mercredi 20 février 2013
lundi 18 février 2013
Mes carnets du Maroc (61)
Trente-sixième jour
Mercredi. Dernier jour tranquille à
Essaouira. Demain, je file à Marrakech. Je me lève avec un bon mal
de crâne. Évidemment, les échéances de départ provoquent malgré
moi des contractions internes, crispations de tripes. L'eau a été
rétablie dans l'hôtel, pendant la nuit. Je ne me suis pas lavé
depuis trois jours. À part aux endroits stratégiques. Aujourd'hui
j'ai prévu hammam et massage. Achat d'un billet Supratour pour
Marrakech. Achat de deux trois trucs à Saïd.
Trente-sixième jour
J'ai rempli chaque mission avec succès.
Coût estimé : trop. Mais je dois encore acheter de l'huile
d'argan. Quelques litres.
Trente-sixième jour
Nous avons échangé nos adresses avec
Saïd. Auparavant, il m'avait emmené chez un beau-frère qui tient,
entre autres, un magasin d’Épices dans le souk, sous les arches
d'un ancien caravansérail et à quelques mètres des étals de
poissons. Ce Monsieur nous a servit le thé, m'a annoncé les prix,
ça a fait gloups dans ma gorge. J'ai donc dû réviser mes
prétentions, j'ai pris quatre demi-litres, dans quatre bouteilles
plastiques d'eau minérale. Mais c'est de la première pression à
froid, garantie par Saïd, première qualité. Nous sommes alors allé
faire deux trois courses pour le café amazigh de l'admirable Hichem,
qui nous a donc cuisiné des brochettes de kefta et des tomates
grillées. Je n'aurais d'ailleurs pas dû me gaver comme je l'ai
fait. C'était délicieux, mais j'ai l'organisme crispé, je ne lâche
rien, et mon expérience de hammam et de massage californien était
agréable. Deux jeunes femmes très jolies, sans pitié, se sont occupées de mon cas. Évidemment,
si Hichem avait été masseur, peut-être que. Mais bon. 500 dh, pas donné,
quand-même, dans cette ambiance entre la maison close et le salon de
coiffeur, où je finis en lapant un thé brûlant. La mère
maquerelle, encore jeune et pas si bien coiffée que ça, est venu papoter quelques minutes, histoire
de mériter son salaire. "Les filles d'ici ont le sens du massage, elles ont des mains", me dit-elle, "c'est une tradition". J'explose mon budget en une journée de
dépenses, j'aurais pu rester deux semaines de plus avec tout ça. Mais je dois rentrer, maintenant. Et je me dis qu'il fallait bien que je lâche ma thune dans
ce pays qui a besoin de blé.
Bon, objectif, demain avant de partir
acheter de la mahia Ghazella ou Rousso (sur les conseils de Saïd,
qui rejoignent ceux d'Andy)(la mahia c'est l'eau de vie de figue du coin, je rappelle). Départ estimé direction
Marrakech, 15 h 15. Ensuite, eh bien, ce sera le retour à Arnakech, les taxis qui
cherchent à te flouer, les hôtels qui refusent de négocier, et
Jemaa El-Fna, une réjouissante dernière fois. Je vais flipper pour
mon avion, le lendemain, fermeture des portes à 8 h 20, donc, il me
faudra trouver un grand taxi pas trop gourmand avant 7 h. Tous mes
derniers dirhams pourraient passer dans cette ultime course, à moins
que je ne réussisse à prendre un bus, square Foucault, ce qui est
compliqué en raison d'une absence totale de renseignement, le numéro
du bus, l'horaire, je ne sais même pas où trouver les informations.
vendredi 15 février 2013
Mes carnets du Maroc (60)
Trente-cinquième jour
Premier mai. Un syndicat a installé un
podium place Moulay Hassan, à l'entrée de la vieille médina. Des
chansons saucissonnent en boucle, à plein tube. Tremblants sur les
enceintes et trônant en plein centre de la scène, deux
photographies encadrées, sous verre et sur des chevalets. Un des
personnages, en noir et blanc, est probablement le fondateur du
syndicat. L'autre est le roi.des drapeaux du Marc flottent de part et
d'autre. Il est vrai qu'ils sont rouges. Et des flics en tenue de
propre papillonnent, plus nombreux que les ouvriers, et même que les
touristes. Les ritournelles treès parti Communiste des années 70
ont dû faire fuir tout le monde. La rumeur de ce refrain, que je
perçois depuis l'endroit où j'écris, devrait suffire à me la
mettre dans la tête pour la journée.
Trente-cinquième jour
Ballade jusqu'au bout de la plage. Un
No man's land où le sable fin se déguise en désert de dune. Un
Oued s'y forme, qui change de courant au gré des marées, remonte
jusqu'à un pont, menant à un village, Diabat, sur sa colline. Des
pas de dromadaires et de chevaux dans le sable mouillé, démontrent
sans doute que l'endroit est fréquenté par les hommes bleus, les
Touaregs, de passage après de longues traversées du Sahara. Non je
déconne. Cela démontre
juste que les touristes que tu croises
ici sont le plus souvent à dos de cheval ou de dromadaire. Pas
l'ombre d'une méharée par ici, et d'ailleurs, peu d'ombre. Un
magnifique garçon ultra bronzé, me poursuit un peu. « Jolie
Jaquette » m'avait-il abordé, dans la ville. Puis, il me
repère sur la plage, « eh ! Tu me reconnais ? ».
Il loue des fauteuils en plastique, il me rassure, viens me voir,
c'est gratuit pour toi, on discutera. Et moi je n'ai pas envie de
discuter. J'étais au début de ma ballade, je lui dis d'accord,
peut-être, au retour, et ce faisant je ne pouvais m'empêcher
d'admirer son torse glabre et noir. J'ai continué de fantasmer ce
garçon pendant la marche et au retour, en m'approchant des fauteuils
verts dont il a la charge, j'avais la gaule. Mais je ne tenais pas
plus que ça à subir de nouvelles avanies, et je l'aperçois de dos,
draguant deux Européennes. Je passe mon chemin.
Trente-cinquième jour
J'arrive au niveau du port juste au
moment des défilés. D'abord celui de L'UMT (Union Marocaine des
Travailleurs), qui traîne derrière lui une centaine de militants
sous la bannière du PC. L'ambiance est revendicative, sans violence,
plutôt morose en fait, policiers et militaires disposés de part et
d'autre. C'est le syndicat majoritaire chez les pêcheurs. Ils ont
d'ailleurs un local sur le parking du port, où ils avaient élevé
une tribune. Je n'y ai vu personne prendre la parole, mais ils
donnaient à plein une sono à peine croyable, des airs d'accordéon grésillant dans les transistors, des
interventions enregistrées tirées
d'archives du PCF des années 50, on aurait dit que les 78 tours avaient repris du service. Un rassemblement plus populaire, en tout état de cause, que le défilé qui venait juste d'un peu plus loin, de la place Moulay Hassan, celui de l'UGTM (Union Générale des
Travailleurs Marocains). Une grande blague, avec le portrait du roi
en tête de cortège, et dedans des gens bien proprets, coiffés de
casquettes blanches. Rappelons que le roi est un des plus gros
employeurs du pays. Un air de ballade dominicale, ce cortège, pas
loin de ce qu'avait voulu le maréchal Pétain lorsqu'en rendant ce
jour chômé, il avait voulu récupérer l'événement. Enfin, même si les apparences ne
jouent pas en faveur de l'UGTM, n'accusons personne ici de pétainisme.
vendredi 1 février 2013
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