vendredi 27 mai 2011

L'autre, à ma surface - Lecture des (h) à Crest aux Envolires samedi 28 mai à 19 h !


Plutôt que d'aller au Lycée, ce matin-là, tu viens chez moi. Je dors encore. Ma mère a dû t'ouvrir. Bonjour Madame, Ouam est là ? Il dort, vas donc le réveiller. Je dors et je fais des rêves. Je fais des rêves, à cette époque. Qui me réveillent.

Plutôt que d'aller au Lycée, ce matin-là, tu viens me réveiller. Tu as ton cartable noir, pour faire penser que tu viens bosser. En sortant de chez soi, nous avons tous une greffe de peau noire cousue en forme de carré, au bout du bras, qu'on ne remplit guère que d'un paquet de feuilles vides. C'est une obligation d'ordre familial. Je vais au Lycée maman, salut bonne journée. Et je file au café.

En ce jour de printemps, tu viens me réveiller alors que tu es la pensée qui m'éveille chaque matin. Au moment de m'habiller, j'enfile une chemise, que je choisis pour te plaire, j'en éprouve de la joie, quand j'arrive au café tu la regardes ma chemise, tu me regardes quelques fois, elle te va bien cette chemise Ouam.

Plutôt que d'aller au Lycée, ce matin-là, je reste au lit. Je dors beaucoup, pas toujours très bien. Je suis en maillot blanc, je porte un caleçon, j'ai une jambe sur la couette, une jambe dessous. J'ai les cheveux longs qui recouvrent l'oreiller. Oui, les cheveux longs, avec des bouclettes. Une masse de cheveux noirs, je suis même connu pour ça. Mon ventre, aujourd'hui disparu (hum), m'oblige à dormir sur un côté, puis sur l'autre. Le jour éclatant sur mes murs ne m'a pas ouvert les yeux, mais sur quoi les aurais-je ouvert.

Plutôt que d'aller au Lycée, ce matin-là, je reste au lit, je roupille, il faut qu'on me réveille, il n'y a pas d'autre possibilité, je suis dans les limbes et dans mon lit d'adolescent. J'écrase et cela peut durer longtemps, vraiment longtemps, il faut que quelqu'un agisse, et vite, ce n'est pas possible, on ne peut vivre une vie couché comme ça mais lève-toi enfin Ouam, éhoooo ! Ouam ! 

(à suivre)

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