Le torero Berrera, courageux, batailleur et fier, est dénué de la grâce garçonne d’un Castella. Son toro tourne sans envie autour de lui, dérouté, toujours, par le chiffon, mais ne renonçant jamais. Je suis celui qui de coups de corne en coups de corne, la tête baissée, raclant la piste et soufflant, haletant, désire souiller empaler ce petit corps trop raide. Je perds mon sang sur son poitrail et dans un geste plein de morgue, délaissant l’arme et la cape, il me montre son cœur, inexpugnable. A te courir après, damné danseur, je me perds en cette ovale, où est la porte, où est la sortie ? Je vais mourir. Je me sens ce toro là, victime d’une violence sans mesure, victime d’une ronde macabre.
Ou bien suis-je celui que l’ange Castella appelle, de sa voix de fausset, il est ce dieu scintillant que je veux embrasser. Je veux mourir sous sa main, qu’il m’embroche si bon lui semble ! Je ne sais si j’envie le survivant, ô Javier Conde jolie violette, ballerine aux mains douces, de ne pouvoir plus jamais espérer peser sur son vainqueur. Je veux que mon vainqueur se mouille à ma robe, se colore de moi, venga. Touche-moi. Je veux ta main sur mon dos, ton regard attentif, dominé par ma force, maîtrisé par la grâce. L’amour est ce moment de gloire. Il m'échappe.
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