Christophe avait ce petit air
Hésitant ce sourire
Et complice pourtant
En boîte, le compliment :
« Salaud !
- Quoi ?
- Qu’est-ce que tu danses bien ! »
Christophe, je ne serai pas à ton enterrement.
Depuis Lyon, nous sommes allés ensemble au mariage de notre copain Eric. Tu conduisais vite, sans avoir l’air d’en éprouver quelque souci. D’ailleurs… J’en souris, mon Christophe. Nous avions rendez-vous, comme il se doit, dans une église aux environs d’Annemasse, mais nous étions à nos retrouvailles, nous avions beaucoup d’histoires à nous raconter. Nous commencions cette journée ensoleillée par des confidences, des souvenirs, des rires. Et soudain nous étions à Dôle.
Avec Eric, nous étions tous trois inséparables au Lycée.
Tu es dans la même classe que moi, ouf. Nous venons de redoubler, nous redoutions d’être séparés. Eric, lui, avait été mis dans une autre seconde. Toi et moi, nous nous sommes mis à côté l’un de l’autre, tout devant, ce premier jour, avec la ferme résolution de se mettre au boulot, d’être sérieux. Cela ne dura que quelques minutes. Toc toc toc, un élève se montre.
« Entrez »
Je souris, tu souris, je me souviens avec exactitude de ton sourire large, pas loin d’éclater en un rire franc. C’est Eric, à moitié débraillé, brandissant un papier, tenant son sac, qui s’adresse à notre professeur principal :
« Euh ils se sont trompés, en fait je devais être dans cette classe »
Le cours suivant, bien sûr, nous étions au fond de la salle.
Mes amis de droite. Un de moins pour Sarko, déjà ça de gagné. Un de moins pour moi, aussi.
Une crise cardiaque. 37 ans, une crise cardiaque. Tu fumais, je ne me souviens plus ? Je ne crois pas. Chez ta mère, je dis ta mère parce que ton père était mort l’année dernière. Chez ta mère, tu taillais les haies. Tu t’es senti fatigué.
Tu étais Dark Krist.
Christophe ne riait pas souvent, je veux dire le grand éclat de rire. Il était pourtant très drôle, qu’est-ce que nous avons rit. Eric, Roland, Ouam, nous riions à nous faire mal, nous faisions du bruit, Christophe, lui, ne montrait pas grand-chose, il pouvait pourtant en ajouter une couche, appuyer là où ça fait rire, son visage était hilare. Il riait dedans.
Eric m’a promis de te faire un petit coucou. Tout à l’heure, à seize heures, dans le cimetière de Parcieu.
Avec Eric, nous nous sommes parlé au téléphone, à cause de Christophe. Nous avons envie de nous revoir et Roland aussi. Nous penserons à lui, c’est sûr. Nous nous moquerons, il n’est plus là pour se défendre. C'est sûr, nous rirons bien et fort.
Putain de machine de guerre...
RépondreSupprimerAmicalement
Gaël
Comme quoi les absents n'ont pas toujours tort.
RépondreSupprimerd'accord avec Loïs
RépondreSupprimerJe ne taille jamais les haies... Mais 37 ans: merde. Désolé pour vous tous.
RépondreSupprimerComment dire... ?
RépondreSupprimerR.I.P. Christophe.
RépondreSupprimerMoments de retrouvailles aussi.
ça fait froid dans le dos ce lien qui point vers un site où la parole s'est tue il y a déjà longtemps...
RépondreSupprimeret puis l'espoir..quand même.
Oui...Oui.
RépondreSupprimerCe "lien mort" m'impressionne beaucoup aussi.