mardi 10 novembre 2009

Une photographie de la chute du mur

J’ai un petit garçon gras la joue collée à la vitre arrière. Un couché de soleil, la route ronronnant sous lui, il s’arrime au sommeil. J’ai ce petit garçon, je peux dire que je suis amoureux de ce petit. Il est en train de se lover dans son rêve. Que rêve-t-il.

Je dois faire de la politique, je dois faire un discours, un grand discours, avec de la belle langue, je jure que je ferais tomber le mur, je veux que la chute du mur soit aussi la disparition des frontières. La France, Mesdames et Messieurs, ne dois plus avoir peur de l’Allemagne, nos peuples sont frères et, d’ailleurs, je propose que la langue allemande soit obligatoire dans toutes les écoles de France et, en contrepartie, le français dans toutes les écoles de la future Allemagne réunifiée.

Puis je ne sais plus bien quels arguments imparables ce petit garçon jetait dans la foule admirative pour satisfaire son fantasme de puissance. La force de son discours s’imposait au monde. Aux américains, aux russes, qui, chacun, pliaient bagages.

J'ai ce petit garçon, il rentre de vacances, il va faire nuit et peut-être, bientôt, la radio diffusera Le masque et la plume, ça va s'engueuler. Il s'écrase dans le sommeil et sur la vitre froide, plus si froide. La belle langue lui inspire de doux rêves.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire