lundi 7 janvier 2013

Mes carnets du Maroc (56)

Trente-quatrième jour
Pas de motivation, aujourd'hui, surtout que j'ai le crâne chauve mouillé par une belle averse. Un moment à regarder des jeunes footballeurs sur la plage, deux ou trois moments cocasses. Le mec que tout le monde interpelait, « Oh Aziz ! », « Aziz, Aziz ! », je peux pas dire, ça me collait le sourire. Le chien qui se balade et qui s'arrête le temps d'un pipi sur la cage, où sont posés les vêtements des garçons, pendant qu'ils se focalisent sur l'action. Le type qui enlève sa chasuble, puis qui joue une phase de jeu avec son vêtement dans la main. Puis il enlève son tricot de corps, découvrant un torse fin et nerveux, et soudain le ballon lui revient, il fonce vers le but, balle au pied, la chasuble dans une main, le marcel dans l'autre. Des musiciens sont passés alors que je sirotais mon thé, ils font la tournée des terrasses, trois fois que je les entends, ces quatre vieux, ils font le spectacle, toujours le même morceau mais ils ne sont pas mauvais du tout. Et ensuite, la pluie.

Trente quatrième jour
La libido. C'est quelque chose que ce truc. Mais qu'est-ce. Pourquoi soudain m'envahit-elle à nouveau. Pourquoi je repère autour de moi tous ces petits culs perchés, les poitrines des garçons, fenêtres ouvertes, les larges sourires ou les airs sombres. Au Dar Saltane, la douceur d'apparence et la voix du serveur me troublent. Hier, dans ce salon de thé caché des touristes, sommet de glauque, le serveur d'une indicible et vulgaire beauté, se chamaillait, avec de grands rires, et un ami à lui très taquin. J'avais bien des difficultés à me concentrer sur mon copain marchand de tapis, Saïd. Qui me paraît seul et triste. A l'image de cet endroit sans fenêtre, qui recevait très mal la télévision, sous une lumière blafarde et des murs en zellige bleue. Nous sirotions un thé à la menthe sur des tables de plastique déjà anciennes, branlantes, on aurait dit des imitations de table. Sept dirhams les deux thés. Saïd veut me faire un tajine, ce soir. Rendez-vous à 19 h, dans la rue de mon hôtel. Un peu peur du poisson bourré d’arêtes, c'est leur truc, les Marocains, de Tanger à Essaouira, le poisson grillé, ou en tajine, qu'ils mangent avec les doigts. Ils s'en régalent, les mufles, et moi je ne peux qu'admirer de loin, leur joie. Pour me venger, faudrait qu'ils me voient gloutonner un bon saucisson de Lyon truffé, ou, ah, oui, cette assiette de cochonnailles chaudes au comptoir du vin, accompagné d'un bon verre de côte.


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