Ce bonheur, que j'appelle bonheur par souci de communication, mais qui est bien plénitude, momentanée, qui est unité, identité, est peut-être dans la certitude de se trouver sous la protection d'une force vitale, éveillée, amicale, virile, maternelle, et qui m'appelle, Ouam ! Ou alors je veux simplement que tu viennes, que tu te déshabilles. Tu me veux et c'est la raison de ta présence. Tu te poses sur moi, tu me prends les lèvres et mes mains collent à ton dos, enfin je te respire.
Longtemps après le lycée, j'expérimente les corps, la peau des autres. Je touche. Je serre. Je caresse et je griffe, je goûte. Je hume. Je serre fort, je plaque sur moi les corps. Des autres. Et c'est comme si mes boyaux trouvaient enfin leur place, le poids du corps de l'autre me calme, mes tripes enfin ne cherchent plus à sortir de moi, ni mon cervelet, l'autre à ma surface me circonscrit, et, me limitant, m'individualise, me met au monde.
Plutôt que d'aller au lycée, ce beau matin de pleine lumière, tu viens me réveiller. Tu es au pied de mon lit d'enfant, je me suis redressé, tu as les bras ouverts et le rire franc. Je souffle un bon coup ça va pas non, tu m'as fait peur. J'ai un rire inexplicable et, d'ailleurs, inexprimé. Un rire dans moi comme un oiseau, pas encore blessé. Moi, sous ton regard et assez parfaitement moi.
(Inspiré de Fucking Western, roman, pour une lecture aux Envolires, le 28 mai 2011 dans la tour de Crest)
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