mercredi 23 décembre 2009

Pretty vacant ?

Mamie, tu vois, n'a pas toujours été vieille. Et le sexe, garçon, elle sait ce que c'est, enfin quoi, elle en a tant rêvé.

lundi 21 décembre 2009

La dame


C’est une petite dame qui s’occupe des enfants des autres. Qui va les chercher à l’école, les fait goûter sur la table de sa cuisine avant de déballer le cartable, de faire les devoirs. Une vieille dame gentille, aromatisée à la bergamote et au petit brun. Qu’on abandonne peu à peu. Des jours où elle se sent si seule, la voilà qui tchatte avec des hommes de son âge, des plus jeunes, aussi, mais cela fait un moment qu’elle ne se fait plus d’illusion.

Les hommes aiment le sexe.

vendredi 18 décembre 2009

Bull eye, Dubaï, L'avenue des grandes tours (7)




Cela peut paraître presque avant-gardiste, cette métropole moderne, et c'est vrai que l'architecture de verre et de béton, les hauteurs hallucinantes atteintes par les tours de Dubaï (Burj Dubaï est haute exactement de 818 m), la qualité évidente de certains ouvrages, sont fascinantes, bouleversantes. Le sentiment d'être à l'endroit ou l'on construit les Pyramides, ou le château de Versailles, avec ce que cela comporte de grandiose, de vanité, d'exploitation. Mais Dubaï est pensée pour l'automobile, dans une société ultra dépensière, qui n'économise jamais le moindre mètre cube de pétrole. C'est une mélancolie arabe, le début d'un poème arabe, et c'est peut-être la proximité du désert de sable... j'ai quant à moi toujours eu à l'esprit, pendant ma promenade asiatique, la prescience des ruines magnifiques que seront ces tours. Dubaï est-elle déjà une ville du passé ?

jeudi 17 décembre 2009

Bourge Dubaï (suite)

Outre les balades dans le désert, il n’y a pas grand’ chose à faire à Dubaï. Si, les courses. Les Mauls ici rivalisent de gigantisme, les boutiques occidentales succèdent aux boutiques occidentales, tu comprends instantanément le capitalisme mondialisé. Ah oui, et tu vas faire un peu de ski dans le plus gros frigo du monde. Tu frimes un peu, sur la piste, qui n’est pas si ridicule que cela, une bleue, je dirais. Tu lis avec ébahissement le slogan de Shell, en plein milieu de la piste, visible depuis le téléski. Il fait 28 degrés dehors, c’est l’hiver, il fait plutôt 45 pendant l’été, et 3 degrés en permanence dans le frigo. Shell préserve l’environnement (en substance et en anglais). Bon puis tu vas lécher quelques vitrines, coutume locale. Ça circule bien, dans les longues avenues claires de l’un des plus grands centres commerciaux du monde. J’ai pu lire que les minijupes côtoyaient les abayas noirs (les voiles), ce n’est qu’un raccourci de journaliste. Disons que les occidentaux sont habillés comme des occidentaux et, chose remarquable, exploit presque sportif, croisent et ne rencontrent jamais les autochtones. Les abayas noirs sont de magnifiques étoffes aux plis délicats, brodées de discrets motifs dorés, et les jeunes femmes ont des chaussures éclatantes, scintillantes, même, pas du tout assorties, qui dépassent, régulièrement, de l’ombre où elles se cachent. Les garçons pourraient être jolis, sous leur robe, mais il vaut peut-être mieux éviter de les regarder avec trop d’insistance. L’homosexualité, à Dubaï, n’est pas un délit, c’est un crime. Avant de prendre l’avion, tu as entendu parler de ce garçon de 15 ans, violé par deux émiraties et qui a failli être emprisonné pour homosexualité. Un scandale, le médecin arabe, puis les policiers, ont cherché à faire avouer au gamin qu’il était homo, ce qui en aurait fait le principal prévenu au procès qui allait suivre. Bon alors, si tu vas à H et M ou chez Dior Homme, ne compte pas sur le vendeur efféminé pour te dire si ça te va bien, et puis en plus, les prix sont à peu près les mêmes qu’en France, donc, on va laisser tomber les achats de vêtement. Ah sinon, il y a les boutiques de tissus arabes, les luminaires marocains, les meubles en bois précieux, de jolis objets, mais il faut avoir les moyens, c’est toujours pareil. En faits, les bons moments de ta journée, ce sont le petit tour à la plage ou tu ne fais surtout aucun bisou ni à ta femme ni à ton mec, c’est indécent si tu es hétéro, passible d’emprisonnement si tu es homo, mais l’eau est bonne, claire, bleue. Le paysage lointain, dans un brouillard de soleil blême, est une plantation de tours, et Burj Al Arab, l’hallucinant hôtel, symbole de Dubaï, semble déployer sa grand’ voile sur l’eau calme du golfe. Et puis, tu reprends le 4x4, puisque tout se fait en automobile, tu moques les imitations d’immeubles occidentaux, qu’on dirait en carton pâte, tu vomis les espèces de HLM pourris qui fleurissent, notamment sur l’île artificielle de la Palme, Jumeirah, et tu t’ébaudis de ces tours immenses, magnifiques, qui bordent l’avenue principale de la ville.

(Le jugement depuis a eu lieu, les deux violeurs, dont l’un était séropositif, ont été condamnés à 15 ans. La famille n’est pas contente, pour elle, ce n’est pas assez, elle a fait appel, car si le môme n’a pas contracté le virus, il « aurait pu ». Sur ce coup-là, la famille devrait montrer un peu de mesure, les deux hommes risquent la peine de mort.)


ort.

lundi 14 décembre 2009

samedi 12 décembre 2009

Bull eye, Dubaï, Danse du Ventre (5)



On n'imagine pas la honte qu'éprouve Ouam-Chotte ici au bord de ce tapis. Ou alors on l'imagine, lui, caché derrière son appareil photo, et ce n'est pas aussi drôle qu'on le voudrait.

vendredi 11 décembre 2009

Bourge Dubaï (suite)

« Tu vois on parle de pouvoir d’achat, en France. Eh bien, me confie un expate humaniste, si l’on pouvait payer une jeune pakistanaise à faire le ménage, à s’occuper des enfants, à préparer les repas… au même prix qu’à Dubaï, il y a beaucoup de familles françaises qui en seraient bien soulagées. »

Et le même expate ajoute, devant mon ébahissement :

« En plus, trois cents euros mensuels, pour ces femmes, cela représente beaucoup d’argent, on les loge, hein, parce que quand même on n’est pas des sauvages, et du coup elles peuvent envoyer une bonne part de leur salaire à leurs familles restées au pays. »

mercredi 9 décembre 2009

Bourge Dubaï (suite)

Les expates habitent des quartiers clos. Leurs maisons blanches se recroquevillent autour de jardinets fleuris et d’une piscine qui, me dit-on, n’est pas utilisable l’été, tant il fait chaud. Le petit déjeunée sera classieux, n’en doute pas. Brunch, à l’anglaise, car Dubaï n’est autre qu’une colonie anglaise, il n’y a pas d’autre mot, et les commerces, regroupés en Malls, sont tous occidentaux. Carrouf, plein d’enseignes françaises, Paul pour le pain, Pimkie pour les putes, et des marques anglaises en veux-tu en voilà, par exemple, le petit super marché le plus proche qui ne vend que de la bouffe anglaise – pas toujours aussi dégueu, d’ailleurs, qu’on pourrait le croire. Les émiraties, dans leurs longs pyjamas blancs, lunettes noires, se comportent comme des colons, pleins de morgue, ils sortent de leurs immenses bagnoles, suivis, à quelques mètres, de leur bonne femme, des mômes et des servantes serviles à la peau noire. Celles-ci portent les courses et, surtout, ferment gentiment leur bouche, avec le sourire. Ce qui est frappant, outre la nauséeuse démarche de ces esclavagistes et leur racisme assumé, c’est leur absence totale de fierté, leur soumission au modèle économique européen et, en particulier, anglais. Même entre eux, tu peux le constater, les arabes d’ici ne parlent plus leur langue. Heureusement, cinq fois par jour, le chant du muezzin, amplifié par les plus parfaites sonos du monde, rappelle au touriste où il se trouve.

dimanche 6 décembre 2009

Bourge Dubaï

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L’aeroport de Dubaï est remarquable, immense, et la foule est dense. Des Anglais, des Arabes, des hommes d’affaire, des touristes. Une famille marseillaise qui profite d’une seconde d’inattention pour te doubler dans la queue. Derrière les vitres blindées, les emplois administratifs sont occupés par des arabes, des hommes barbus, en robe blanche, beaucoup de femmes, voilées de noir. Il vaut mieux profiter du bref échange avec eux, parce que tu ne parleras pas avec beaucoup d’émiraties pendant ton séjour, à moins que tu n’aies quelque chose de cher à leur vendre. D’ailleurs, à la douane, ils te parlent peu, avec un bien meilleur anglais que le tien, enfin que le mien, ils hochent la tête. Soupirent. Te mate un instant avec suspicion. Ouate dou you dou in Dubaï, biznèce or tourisme ? Et ciao, tu es dehors, juste après la boutique de vin en duty free. Les français de Dubaï, normalement, auront pensé à te demander d’acheter un maximum de bouteilles au passage, alors tu te traînes les flacons commandés, ta valise et, bon dieu, ton intense curiosité.
La chaleur te plait pas mal, tu sors de ton hiver européen et là il fait 27 degrés à l’ombre. Le real Madrid est en visite dans le coin, et puis Chelsea, le Milan AC, Manchester United, Barcelone… c’est obligé, parce que sur le parking, tu ne dénombres pas une clio, pas une smart. Quant aux 4x4 BMW, Mercedes, aux Jaguars, impossible d'en faire le compte. Il y a deux ou trois Ferrari, tout de même. Et pour toi, un gros Toyota de location, avec ton hôte dedans.
Première visite. Je te préviens, tu en prends plein les yeux, dans ce désert, les arabes n’ont pas fait pousser de céréales, pas trop, ne se sont pas non plus spécialisés dans la culture du riz. Dubaï est un gigantesque champ de grues.

vendredi 4 décembre 2009

Bull eye, Dubaï, Bourge Dubaï (2)



Aujourd'hui, Burj Dubaï ("Fierté de Dubaï") est haute de près de 800 mètres, à l'époque, seulement 550.

mardi 1 décembre 2009

Le peuple de l'herbe, Le peuple, de l'herbe

Concert Vendredi soir aux Subsistances, aller, celui-là, je l’ai vu – et entendu, j’essaie d’en parler, l’exercice n’est pas habituel pour ouam. Le peuple de l’herbe se produit pour un public restreint, je suis invité et je connais ma chance. Leur nouvel album, Tilt, sort maintenant. Et c’est bien toujours le peuple, avec, depuis le dernier album déjà, une basse plus présente, plus grosse. Spagg est en fond de scène, tantôt stoïque, ironique, il donne un son hard core, mais pas si méchant, faut pas croire, cet homme est un doux. Il est aligné sur le batteur, Psychostick, à l’origine, peut-être, du métissage rock de la formation hip hopienne, et qu’on trouverait, lui, presque discret, tant le spectacle des toasters est ébouriffant. Je les avais aperçus aux Nuits Sonores, il y a deux ou trois ans, ou quatre, je ne sais combien de milliers de personnes, alors, hurlaient leur plaisir. Cette nuit-là, j’étais parti avant la fin, j’avais cru étouffer. Ce groupe, c’est de l’énergie. N’Zeng, Sir Jean, JC 001 se passent le mot, de morceau en morceau, interpelant le peuple, je veux dire les spectateurs, les bras levés comme pour soutenir une clameur : « Le peuple, de l’herbe, le peuple, de l’herbe… » N’Zeng joue ses airs lents de trompette, habille de jazz les grandioses mappes de son que sait distiller l'excellent DJ Pee, la machine à tubes fonctionne à plein et, merde, quand même, il y a de beaux garçons sur cette scène, faudra que quelqu'un le dise - ben tiens, Ouam, j'ose. Et ça remue, faut me croire, le public réagit au quart de seconde, jouit, gueule, danse, applaudit. On va entendre Tilt partout, cet hiver, je m’en réjouis, et puis j’irais écouter plein d’autres trucs.

jeudi 19 novembre 2009

Oxbow, vie de merde

Il est retrouvé sur son trône, la porte grande ouverte. Le rouleau de papier toilette, accroché au mur de droite, est évidé. Ça lui caresse les fesses tellement il a jeté du papier toilette sous lui. Il ne dit rien, respire à peine. Sur le mur de gauche, l’affiche d’Oxbow baille sous sa tête penchée. Un carnet est retrouvé à deux mètres de lui, ouvert, froissé, déchiré. Vide. Quelqu’un décide de le rhabiller. Quelqu’un fait un café pour tout le monde. Quand on aura tiré la chasse d’eau, on remarquera le stylo feutre et même une feuille arrachée au carnet, illisible, flottant comme deux petites merdes un peu dures, entre deux eaux. Les voix humaines ne semblent pas lui parvenir. Son regard est fixe, las. Quelqu’un relève son pantalon, un autre le saisi par les aisselles, il est lourd, on range son sexe. On discute, on essaie de savoir ce qui s’est passé. On le porte jusqu’au salon. Qu’est-ce qui s’est passé ? Quelqu’un demande s’il faut refaire du café. Rien, merde.

Le fantôme dans le métro

mardi 17 novembre 2009

Tout seul

Tu vis tout seul, tu as des amis, beaucoup, ta femme te fait l’amour et tes enfants te sautent dessus, le soir, lorsque tu rentres du boulot. Tes collègues au bureau t’invitent à dîner, te savent aimables. Tu ne te laisses jamais déborder, tu n’acceptes pas qu’on s’installe à proximité, ce n’est pas faute d’aimer, je crois, mais voilà. Tu ne veux pas être débordé, c’est comme si tu te noyais dans l’autre, tu fais des gestes fous, tu souffles, tu cherches à remonter à la surface, à te libérer de l’autre. Tu es violent. Tu donnes le sentiment d’être violent et ta femme a peur de ça. J’ai peur de ça. Tu vas coucher les enfants et après tu bois ton café, mais tout ne se passe pas toujours comme tu veux, un enfant se lève, réclame un verre d’eau, ta femme te demande de l’aider, ou alors c’est un pote qui appelle, alors que toi, tu bois ton café. Je t’appelle. Tu ne réponds pas.

dimanche 15 novembre 2009

Burning Heads, Winter Family, Foire aux skis.

"Ca te dit on boit un coup tout à l'heure je t'appelle"

Oui ça me dit alors je dis oui. J'étais en train de me fringuer pour sortir un peu, fait froid mais bon. Je voulais aller à la foire aux skis, dans un magasin à côté. Maintenant j'hésite un peu plus, je fais un brin de ménage, je me dis que c'est aussi bien, que, de toute façon, il fallait ranger mon bureau. J'attends son coup de fil et il vient. Je veux dire, le coup de fil vient.

"Ah excuse-moi, je sors de la sieste, là, et j'ai ma copine qui m'a appelé, je vais la voir. Ce n'est pas grave, tu ne m'en veux pas ?"

Oui je lui en veux alors je dis non, bien sûr, c’est normal, va voir ta connasse, enfin ta copine, je crois que j’ai dit copine. Je vais à la foire aux skis, il n’y a plus qu’une paire de skating, je n’ai pas l’impression qu’elle est d’un super niveau, et à 50 euros, plus les chaussures à, disons, 150 euros, non, pour cette somme, je peux en louer beaucoup des équipements et de meilleure qualité. Ce qui m’a plombé quand même, c’est cette constance bizarre de ma semaine. Vendredi, j’attends toute la soirée au bar une copine qui ne vient pas. Je l’appelle, pour lui rappeler qu’on doit aller au concert des Burning Heads au Clacson, à Oullins, que c’est elle qui a le permis de conduire et la voiture, elle me raccroche au nez avant même que l’on puisse échanger un mot. Ensuite elle me lance un texto « je suis au concert ». Je réponds « va te faire foutre ». Elle : « t’avais qu’à appeler ». Ok. Je vais jusqu’à la neuvième bière, je crois, et je vais me coucher en grommelant. Le lendemain, je ne veux rien dire, mais j’avais un super plan cul, auquel je renonce de bon cœur. Un pote vient de Paris, je suis content de le voir. Je lui propose Winter Family, au Sonic, à Perrache, il me dit que non, qu’il préfère mon bar où je vais tout le temps, qu’il est là pour me voir et qu’un concert il pense que ce n’est pas propice, on ne se voit pas si souvent, et puis d’abord il n’a pas très envie d’écouter de la musique. Ok, ok, buvons des bières. Pendant ce temps, il échange quelques textos avec eh bien je ne sais qui, enfin, j’ai vite compris. A 23 heures pétantes il se casse. Chez une copine, qui habite à deux minutes. Quant à Ouam, il va jusqu’à la douzième bière, avec un compère de circonstance, un comédien, angliche, mais sympa. Le matin, j’ai un message sur mon répondeur, il faut que je répète à sa mère, au cas où je la rencontre dans la rue, si elle appelle, qui sait, qu’il a couché chez moi. Ce qu’il a toujours refusé ce salopard de merde.

vendredi 13 novembre 2009

Un petit texte pour l'oeil chez Léo

Cher fidèles et moins fidèles lecteurs,
je vous invite à télécharger ce petit texte de trois pages intitulé
Ouvrir l'œil.
Vous m'en direz des nouvelles.

mercredi 11 novembre 2009

Le Voyage (suite)

Surtout quelles odeurs a ce monde. Un fumet à l’image. Les hommes puent. Leurs ruelles empestent. Leurs usines, leurs automobiles. Les hommes suintent, suent, la chair s’avachit, chute, s’éteint, s’habille. Ça pue sous les immeubles de verre ou dans les troquets, dans les prisons ou les écoles. Le Dojo pue. Le jeune moine acidulé, l’enfant ensommeillé, la maraîchère impudique, le marchand de désert. Les hommes sont particules ou bactéries, pourritures. Les hommes pourrissent, sous le ciel, sous les turbans, sous les jupes. Ton odeur est ma maison.

mardi 10 novembre 2009

Une photographie de la chute du mur

J’ai un petit garçon gras la joue collée à la vitre arrière. Un couché de soleil, la route ronronnant sous lui, il s’arrime au sommeil. J’ai ce petit garçon, je peux dire que je suis amoureux de ce petit. Il est en train de se lover dans son rêve. Que rêve-t-il.

Je dois faire de la politique, je dois faire un discours, un grand discours, avec de la belle langue, je jure que je ferais tomber le mur, je veux que la chute du mur soit aussi la disparition des frontières. La France, Mesdames et Messieurs, ne dois plus avoir peur de l’Allemagne, nos peuples sont frères et, d’ailleurs, je propose que la langue allemande soit obligatoire dans toutes les écoles de France et, en contrepartie, le français dans toutes les écoles de la future Allemagne réunifiée.

Puis je ne sais plus bien quels arguments imparables ce petit garçon jetait dans la foule admirative pour satisfaire son fantasme de puissance. La force de son discours s’imposait au monde. Aux américains, aux russes, qui, chacun, pliaient bagages.

J'ai ce petit garçon, il rentre de vacances, il va faire nuit et peut-être, bientôt, la radio diffusera Le masque et la plume, ça va s'engueuler. Il s'écrase dans le sommeil et sur la vitre froide, plus si froide. La belle langue lui inspire de doux rêves.

vendredi 6 novembre 2009

Pornographie à l'iranienne


(un gamin) : "Je t'aime"
(l'autre) : "Moi aussi"
(l'homme à la cagoule verte) : "Tu la sens bien là"
(l'homme à la cagoule bleue) : "Mais vos gueules"

lundi 2 novembre 2009

Le concert d'Electric Electric

(Hazam)

Ouam t'étais où hier espèce d'enfoiré ?


(Ouam)

oh putain j'ai été nul, j'ai cru que j'allais pouvoir embarquer du monde au Sonic alors pour ça je suis allé au Café fait sa broc, enfin je dis ça mais il fallait que j'y aille, récupérer mon panier de trucs bio qui me sert un peu trop souvent de composte, soit dit en passant, bref, alors, je me pointe au broc' et là, qu'est ce que je fais, je bois une bière, puis deux. Coralina me dit ah ouais, peut-être, c'est quoi Electric Electric, je lui dis c'est de la disco pour danser et tout et tout, hu hu, elle ne m'a pas trop cru parce que je lui ai dit en plus y'aura le Haz, bon. Puis elle dit mon mec il bosse encore, il va arriver, après on décidera, moi, ni une ni deux, je bois une seconde bière, offerte par Zingo, très alerte le Zingo, en ce moment. Puis une troisième et c'est là, ou alors non, à la quatrième bière que Xav' arrive, je lui dis ça te branche le Sonic, il me répond, attend, je bois une bière. Là ça devient critique, j'attaque une cinquième bière et je commence à avoir les résolutions qui ramollissent. Je tente une dernière fois, le Xav' n'a pas l'air chaud et la Coralina ben elle est bourrée.

J'ai payé ma tourne et j'ai pensé que j'avais été un peu nul, de ne pas être allé au Sonic.


(Coralina Picos)

bien résumé mec.


(Un certain Lionel)

Haha la vieille embuscade! Mais c'était tout prévu ça! Tu t'es fait avoir comme un bleu! ;)


(Ouam)

Ah ouais comme de la bleusaille militaire de base putain fait chier. Avant je suis allé au Bonheur des ogres, la librairie grande rue de Vaise à Vaise, même que j'ai failli me tromper en entrant chez Sacoches, une autre boutique dans la même rue mais qui ne vend aucun bouquin, des sacs, rien à voir. Ce soir-là, François Beaune venait papoter avec ses lecteurs, et c'est qu'il en a eu le bougre, des lecteurs, alors je me disais je vais me glisser discrétos dans la foule et ben non. Queue d'Al. Il y avait cinq ou six personnes quand j'ai pointé le nez, dont quatre de ma connaissance. Salut les mecs salut ouais, ouais. Comment ça roule, euh, j'arrive trop tard ou quoi. Alors j'ai eu des discussions sympas avec Fred Houdaer et Pierre Evrot, quelques échanges avec François qu'est beau putain et qui a trouvé mon caban bien classe. Puis donc. Alors euh, je suis parti au broc, en chemin j'ai laissé un ou deux messages à Coralina Picos.

La suite, tu la connais.


(Hazam)

tu devrais aller sur twitter voir si j'y suis et t'entrainer à laisser des commentaires moins longs


(Coralina Picos)

ouam il te laisse pas des commentaires, il t'écrit des bouquins.


(Hazam)

et en plus il est insomniaque, quelle idée


(Ouam)

Non mais c’était pour dire, quoi. Je serais bien allé au concert d'Electric Electric.


jeudi 22 octobre 2009

Sur le voyage

Si j’allonge mes pas, si je les multiplie, quel temps me donne-t-on, qui me le donne. Je marche et j’écris. Je créé. Je me construis le monde. Dans une ouverture des rêves – ici les règles de morale sont cassantes aussi bien qu’un schiste noir – les désirs s’épanouissent, éclatants tels d’absolus joyaux sur la peau.

La peau des pauvres luit de son sel et s’empourpre en giclant. Elle se marbre, s’illumine, puis, elle se fripe et grisonne et se creuse. Elle gonfle, parfois, elle se mouille, elle va tomber. Il n’y a pas de classe moyenne.

lundi 19 octobre 2009

Le voyage

Piocher dans la croûte, creuser la terre, tchac tchac, je creuse, je fouille, je veux savoir. Stop. Lécher lécher c’est du sel. Stop. Je veux savoir. Stop. J’ouvre. Stop. Le livre s’étale sous moi, je piétine le livre, j’ose. Stop. Je veux savoir. Stop. Qu’y plonger encore. Stop. La viande. Stop. Rouge. Stop. Des yeux m’enrobent. Stop. Un livre. Stop. Des yeux. Stop. Piocher dedans. Stop. Le voyage.

mercredi 14 octobre 2009

Deuil (6)

Deuil (1), Deuil (2), Deuil (3), Deuil (4), Deuil (5)

Je je je, toujours. Il m’enquiquine ce je.

Je ne jouis d’une joute – je joue, je jute – qu’en enjôleuse compagnie.

Je m’ennuie sans lui.

Lui, lui, lui. Une exaltation passagère, une tendresse pesant sur un corps abandonné, des lèvres molles, nu sur nu, pas photo, nid halitueux. Je cherche un corps. Je je je cherche un corps. Devant moi le spectaculaire alignement de garçons morts et qui ne sont pas lui. Un, deux, trois, quatre, cinq, six… sexes sortis. Puis au fonds, lui. Peut-être.

- C’est lui ?

Je je je. Ne sais pas, madame la commissaire. Je voudrais qu’il soit. Lui. Mais confiant, souriant, aussi. Madame la commissaire, où est son visage, avez-vous retrouvé son visage ?

mercredi 7 octobre 2009

Devinette

« Tu es un animal ?

– Tu es froid

– Tu es un homme ?

– Tu tiédis

– Tu es une femme ?

– Froid

– Un mâle, quoi

– Oui »

Entre l’homme et l’animal ?

« Tu es un animal politique

– Brrrr c’est le pôle nord ici

– Un… Personnage dans un conte de fée ?

– Tu te réchauffes

– Un prince ? »

Charmant, souverain, sublime et aérien, le prince au tendre pied.

(Texte parut dans le Mercure Liquide n°10)

mercredi 30 septembre 2009

Un poème porno

Je te veux nu débordant d’amertume et la bave asséchée

Je te veux humilié sans vertu sans sourire et le cul galbé offert

Je te veux empalé

Je te veux sur mon vît

Je te veux mort

Je te veux moi

Fondu en moi

Fondu de moi

Ton amour grandiloquent s’étouffant en prières

Grâce, grâce,

Tu demandes et ce faisant

Me lacère

Ramenant à toi, pour toi, ma chair

Grâce,

Tu me veux nu les forces qui me quittent

Tu me veux planté dans toi

Tu me veux pantois

Tu me veux mort

Tu me veux moi

Fondu en toi

Fondu de toi


Notre amour s’élevant dans l’air sure d’une chambre celée.

mardi 22 septembre 2009

Bières

Une dernière, une dernière, comme si ces deux mots pouvaient ne pas être définitivement inconciliables. Pas se fiche de ma gueule. Ah le doux oxymore. Je connais. Que personne ne me prenne pour un bleu, je connais l’engrenage. Une dernière, une derrière, et pas mal d’autres. C’est une question de logique. Celle que les copains appellent une dernière, c’est celle de la bascule, toujours, et paf, je fais la fermeture. C’est souvent la troisième, j’ai remarqué. Après la troisième, c’est pas de limite, c’est je me ruine. Le cantonnier, là, qui s’accroche à son verre comme à un manche à ballet, le nez bombé comme un pépin de poire, la peau lunaire, tâchée par le vin, son sourire, cratère hilare et jaune, n’est pas fin, et ses mains boudinées, sa gestuelle grossière agacent le voisinage. Un militaire en perdition, qui n’avait ja- ja- jamais navigué, titube entre deux tables au moment de payer, il n’a pas un rond ce débile, il a une gueule de débile ce militaire. Une tablée, au fond du rade, rit. J’y reconnais deux comédiennes charmantes, un peu prout prout, trop gentillettes à mon avis pour jouer les tragédiennes. Pauvres connes. Oui, pauvres connes, et ce n’est pas parce qu’elles sont connes, je tiens à dire, qu’il faut me traiter de misogyne. Je suis pédé ce n’est pas pareil. D’autant que leurs mecs, les deux beaux petits gars que je mate comme un garagiste, je veux dire comme un salaud alcoolique, n’ont pas l’air bien futés non plus. Pour eux, leur petite gueule, leur cul, et certainement d’autres trucs que je n’ai pas vus, j’ai peut-être quelque indulgence, mais c’est juste parce que je suis encore un poil trop benêt, je crois encore que je vais pouvoir, enfin, voyez, leur mettre. Je me tourne vers les copains.

« Une dernière, patron, aller »

lundi 14 septembre 2009

Christophe, chez ouam

J’ai beau, je suis beau, oui, là maintenant je suis beau et j’ai beau mater, admirer, ah mais pourquoi ton ventre, sur le mien, au-dessus, se durcissait ainsi, je regarde cet homme, son ventre plat, je sabote mes jours en ne pensant qu’à lui: que ripe sur mon palais d’or son gland sec, en souvenir ses cuisses bandées me sont un collier, que glisse sur mes dents la langue de ce garçon à la peau brune, aux lèvres molles, je vois ce garçon, tous les jours, je voudrais bien, il me chevauche avec morgue, la morgue, le plaisir qu’il me donne, « oh putain mais tu le fais si bien, ça », je n’arrive pas à prendre tout, je veux tout le garçon, je le prends, je le brûle, ah et j’ai beau, je suis beau, j’ai beau, le regarder, le toucher, le griffer je ne peux le prendre tout entier, et il continue son manège, il joue, je ne le quitte pas, un de ses doux pieds nus me caresse l’oreille, vlan, vlan, que ces muscles chacun visibles sous moi m’émerveillent, je te veux putain je te veux tout entier, je te regarde, je te regarde ah que tes lèvres m’enchantent, tu es parti ? J’aurais voulu être amoureux de toi.

mardi 8 septembre 2009

Mon tour de passer (2)

La Loire, à certaines époques, est tout simplement infranchissable. Elle charrie dans son tumulte tant d’épaves, tant de bois flotté, tant de sable, aussi, que même le passeur intrépide d’antan hésitait quelques fois à transporter les gens de l’autre côté. Le passeur, vous connaissez le principe. Il faisait à quelque kilomètre en amont coulisser une large barge le long de deux câbles tendus au-dessus du fleuve. Madame Carmin m’a raconté qu’il y avait une coutume. Les voyageurs ne payaient qu’à l’arrivée et devaient mettre le prix de la traversée sous la langue, et gare à celui qui ne le faisait pas, il était fauché par un rondin ou ripait sur la barge, bref, il finissait dans l’eau, et sûr, il n’en ressortait pas. Combien de cadavres ont été enterrés dans le petit jardin de l’auberge, Madame Carmin ne sut pas me le dire et il n’y a jamais eu bizarrement de rapport de gendarmerie. Personne n’a entendu parler de ce tas d’os parce que, selon les pouvoirs publics, il y avait prescription. Et c’est pour cela qu’ils ont fait appel à un grand architecte, pour faire un grand et surtout un gros pont, ici, à cette place-là précisément. Non parce que si vous vous demandez ce qui peut bien justifier le contrepoids de 8000 tonnes de ce beau béton gris, hein ? Vous ne croyez tout de même pas que c’est pour la balade ? Car il faut bien des hommes pour faire tenir un pont entre deux rives, combien, à votre avis, pour un tel ouvrage ? Combien, pour qu’un poète les cheveux flottant dans le sillage du fleuve, les oreilles brûlantes et le nez cherchant un effluve de sauvagerie dans les méandres indociles, retrouve dans le voyage vers la rive, un peu de son rêve. Avec, peut-être, le goût métallique d’une pièce sous la langue. Le temps d’une traversée.

lundi 7 septembre 2009

Mon tour de passer (1)

(Texte lu sur le pont Berlottier inauguré sur la Loire cet hiver en compagnie des (h)auteurs)


Ce que beaucoup ignorent, c’est qu’à l’endroit même où nous sommes, autrefois, il y avait une petite auberge dont la spécialité de ragoût de cochon à la purée était reconnue. L’auberge Carmin était tenue proprette par une dame que j’ai rencontrée. Depuis qu’ils ont rasé son auberge, Madame Carmin vit dans un appartement en haut d’une tour de la banlieue. Ça la change. Mais elle ne se croit pas malheureuse, vous savez, une tour, on peut y voir un amas de béton, une trop forte concentration d’êtres humains, avec tout ce que cela comporte de désagréments, ou bien, on peut espérer aller voir les étoiles d’un peu plus près. C’est ce qu’elle m’a dit. Les tours, les basses, les belles, aussi bien que l’Eiffel, sont des ponts tendus vers les rêves. Elle a grand ouvert la fenêtre de son petit salon, et il n’y avait rien au-delà que le ciel nu et froid, de plus en plus froid. En haut des tours, les joues rosies, les narines écartées, les mains, eh bien, je ne sais pas, dans les poches. La chevelure déployée dans le grand vent des hauteurs. Je me suis vu rêveur. Je me suis vu tomber.

« Mais, le pont » me dit-elle pendant que je referme la fenêtre, « revenons à notre pont »

Ce pont est majestueux, je veux bien. Nombreux sont les badauds qui viendront s’ébaudir de ces deux flèches pointés vers l’Azur, de ces câbles monstrueux roidis telles les cordes délicates d’un violon, et pourtant comme dégueulés par de grandes orgues mutiques.

« Oui oui, c’est un très gros pont » répéta-t-elle.

dimanche 30 août 2009

Grippé

Par la fenêtre, le dimanche, je peux mater les garçons. Je suis à la montagne. Il y en a qui se mettent torse nu, alors, j’évalue. Mais c’est rare que j’en trouve à mon goût et je ne suis pas si difficile. Entre deux poussées de fièvre, pourtant, je m’installe quelques minutes devant la fenêtre en espérant ce miracle dont je me souviens, un ange, pas d’autre mot, beau à donner sa vie en échange d’une nuit. Il se promenait avec son mec, ils se tenaient la main, c’était il y a bien longtemps, avant mon coming out. Je délirais de désir à l’époque, je voulais les inviter tous les deux à boire un coup et peut-être que… qui sait si… Je délirais quoi. Et ce n’était pas la grippe A, celle que je me tape, là, maintenant, isolé dans mon antre. J’ai des poussées de fièvre, un point de côté, une angine comme je n’en connaissais plus depuis que j’ai arrêté de fumer, les muscles douloureux, le mal de tronche. Tout, j’ai tout, c’est la grippe. Une saloperie. Alors je ne vais pas aller faire le tour du massif, je vais rester bien sagement ici avec mon doliprane et ma vitamine C. Sauf que c’est dimanche, il y a des gens qui squattent la pelouse juste en face de chez moi, pas la crème des crèmes à première vue. Des beaufs qui bouffent des sandwichs creusés dans des baguettes carrefour sur leur table en plastique, des vieux qui ne s’éloignent pas trop de leur ZX. Des gnomes mimis mais surtout promis à une jolie carrière de consommateurs de jeux électroniques ultra-violents, de coca-cola, de télévision, de films pornos et de bouquins de Marc Levy. J’ai des haut-le-cœur. Je ne sais pas ce qui me retient d’aller lâcher quelques glaires parmi eux.