lundi 27 août 2012

Mes carnets du Maroc (14)

Sixième jour
Je calcule qu'il me reste trente-deux jours au Maroc. Le transport ne coûte pas bien cher, si j'en crois ma première expérience. Disons que je peux ignorer pour l'instant ce poste de dépense. Je vais compter une moyenne de 220 Dh par jour pour le logement, sachant que je ne paye que 180 Dh où je suis. Selon un calcul (savant), à partir de 15000 Dh de budget, j'ai presque honte de le dire, il me reste environ 6500 Dh pour tout le reste, bouffe, blanchisserie, thé à la menthe, et les petites arnaques où je pourrais tomber. Il me faudra peut-être aussi acheter des vêtements, par exemple, s'il continue à faire froid.

Sixième jour
Je crois tout de même sentir la déprime des Marocains. Au Gran Café de paris, dont le mobilier et l'ancienne élégance témoignent d'un passé brillant, les figures, pour n'être pas inamicales, sont fermées. Tu les vois sourire lorsqu'ils se croisent, qu'ils se touchent, ils touchent beaucoup, et tendrement, sans ambiguïté, et c'est d'ailleurs pourquoi ils se touchent. Bien sûr, ce que je raconte est valable entre hommes, entre femmes, pas entre les deux sexes, je soupçonne que c'est une des raisons de leur déprime.
Événement, j'ai l'impression, une femme vient de rentrer seule au Gran Café de Paris, et ce juste au moment où j'allais faire la remarque que les femmes en étaient totalement absentes. Elle s'est d'ailleurs à peine assise, elle a jeté des coups d’œil partout, qu'elle fuit.
J'ai vu des femmes radieuses, aujourd'hui, sur le boulevard Mohammed V, le long de la plage. Presque toutes voilées, au bras d'un homme. Je peux très bien imaginer que certains couples se sont formés dans une des boîtes de nuit qui se côtoient le long de ce boulevard. Lui intimidé, mais fort et prévenant, elle indépendante, gracieuse, les cheveux libres et provocants. Le couple, formé, n'ayant évidemment jamais fauté, cherche ensuite l'approbation de la famille et très vite, vient parader ici, la femmes enfin voilée, d'un joli tissu orné de dorures, l'homme, lui, ne changeant rien, arborant seulement un air de contentement et de fierté. Elles sont belles ces jeunes femmes et je ne me sens pas le droit de juger leur sors peu enviable. Qu'elles vivent, et voient.
Cette façon qu'elles ont, tout de même, ici ou en France, d'entrer tout sourire dans la souricière. Non non mais ça y est j'ai émis un jugement.
Je réfléchis, cette impression positive que me donne le peuple marocain, au-delà des airs tristounes que je notais tout à l'heure, est probablement dû à sa vitalité plus qu'à sa bonne humeur. A sa jeunesse.

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