Trente-et-unième jour
Tout est mouillé. Le coussin sur
lequel je suis assis, la table, sont poisseux. Et ma chambre sent
l'humidité. Je suis sur la terrasse, face à la lune, dont la
lumière frappe une volée de flèches argentines. Un albatros lâche
son cri de grosse mouette et le vent, qui pourtant me nourrit d'un
souffle de large et m'oblige à me couvrir, ne contrarie pas sa course.
L'océan qui s'éclate à quelques mètres, en lignes blanches
successives, s'approchent en hurlant des remparts d'Essaouira.
Trente-et-unième jour
Le quatrième mur de ma chambre est une
baie vitrée sur l'océan. Une terrasse presque privative, tout
simplement parce que je suis seul à l'étage. Il y aura probablement
du passage, sinon, dans la semaine. Une jolie chambre avec des
carreaux en terre cuite, un plafond de bois à l'ancienne. Des
poutres maîtresses par deux, des troncs polis. Des linteaux,
toujours par deux, branches principales. Puis une multitude de
bâtons, à l'image du treillage de roseau d'Aït Benhaddou. Le tout
repeint avec un goût douteux, le même vernis que celui d'un chalet
sur ma montagne, en Savoie. Le lavabo est en terre cuite, avec des
motifs, tel un vase, soutenu par une pierre polie. La douche est
italienne. Et si le luminaire part un peu en lambeaux, au moins, il y
a une lampe de chevet. « Les Marocains ils ne comprennent pas
les Européens ils veulent lire avant de dormir, ja, et consulter
leur guide, c'est normal, et les Marocains ils disent non non non,
pas dépenser 3 dh pour ça ». L'indignation d'Andy, son accent
proverbial, son outrance, sonnent encore à mes oreilles. J'ai quitté
Aït Benhaddou avec émotion ce matin. Simon me disait viens vivre
ici, je te trouve un terrain, une femme, la vie sera paisible et on
sera voisins. Ils se sont bien occupé de moi, pour que j'obtienne un
taxi, et Khadija me faisait tu devrais rester encore, j'ai acheté du
poisson. Je n'ai pas vu la mignonne Maria, je lui aurais bien dit au
revoir, un petit bisou.
Il est beau ton carnet de voyage, Ouam. Plein d'amour pour les terres traversées, pour les moments partagés.
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