié débraillé, brandissant un papier, tenant son sac, qui s’adresse à notre professeur principal :
« Euh ils se sont trompés, en fait je devais être dans cette classe »
Le cours suivant, bien sûr, nous étions au fond de la salle.

Mes amis de droite. Un de moins pour Sarko, déjà ça de gagné. Un de moins pour moi, aussi.

Une crise cardiaque. 37 ans, une crise cardiaque. Tu fumais, je ne me souviens plus ? Je ne crois pas. Chez ta mère, je dis ta mère parce que ton père était mort l’année dernière. Chez ta mère, tu taillais les haies. Tu t’es senti fatigué.

Tu étais Dark Krist.

Christophe ne riait pas souvent, je veux dire le grand éclat de rire. Il était pourtant très drôle, qu’est-ce que nous avons rit. Eric, Roland, Ouam, nous riions à nous faire mal, nous faisions du bruit, Christophe, lui, ne montrait pas grand-chose, il pouvait pourtant en ajouter une couche, appuyer là où ça fait rire, son visage était hilare. Il riait dedans.

Eric m’a promis de te faire un petit coucou. Tout à l’heure, à seize heures, dans le cimetière de Parcieu.

Avec Eric, nous nous sommes parlé au téléphone, à cause de Christophe. Nous avons envie de nous revoir et Roland aussi. Nous penserons à lui, c’est sûr. Nous nous moquerons, il n’est plus là pour se défendre. C'est sûr, nous rirons bien et fort.

mardi 21 avril 2009

Le Film Porno

A télécharger chez Leo Scheer, le Film Porno, texte lu à la MAPRA, Maison des Arts Plastiques Rhône-Alpes le 3 avril dernier.

lundi 20 avril 2009

Ne cesse

Il rampe sans tête un désir si profond

Syncopé dans la boue bouillonnant à l’envers

Que – plaisir sans nom – il me tire et m’embête

Et se perd. Sillonnant jusqu’au bout Mon désir

Ne cesse

jeudi 16 avril 2009

BOYCOTT AMAZON

Allez donc voir ce que je lis avec stupeur chez Passouline. Amazon, plus grand libraire de la planète, a un temps mis la littérature gay et lesbienne, ainsi que les livres écrits par des homosexuels, au ban. C'est le tollé organisé par les blogueurs US qui est parvenu à influer sur leur décision inique.

Quoiqu'il en soit, c'est la preuve que nous devons toujours être vigilants, boycott Amazon ! Boycott Amazon !

lundi 13 avril 2009

Ach Paris (premier jour)

Qu’une âme tuméfiée geigne dans l’ombre ou la splendeur des jardins, des châteaux, les rues de Paris ne s’en souciaient guère. "La vie est tellement dure" me confiait, ingénue, pas tant que ça, mon amie, compagne de voyage. Egoïste, enchanté, le cœur puisant peut-être aux sources de ce malheur (étranger, mais qui avait crevé la nuit ce matin comme une aiguille), la force de son plaisir, de sa joie momentanée, je me suis promené, ces deux jours, à Paris.


Paris n’est pas tout à fait indifférente, elle accueille, elle berce, elle enveloppe. Elle digère.


Samedi un soleil blanc dégueulait sur le trottoir désert et les boutiques prétentieuses des Champs Elysées. Georges V, nous prenions le temps d’un petit tour dans le coin et d’une pause extasiée devant l’architecture béton d’une superbe Caisse d’Epargne. Les cafés étaient vides, les terrasses chauffées. Nous nous y attardâmes une minute avant de s'engouffrer dans l'ombre du cinéma Biarritz Elysée, où mon amie réalisatrice, si talentueuse, présentait son dernier film. Ressortant une heure plus tard à la lumière, nous discutâmes au bord d'un énième expresso, puis je la quittai. Rendez-vous demain dimanche. Je remontai l’avenue fameuse parmi le flot de chinois et de japonais, d’arabes en treillis et lunettes fumées, d’occidentaux en costume, Etoile. Ligne 4, un jeune homme charmant me fit une charmante conversation. Mais c’est lui que j’allais voir et j’en éprouvais, je l’avoue, quelque hâte. Je n’avais jamais encore pu lui rendre cette visite, dans son petit appartement de la rue du Château d’Eau, dans le 10ème arrondissement. Il y habitait pourtant depuis 4 ans. M’avait fait l’honneur de quelques cuites, à Lyon, et c’est curieux. Qu’un amour aussi dense, ce noyau qui semblait toujours plus dur, en moi, cet amour fou. Que cet amour-là put disparaître soudain ou, plus exactement, passer le rideau des souvenirs, sans bruit, sans drame. Ce soir, nous allions boire de concert, comme deux camarades, deux vieux amis. Dans le plaisir serein des retrouvailles.

vendredi 10 avril 2009

Tout un silence

Valérie Sourdieux m'avait fait le plaisir, et l'honneur, de me faire lire son superbe manuscrit cet hiver. Aujourd'hui, elle le montre à tout le monde, sur le site de Léo Scheer.

Tout un silence est un des plus beaux textes que j'ai lu cette année.

jeudi 9 avril 2009

Affaire Patrick Mohr : Justice nulle part

La Tribune de G'nève nous informe que le théâtreux suisse dont les réactions citoyennes, l'année dernière à Avignon, lui avait valut de faire l'objet de violences policières caractérisées, a été... condamné par la justice française.

mardi 7 avril 2009

Deuil (5)

Deuil (1), Deuil (2), Deuil (3), Deuil (4)

Madame la commissaire, je connais la victime. J’ai parlé avec elle, la veille, et puis tellement souvent. On se parlait tellement souvent. Toujours des idées à échanger, ou des mots.


Je ne veux pas dire que nous avions des mots. Nous n’étions pas d’accord sur tout. Nous faisions connaissance. Si on veut. Depuis longtemps, depuis que nous nous sommes rencontrés. Il y a des gens comme ça, vous ne trouvez pas. On ne sait jamais qui ils sont vraiment et on creuse, on ne fait que ça, c’est passionnant. C’est bandant, si je puis me permettre.


Mon amant, non. Que voulez-vous savoir ? Il me faut faire mon deuil, Madame la commissaire. Je dois voir le corps. Son corps.


Si je peux le reconnaître ? Si je l’ai déjà vu nu ? Je l’ai imaginé. Jamais gris. Le corps sans tête.