Bon ce n'est pas pour dire et puis surtout chut, ne parle pas pour ne rien dire parce que ça, ça c'est le pire. Je suis parti pour écrire, je n'ai pas écrit une ligne. Rien ne m'est venu. Rien. J'ai lu de bons bouquins.
Par exemple, celui de Serge Rivron, Octobre Russe, qu'il a auto-édité. Et je n'arrive pas à écrire un truc valable, ou au moins à peu près lisible, sur ce bouquin. Serge Rivron est un mec un peu spé, si vous voulez mon avis, spé comme spécial, pas spécieux, hein. Il se balade en URSS, euh, non, c'est la Russie, déjà, à l'époque. Il suit un de ses potes metteur en scène qui a des bons plans par là-bas. Pour y jouer le rôle d'administrateur, ce qu'il sait apparemment très bien faire, mais c'est surtout pour lui l'occasion de visiter le pays de Staline, Brejnev et Tchernenko, l'occasion d'un tête à tête avec Lénine et de boire des litres et des litres de bonne vodka. Outre le récit, au jour le jour, de ses pérégrinations, de ses rencontres avec les Russes ou les expat', tout à fait passionnant, Serge Rivron se lâche ici ou là dans de monstrueux et saints moments d'énervement. Le genre de page qui effraye l'éditeur, paraît-il.
"... Pendant que les bambins extraient du coffre les commissions, ils se préparent à jouer le rôle de mari parfait qui allume le barbecue en fredonnant Le temps des cerises, ou cet air de Manu Tchao qui leur fout toujours le feu aux tripes... Putain, ils se disent, il faut absolument que j'écrive quelque chose sur Che Guevarra dans mon bouquin (...) ! et ils alignent les gambas sur la grille même pas nettoyée, mais c'est pas grave parce qu'hier c'était des dorades, Sandriiiiine ! tu penseras à nettoyer la grille après le repas (...) !"
Aaaah que c'est bon, ça soulage, j'adore, je bois du petit lait. Mais attention, le Rivron, quand il est parti, il est parti, il t'en fait deux pages, et c'est à la fois tordant et incisif.
"Tout bouffis des douze premiers feuillets du brûlot démoniaque qu'ils sont en train d'oser, ils te toisent des grandes hauteurs où ils atteignent, surtout depuis que leur copain Francis qui bosse pour la chronique jazzifère du Monde leur a laissé entendre qu'il n'avait jamais rien lu de meilleur, coco, t'es en plein dans l'actu, faut vraiment que tu finisses, Bataille, Sartre, Camus, Bernanos et la guerre, ça revient en plein au centre des préoccupations du moment (...)"
Ah oui, visés ici, les "institutionnels de la Culture". Mais ailleurs, la police, les politiques...
Donc, un petit conseil, tu cliques ICI, c'est le site de Serge Rivron, et tu cherches un peu, tu dois trouver comment commander Octobre Russe, (auto)édité chez Pluton, un bon moment de lecture.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire