vendredi 29 janvier 2010

Mamie blues

Oh Mamie, que ton cœur usé par les tendresses accueille enfin le peu de joie qu'on lui offre. Mamie, ne perds rien de ce sourire photogénique qui orne tes profils internet. Tu le sais, hein, la nostalgie, la tristesse, le malheur ne réussissent qu'à éloigner les garçons. Ils se font d'ailleurs souvent violence eux-mêmes, Mamie, leurs muscles s'arrondissent au besoin, ils se tendent, se crispent, soufflent fort et jamais ne montrent, autrement qu'avec une excessive bonne humeur, leur intime douleur. Tu fais de même, tu tchattes avec humour, lol, multipliant les gentillesses ;), d'ailleurs tu le sais bien, les garçons veulent qu'on leur dise, s'ils sont beaux :$. Toi tu fais le gros dos, tu n'es plus bien jolie, à vrai dire, alors tu n'attends rien de tel. Les garçons sont des goujats.

mardi 26 janvier 2010

Mamie tchatte

La dame tchatte avec un garçon, chaque jour, vers 20 h, elle loupe le journal à cause de ça. Elle boit une tisane au miel. C'est un beau garçon, qui a laissé une jolie image, la photo de son dos, ses fesses, sur le site. En rougissant, dit-il. Et puis des photos de son visage, qui est si doux.
"Je suis allé voir une expo je suis super fatigué.
- Je comprends, petit frère, et elle était bien cette expo ?
- Bof, j'ai trouvé un peu sommaire."
Mamie croit que son sourire se voit dans ce qu'elle écrit. Mais il se voit, d'ailleurs, il suffit d'être attentif.
"Raconte, tu es allé où, au Grand Palais ?
- Oui, c'est assez oppressant.
- Oppressant?
- Oui."
Elle se fait peut-être des idées mais elle croit que ce garçon est gracieux. De la grâce, il a l'air de posséder de la grâce. Ses intérêts pour le théâtre ou la littérature ou les expositions parisiennes sembleraient démontrer chez lui un désir d'élévation, de mouvement. Mais Mamie se souvient que c'est un garçon.
"Et tu y est allé avec ta petite amie ?
- Non, ce n'est pas ça
- Je suis jalouse, j'y serais bien allée avec toi
- Mais on ne se connait pas Mamie"
Voilà. Un instant plus tôt son cœur voltigeait à des hauteurs stupéfiantes, et puis la sécheresse soudaine du garçon la fait chuter. Elle sent physiquement l'impact, le choc sur les tomettes de son salon. Elle chute et ne trouve plus de mot. Comment lui dire, elle n'a pas cherché à le connaître, ce garçon. Est-ce qu'on se connaît un jour, de toute façon. Elle voulait passer l'écran. Rencontrer un homme. Je te fantasme, toi que n'ai pas encore touché. Je te fantasme aussi, eh, petit homme, que j'ai caressé, caressé, que je voudrais caresser encore, longuement, se verra-t-on enfin, me donneras-tu ta nuit ? Ma propre mère est un fantasme, pourtant je la côtoie depuis, euh, je ne vais pas dire mon âge. Ce que nous croyons connaître de l'autre, c'est notre désir qui se projette, je te fantasme fin, joli, je te fantasme doux.
"Tu comprends Mamie, il faut faire la différence entre le virtuel et la réalité.
- Mais, petit frère, il n'y a pas de différence de nature entre la fiction que j'écris à partir des informations que tu me laisses sur la toile et celle que j'écris lorsque tu es dans mes bras. C'est toujours mon imagination qui travaille. Tu n'es toujours, pour moi, qu'un fantasme, un beau fantasme, je t'assure. Qu'est-ce que tu en dis ?
- Il manque le quotidien, les odeurs, la voix, les ronflements.
- Zut, comment tu sais que je ronfle ?
- Dsl, j'ai mis du temps à te répondre, je suis absorbé par la télé, je vais me coucher maintenant. Bisous Mamie."
Bisous.
Et Mamie alors. Se relève. Elle sait qu'il manque la peau. Elle chute. Elle a du sang dans la bouche.

mardi 12 janvier 2010

Du cul Mamie

Des douceurs, mon colon, des douceurs. A foison pour mon con. C'est cela que Mamie pense, c'est cela qu'elle désire. Des douceurs, qu'on ne lui prodigue pas, pas assez.

Le petit gars ouvre son sac, elle le vide.

Le papa vient te chercher et c'est elle qu'il trouve. La vieille, cuisses dures et droites, sourire figé.

Elle le vide.

Le sac. Fait les devoirs.

"Bisous"

héhé.

"Bisous"

Elle se vide mamie de tant de belles images, elle en oublie le rêve, la chimère, l'amour. Et baise.

jeudi 7 janvier 2010

B-a Ba

Mamie cherche dans le cartable du petit garçon.

« Ton stylo, tu as bien un stylo ? »

Le petit garçon dit non, il n’en a pas.

« Comment veux-tu travailler sans stylo, tu as un crayon alors »

Elle regarde partout, et le petit garçon, avec une grimace, dodeline de la tête, non, il n’a pas de stylo, pas de crayon. Mamie souffle un grand coup.

« Bon, va en chercher un dans mon bureau, tu prends celui que tu trouves»


« Mais pourquoi tu as pris ce crayon il n’est pas taillé ? »

Le petit garçon a un regard surpris.

« Ben oui, le principe du crayon, ou du stylo, c’est de s’en servir. Bon je dois avoir un taille crayon quelque part, sort une feuille vierge, ça, je sais que tu en as »


« Mais tu salopes tout, là, mais qu’est-ce que tu es sale. Je ne te demandes même pas de travailler proprement, je voudrais juste pouvoir te lire. Fais un effort. Redresse-toi. Incroyable que tu ne puisses te servir mieux d’un crayon. L’ordinateur, oui, c’est bien l’ordinateur, tu es habile avec une souris, c’est bien. Mais un crayon, quand-même. Et une page vierge, c’est le B-a Ba. »


« Ah, voilà ! Ah oui, oui ! C’est bon, ça. Tu vois quand tu veux. Maintenant tu sais t’en servir, de ton crayon. Ah. Tu me fais plaisir, là. Tiens, je t’embrasse. »

dimanche 3 janvier 2010

Beaux nénés mamie

- g anvi de toi
- pas moi
- tu veu pa mon truc dan ton trou
- non
- tu mouille
- non
- a ton aj mami on a pa l choi
- ah bon
- tu devré etre contant
- mais je suis contente
- allé mami ouv té cuisse
- dis-donc gamin t'es pressé
- jé la bite toute gross
- moui
- ptin mami té lourde anlèv ta chemiz
- tu veux voir mes lolos
- té tété
- ben commence par déballer tes affaires
- oui carés mé couille
- ton cartable je veux dire, on va faire un peu de français d'abord