mercredi 27 juin 2012

Mes carnets du Maroc (3)


Premier jour
Je parlais d'une porte des rois, jeff m'a ouvert la sienne. Elle est modeste et usée par les ans, c'est la porte de chez lui. Il m'a accueilli aussi bien qu'il a pu, m'a invité à manger, m'a baladé partout dans Casablanca. C'est pourtant un homme de soixante-dix-sept ans, d'une énergie folle, mais occupé à d'autres tâches que de faire la visite à un touriste. Il n'a compté ni ses heures, ni ses kilomètres.
Première étape, son appartement. Il habite sur la colline d'Anfa, non loin de la plage, et tout près de l'Hôtel d'Anfa où se réunirent, autrefois, Churchill et Roosevelt, pour décider de la date du débarquement allié en méditerranée. Et pour réconcilier, vaine ambition, le général Giraud, représentant de Vichy en Afrique, avec De Gaulle. Bref. Même s'il ouvre sur le consulat d'Algérie, que la villa du roi n'est pas très éloignée, en témoigne la présence constante et discrète de dizaines de soldats en livrées, l'habitation de mon hôte est modeste, voire simple, autrement dit, agréable. Dans la voiture, en y allant, je ne comprends pas s'il me dit que sa femme nous attend ou si elle est absente. J'apprends plus tard qu'elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et pensionnaire d'une maison spécialisée à Rabat. C'est la blessure bavarde de Jeff. Je le sens bien, il est perdu sans elle. « Je paye pour tous les plaisirs que j'ai pris dans ma vie ».
A mon arrivé, il me propose de manger un peu et il se trouve que j'ai très faim. Des tranches de pain de mie frais dans un café noir. Puis il me dit j'ai des messages, je suis très occupé en ce moment avec mon road-book. Alors je pense, ce doit être une sorte de journal de route tout en soupçonnant d'autres implications. En tous cas, je sens l'homme inquiet, préoccupé. N'empêche, lorsque j'ai terminé de manger, il prend ses clefs : « Viens, je t'emmène faire un tour ». 

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