Trente-cinquième jour
Les jours défilent. J'ai eu plusieurs
fois le sentiment qu'ils se traînaient et puis, cette fois, ils
fuient. Place de l'Horloge, à l'ombre d'un énorme caoutchouc.
Aujourd'hui je pense à Hadrien C, ce n'est pas normal, je ne
devrais pas. Il y a quelques jours, un inconnu a demandé à être
mon « ami » sur Facebook. J'ai accepté en pensant
bizarrement qu'il devait s'agir du garçon rencontré à Tanger.
Je regarde le profil une fois que j'ai
accepté l'invitation. Je me rends compte très vite que ce profil
vient d'être créé et que les deux ou trois actions de celui qui se
cache derrière sont à l'évidence signées Hadrien C. Je lui ai mis
un vent, le voilà qui revient avec le printemps. Et aujourd'hui je
pense à sa présence physique, qui me manque. Un très joli
spécimen, dont l'aura me captiva sur la plage, excitant mon
imagination, soudain me parut sans intérêt, fade, en comparaison
d'Hadrien C, dont l'idée s'imposa, crue telle une image, aussi
brutale qu'un souvenir, bandante et sublime comme son cul. « Les
sentiments c'est quelque chose de très profond » a-t-il bêtement répondu à un « statut »
Facebook. Les sentiments, ça sent racine, oserais-je, ça sent même
plutôt le moisi. Le désir, qui me semblait si lointain, soudain
lance à nouveau ses hyphes dans ma pensée, dans mon ventre. Dans ma
pansée. Panser à Hadrien C., il y a quelque chose en moi qui
branle, panser à Hadrien C nu, ça s'écroule. Toute construction
interne se délite, comme si tout ne pouvait tenir ensemble que si je
fais l'amour à Hadrien C.
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