mercredi 29 août 2012

Mes carnets du Maroc (15)

Septième jour
Il faut que je pense à l'intérêt de ce journal. Ce n'est pas parce que je suis à Tanger que tout ce qui m'arrive mérite d'être raconté. Je voudrais entamer une réflexion sur le voyage, sur ce que je veux en tirer, ce qu'il doit amener dans mon écriture et, pourquoi pas, d'ailleurs cela me semble concomitant, dans ma vie.

Septième jour
En attendant, il pleut. J'ai souvent froid, mais surtout en l'absence de chauffage, mes vêtements ne sèchent pas. Ceux que j'ai sur le dos comme ceux que j'ai confié à une dame de service espiègle de mon hôtel. C'est très embêtant, puisque je n'ai plus rien à me mettre pour demain.

Septième jour
Ma copine Isabelle m'a refilé sa maladie, je ne cesse de mater les pâtisseries. Et j'en goûte quelques-unes. Je crois que j'ai trouvé celles qui me motivent. La boutique s'appelle Le Petit Prince, sur l'avenue Pasteur. Alors ce ne sera pas pour l'accueil, que je qualifierais d'approximatif. Mais en revanche pour la variété ou la qualité des pâtisseries orientales. Ils font aussi des desserts occidentaux mais, sans vouloir dire du mal, plutôt de l'espagnole que du français, et c'est une tendance générale, les pâtisseries à la marocaine sont boudées par les Marocains. Alors que celles dont je me gave à l'instant, sont succulentes. Pas de fleur d'oranger à l'horizon, des graines de toutes sortes, du glaçage chocolat sur un genre d'amalgame dominé par la cacahuète, des biscuits surmontés d'un fruit confit ou d'éclats d'amandes et, ah, tiens, je reconnais un Povorone espagnol. Des mini-crêpes fourrées, glacées au sucre, une corne de gazelle, et un gâteau au délicieux goût de lebkuchen... En fait je me régale un peu trop, je me fais l'effet non d'être un gourmet, un ogre.

Septième jour
J'ai encore le temps, mais je suis tout de même, il me semble, sur un demi échec. Comme d'habitude, j'éprouve des difficultés à rencontrer des gens. Ce qui est bizarre, ou pas, c'est que les Marocains m'inspirent confiance, et dans le même temps je ne peux m'empêcher de penser, chaque fois que j'établis une « relation » avec l'un d'eux, qu'il y a volonté de me soutirer du blé. À la réflexion, cette impression est justifiée. N'épiloguons pas. L'exemple, ce sont les guides qui se jettent sur toi, de préférence en espagnol, Hola que tal ?...

Septième jour
Le superbe et jeune serveur du London's Pub vient de me servir le premier poisson de mon séjour. Et moi j'en profite pour le regarder. Le serveur. Franchement, le poisson est délicieux, c'est une petite assiette en forme de poivron, un filet de poisson blanc mariné. Un tapas, tout comme le pilon de pollo au gingembre et la salade marocaine, tout à l'heure. Servis avec les bières que je me suis permis aujourd'hui. Deux bières de Casablanca, que je trouve bien bonnes. Mais deux maximum, parce que bon, pas question de me bourrer la gueule. Enfin, pas tout seul. On me sert des beignets de poisson, maintenant ! Vont me coûter combien ses bières ? M'en fous en fait. Je voudrais que ce joli mirage m'invite chez lui, m’incite à rester une semaine ou deux. J'ai rêvé de Tanger, ne pourrais-je alors faire de ce rêve fort, doux et parfumé (au poisson mariné ou au poulet grillé, je ne sais pas encore), une réalité ? (hum, euh, troisième bière) (juste pour la compagnie ou disons pour l'illusion de cette compagnie).

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