dimanche 30 août 2009

Grippé

Par la fenêtre, le dimanche, je peux mater les garçons. Je suis à la montagne. Il y en a qui se mettent torse nu, alors, j’évalue. Mais c’est rare que j’en trouve à mon goût et je ne suis pas si difficile. Entre deux poussées de fièvre, pourtant, je m’installe quelques minutes devant la fenêtre en espérant ce miracle dont je me souviens, un ange, pas d’autre mot, beau à donner sa vie en échange d’une nuit. Il se promenait avec son mec, ils se tenaient la main, c’était il y a bien longtemps, avant mon coming out. Je délirais de désir à l’époque, je voulais les inviter tous les deux à boire un coup et peut-être que… qui sait si… Je délirais quoi. Et ce n’était pas la grippe A, celle que je me tape, là, maintenant, isolé dans mon antre. J’ai des poussées de fièvre, un point de côté, une angine comme je n’en connaissais plus depuis que j’ai arrêté de fumer, les muscles douloureux, le mal de tronche. Tout, j’ai tout, c’est la grippe. Une saloperie. Alors je ne vais pas aller faire le tour du massif, je vais rester bien sagement ici avec mon doliprane et ma vitamine C. Sauf que c’est dimanche, il y a des gens qui squattent la pelouse juste en face de chez moi, pas la crème des crèmes à première vue. Des beaufs qui bouffent des sandwichs creusés dans des baguettes carrefour sur leur table en plastique, des vieux qui ne s’éloignent pas trop de leur ZX. Des gnomes mimis mais surtout promis à une jolie carrière de consommateurs de jeux électroniques ultra-violents, de coca-cola, de télévision, de films pornos et de bouquins de Marc Levy. J’ai des haut-le-cœur. Je ne sais pas ce qui me retient d’aller lâcher quelques glaires parmi eux.