jeudi 6 décembre 2012

Mes carnets du Maroc (50)

Vingt-neuvième jour
Rencontre avec une petite fille de 3 ans. Au départ, nous échangeons des gestes, et déjà elle fait retentir son rire coquin. Et puis j'apprends que cette si jolie gamine est la fille de Khadija et Andy. Alors je recommence en allemand : Wie heisst du ? Elle s'appelle Maria, et nous allons jouer pendant des heures, avec mon stylo, puis avec une orange. Et tout à l'heure, Khadija m'invite chez ses parents, et nous allons y aller avec Maria. Cette môme me fusille en me prenant par la main, et m'achève, ensuite, en me sautant dans les bras.

Vingt-neuvième jour
Je visite ainsi une maison immense, traditionnelle, en pleine rénovation. D'abord j'entre par les enclos. La famille entretient un modeste troupeau de vaches, dont je m'aperçois que toutes ont vêlé. Dans deux enclos des brebis et des moutons, cinq ou six bêtes, pas d'avantage, ailleurs un clapier plein de lapinots, avec leur mère, et des poules caquètent ici et là. Nous passons une porte et c'est la maison proprement dite. Cela me rappelle les récits de Coraline, lorsque sa grand' mère vivait calle Los Campos, et d'ailleurs, dans cette même rue de Vega, il y a encore deux ans, un vieil homme adorable vivait de cette façon, à côté de sa vache, de ses poules, de son clapier. Ce qui va une nouvelle fois me rappeler l'Espagne, c'est la cuisine, celle que Khadija « l'ancienne cuisine », avec sa cheminée. Enorme, elle prend peut-être 20 % de la surface, et dessous, deux fours à pain dont on me montre le fonctionnement. Je découvre ainsi que chaque matin, le pain que je mange encore chaud est fait ici. Je me disais bien qu'il était délicieux. Ce sont deux fours en terre, chauffés au feu de bois. L'un d'eux est classique, on enfourne la pâte grâce à une pelle en bois, un peu à la manière des pizzaïolos. Le deuxième fait un pain différent, je crois que c'est celui qui lève le plus, il est moins brûlé. Ce four est surmonté d'un plat en terre cuite, qui est chauffé à rouge avant qu'y soit coulé la pâte à pain. Quand le pain est cuit, on verse un peu d'eau pour le décoller de son moule. Il y a bien, donc, une cuisine moderne, qui commence à faire son âge et des escaliers en ciment, tout neufs il me semble, mènent à l'étage. Et là c'est une enfilade de chambres en construction. « Mais... vous voulez accueillir des touristes ici ? » demandé-je avec je dois dire beaucoup de candeur. « Non, tu sais, la famille... » me répond Khadija. Elle a un frère à Paris, une sœur à Leipzig et d'autres sont restés au Maroc, bien sûr, « alors il faut pour tout le monde ». Elle me précise un peu plus tard qu'elle a eu un terrain de ses parents pour construire cette maison où elle m'a accueillit, que ses frères et sœurs ont eu des morceaux de la maison de famille, dans le Qsar, mais que ce sera plus simple quand toute la famille pourra se réunir de ce côté de l'oued Mella, l'oued salé, dont les crues, souvent, coupent le vieux village du nouveau. Une volée d'escaliers plus haut est une des plus belles vues du village, sur le Qsar, l'oued, les montagnes, une splendeur que ne cesse d'admirer le père, dans son fauteuil roulant, toute la journée. Nous redescendons, Yalla, et elle me montre le tout nouveau salon, qui vient d'être terminé, et elle n'est pas peu fière. Elle a raison. Les plafonds sont ornés de motifs sculptés dans le stuc, un travail d'une finesse étonnante, pas très loin de la surcharge, sauf que non, c'est un salon marocain, entouré de banquettes bleues, agrémentées de coussins confortables, et dont l'impression générale se partage entre le luxe des décors et la simplicité du mobilier. J'ai vu de nombreuses imitations, au Maroc, dans des restaurants pour touristes, en particulier, de ses ornements, dont les modèles sont à trouver dans les palais et, par exemple, dans la Medersa Bou Inania, à Fès, qui, en la matière, surpasse tout. Chez les parents de mon hôtesse, la vérité est que le travail des artisans est bien beau, réussi, à mon sens.

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