Sur l'esplanade de la grande Mosquée.
Le gigantisme, le marbre, le toit ouvrant, en cèdre, magnifiquement
ouvragé, les mosaïques traditionnelles, les lustres en verre de
Murano, l'édifice, aux trois-quart sur la mer, tout ceci n'est pas
aussi impressionnant qu'il pourrait. C'est mon hôte Jeff, qui m'en
faisait la remarque hier, cette mosquée, malgré un minaret de plus
de deux cent mètres, est massive (ça c'est moi qui l'ajoute) mais
« plutôt bien proportionnée ». Elle s'impose, attire
l’œil, mais n'humilie pas celui qui l'admire. Du moins est-ce mon
sentiment.
Pour combien de rois, fins et fiers Marocains en pantalon
de jogging, en jean's usés, la tignasse et la peau nègres, je
ferais ouvrir, moi, les longues et lourdes portes des rois...
De titane et de laiton, mesurant, au
bas mot, une vingtaine de mètre de haut, les portes du roi de la
mosquée Hassan II pèsent plus de 34 tonnes. Ce sont elles qui
écrasent.
La petite histoire, c'est que la mosquée Hassan II a été construite par Bouygues pour le roi dont
elle porte le nom – le père de Mohammed VI, l'actuel souverain.
C'était une personnalité assez fabuleuse, d'une culture et d'une
intelligence que seule égalait sa cruauté. Admirable, séducteur,
donc, il était aussi le garde chiourme et l'assassin de ses
opposants. Malgré tout, sa mosquée, il fallait au moins s'attendre
à ce qu'il en suive la construction, pas à pas. D'après Jeff, qui
a travaillé dans ce chantier, et n'a d'ailleurs pas été payé, il
y a eu une première bouture, de plus de vingt mètres moins haute.
Le vieux souverain n'en a pas apprécié les proportions : soit
le minaret était trop haut, soit la nef principale était trop
petite. Il l'a donc fait rehausser pour atteindre soixante mètres.
Mais... Il me faut évoquer mon arrivé à Casablanca. Un homme
respectable m'y attendait, hier, figure blanche et attentive dans
l'encadrement d'une fenêtre de son énorme 4x4.
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