jeudi 19 novembre 2009

Oxbow, vie de merde

Il est retrouvé sur son trône, la porte grande ouverte. Le rouleau de papier toilette, accroché au mur de droite, est évidé. Ça lui caresse les fesses tellement il a jeté du papier toilette sous lui. Il ne dit rien, respire à peine. Sur le mur de gauche, l’affiche d’Oxbow baille sous sa tête penchée. Un carnet est retrouvé à deux mètres de lui, ouvert, froissé, déchiré. Vide. Quelqu’un décide de le rhabiller. Quelqu’un fait un café pour tout le monde. Quand on aura tiré la chasse d’eau, on remarquera le stylo feutre et même une feuille arrachée au carnet, illisible, flottant comme deux petites merdes un peu dures, entre deux eaux. Les voix humaines ne semblent pas lui parvenir. Son regard est fixe, las. Quelqu’un relève son pantalon, un autre le saisi par les aisselles, il est lourd, on range son sexe. On discute, on essaie de savoir ce qui s’est passé. On le porte jusqu’au salon. Qu’est-ce qui s’est passé ? Quelqu’un demande s’il faut refaire du café. Rien, merde.

Le fantôme dans le métro

mardi 17 novembre 2009

Tout seul

Tu vis tout seul, tu as des amis, beaucoup, ta femme te fait l’amour et tes enfants te sautent dessus, le soir, lorsque tu rentres du boulot. Tes collègues au bureau t’invitent à dîner, te savent aimables. Tu ne te laisses jamais déborder, tu n’acceptes pas qu’on s’installe à proximité, ce n’est pas faute d’aimer, je crois, mais voilà. Tu ne veux pas être débordé, c’est comme si tu te noyais dans l’autre, tu fais des gestes fous, tu souffles, tu cherches à remonter à la surface, à te libérer de l’autre. Tu es violent. Tu donnes le sentiment d’être violent et ta femme a peur de ça. J’ai peur de ça. Tu vas coucher les enfants et après tu bois ton café, mais tout ne se passe pas toujours comme tu veux, un enfant se lève, réclame un verre d’eau, ta femme te demande de l’aider, ou alors c’est un pote qui appelle, alors que toi, tu bois ton café. Je t’appelle. Tu ne réponds pas.

dimanche 15 novembre 2009

Burning Heads, Winter Family, Foire aux skis.

"Ca te dit on boit un coup tout à l'heure je t'appelle"

Oui ça me dit alors je dis oui. J'étais en train de me fringuer pour sortir un peu, fait froid mais bon. Je voulais aller à la foire aux skis, dans un magasin à côté. Maintenant j'hésite un peu plus, je fais un brin de ménage, je me dis que c'est aussi bien, que, de toute façon, il fallait ranger mon bureau. J'attends son coup de fil et il vient. Je veux dire, le coup de fil vient.

"Ah excuse-moi, je sors de la sieste, là, et j'ai ma copine qui m'a appelé, je vais la voir. Ce n'est pas grave, tu ne m'en veux pas ?"

Oui je lui en veux alors je dis non, bien sûr, c’est normal, va voir ta connasse, enfin ta copine, je crois que j’ai dit copine. Je vais à la foire aux skis, il n’y a plus qu’une paire de skating, je n’ai pas l’impression qu’elle est d’un super niveau, et à 50 euros, plus les chaussures à, disons, 150 euros, non, pour cette somme, je peux en louer beaucoup des équipements et de meilleure qualité. Ce qui m’a plombé quand même, c’est cette constance bizarre de ma semaine. Vendredi, j’attends toute la soirée au bar une copine qui ne vient pas. Je l’appelle, pour lui rappeler qu’on doit aller au concert des Burning Heads au Clacson, à Oullins, que c’est elle qui a le permis de conduire et la voiture, elle me raccroche au nez avant même que l’on puisse échanger un mot. Ensuite elle me lance un texto « je suis au concert ». Je réponds « va te faire foutre ». Elle : « t’avais qu’à appeler ». Ok. Je vais jusqu’à la neuvième bière, je crois, et je vais me coucher en grommelant. Le lendemain, je ne veux rien dire, mais j’avais un super plan cul, auquel je renonce de bon cœur. Un pote vient de Paris, je suis content de le voir. Je lui propose Winter Family, au Sonic, à Perrache, il me dit que non, qu’il préfère mon bar où je vais tout le temps, qu’il est là pour me voir et qu’un concert il pense que ce n’est pas propice, on ne se voit pas si souvent, et puis d’abord il n’a pas très envie d’écouter de la musique. Ok, ok, buvons des bières. Pendant ce temps, il échange quelques textos avec eh bien je ne sais qui, enfin, j’ai vite compris. A 23 heures pétantes il se casse. Chez une copine, qui habite à deux minutes. Quant à Ouam, il va jusqu’à la douzième bière, avec un compère de circonstance, un comédien, angliche, mais sympa. Le matin, j’ai un message sur mon répondeur, il faut que je répète à sa mère, au cas où je la rencontre dans la rue, si elle appelle, qui sait, qu’il a couché chez moi. Ce qu’il a toujours refusé ce salopard de merde.

vendredi 13 novembre 2009

Un petit texte pour l'oeil chez Léo

Cher fidèles et moins fidèles lecteurs,
je vous invite à télécharger ce petit texte de trois pages intitulé
Ouvrir l'œil.
Vous m'en direz des nouvelles.

mercredi 11 novembre 2009

Le Voyage (suite)

Surtout quelles odeurs a ce monde. Un fumet à l’image. Les hommes puent. Leurs ruelles empestent. Leurs usines, leurs automobiles. Les hommes suintent, suent, la chair s’avachit, chute, s’éteint, s’habille. Ça pue sous les immeubles de verre ou dans les troquets, dans les prisons ou les écoles. Le Dojo pue. Le jeune moine acidulé, l’enfant ensommeillé, la maraîchère impudique, le marchand de désert. Les hommes sont particules ou bactéries, pourritures. Les hommes pourrissent, sous le ciel, sous les turbans, sous les jupes. Ton odeur est ma maison.

mardi 10 novembre 2009

Une photographie de la chute du mur

J’ai un petit garçon gras la joue collée à la vitre arrière. Un couché de soleil, la route ronronnant sous lui, il s’arrime au sommeil. J’ai ce petit garçon, je peux dire que je suis amoureux de ce petit. Il est en train de se lover dans son rêve. Que rêve-t-il.

Je dois faire de la politique, je dois faire un discours, un grand discours, avec de la belle langue, je jure que je ferais tomber le mur, je veux que la chute du mur soit aussi la disparition des frontières. La France, Mesdames et Messieurs, ne dois plus avoir peur de l’Allemagne, nos peuples sont frères et, d’ailleurs, je propose que la langue allemande soit obligatoire dans toutes les écoles de France et, en contrepartie, le français dans toutes les écoles de la future Allemagne réunifiée.

Puis je ne sais plus bien quels arguments imparables ce petit garçon jetait dans la foule admirative pour satisfaire son fantasme de puissance. La force de son discours s’imposait au monde. Aux américains, aux russes, qui, chacun, pliaient bagages.

J'ai ce petit garçon, il rentre de vacances, il va faire nuit et peut-être, bientôt, la radio diffusera Le masque et la plume, ça va s'engueuler. Il s'écrase dans le sommeil et sur la vitre froide, plus si froide. La belle langue lui inspire de doux rêves.

vendredi 6 novembre 2009

Pornographie à l'iranienne


(un gamin) : "Je t'aime"
(l'autre) : "Moi aussi"
(l'homme à la cagoule verte) : "Tu la sens bien là"
(l'homme à la cagoule bleue) : "Mais vos gueules"

lundi 2 novembre 2009

Le concert d'Electric Electric

(Hazam)

Ouam t'étais où hier espèce d'enfoiré ?


(Ouam)

oh putain j'ai été nul, j'ai cru que j'allais pouvoir embarquer du monde au Sonic alors pour ça je suis allé au Café fait sa broc, enfin je dis ça mais il fallait que j'y aille, récupérer mon panier de trucs bio qui me sert un peu trop souvent de composte, soit dit en passant, bref, alors, je me pointe au broc' et là, qu'est ce que je fais, je bois une bière, puis deux. Coralina me dit ah ouais, peut-être, c'est quoi Electric Electric, je lui dis c'est de la disco pour danser et tout et tout, hu hu, elle ne m'a pas trop cru parce que je lui ai dit en plus y'aura le Haz, bon. Puis elle dit mon mec il bosse encore, il va arriver, après on décidera, moi, ni une ni deux, je bois une seconde bière, offerte par Zingo, très alerte le Zingo, en ce moment. Puis une troisième et c'est là, ou alors non, à la quatrième bière que Xav' arrive, je lui dis ça te branche le Sonic, il me répond, attend, je bois une bière. Là ça devient critique, j'attaque une cinquième bière et je commence à avoir les résolutions qui ramollissent. Je tente une dernière fois, le Xav' n'a pas l'air chaud et la Coralina ben elle est bourrée.

J'ai payé ma tourne et j'ai pensé que j'avais été un peu nul, de ne pas être allé au Sonic.


(Coralina Picos)

bien résumé mec.


(Un certain Lionel)

Haha la vieille embuscade! Mais c'était tout prévu ça! Tu t'es fait avoir comme un bleu! ;)


(Ouam)

Ah ouais comme de la bleusaille militaire de base putain fait chier. Avant je suis allé au Bonheur des ogres, la librairie grande rue de Vaise à Vaise, même que j'ai failli me tromper en entrant chez Sacoches, une autre boutique dans la même rue mais qui ne vend aucun bouquin, des sacs, rien à voir. Ce soir-là, François Beaune venait papoter avec ses lecteurs, et c'est qu'il en a eu le bougre, des lecteurs, alors je me disais je vais me glisser discrétos dans la foule et ben non. Queue d'Al. Il y avait cinq ou six personnes quand j'ai pointé le nez, dont quatre de ma connaissance. Salut les mecs salut ouais, ouais. Comment ça roule, euh, j'arrive trop tard ou quoi. Alors j'ai eu des discussions sympas avec Fred Houdaer et Pierre Evrot, quelques échanges avec François qu'est beau putain et qui a trouvé mon caban bien classe. Puis donc. Alors euh, je suis parti au broc, en chemin j'ai laissé un ou deux messages à Coralina Picos.

La suite, tu la connais.


(Hazam)

tu devrais aller sur twitter voir si j'y suis et t'entrainer à laisser des commentaires moins longs


(Coralina Picos)

ouam il te laisse pas des commentaires, il t'écrit des bouquins.


(Hazam)

et en plus il est insomniaque, quelle idée


(Ouam)

Non mais c’était pour dire, quoi. Je serais bien allé au concert d'Electric Electric.