Premier jour.
Lui qui dit ne pas aimer la foule, Jeff
semblait heureux de parcourir les souks surpeuplés où il m'a
emmené : « Et encore, là, il n'y a personne » me
précise-t-il en jubilant. Ce sera en effet pour moi le souvenir
marquant de mes débuts au Maroc. Derb Ghallef. Tu circules dans un
dédale de venelles où tu peux à peine croiser quelqu'un. Entre
tes jambes, une rigole est creusée pour les jours de forte averse,
et les boutiques se succèdent. Une boutique, il faut savoir, cela commence à partir de trois mètres carrés... Il y a le coin des téléphones,
où tu peux tout trouver à des prix que tu n'espérais pas, il y a
le coin des ordinateurs, où Jeff a acheté le sien pour six fois
moins cher qu'en supermarché. Il y a le souk de l'ameublement, les plus vastes espaces du marché, le souk des tapis,
les souks de tout et n'importe quoi, tu y trouves tous les dvd, même ceux qui ne sont pas encore
parus, les logiciels qui te manquent, des télés, des bicyclettes,
des réparateurs de tout, des postes de radio, des chaînes hifi...
Et tout cela dans la bonne humeur : « c'est un peuple qui
rit beaucoup » me dit Jeff, et il adore, il sourit à tous les
gens qu'il croise. Ce que je remarque, tout autant, c'est leur activité, les Marocains bossent beaucoup, ici. De jeunes hommes sans diplôme démontent, réparent, remontent des boitiers bourrés de haute technologie, d'autres (ou les mêmes) transportent de la marchandise, un menuisier s'opiniâtre, un marchand discute...
Premier jour.
A midi, Jeff me dit d'aller sur la
banquette arrière et de me cacher. Il est membre de l'athlétique
club, un grand parc loué par la France, où les expatriés se
retrouvent pour jouer au tennis, au hand-ball, faire de l'équitation,
de l'escalade, plein d'activités... Lui est membre de la section
gym, une salle de sport ou il va se dépenser deux heures par jour, et
de la section tennis où, si j'ai bien compris, il ne va plus guère.
Peut-être que c'était leur truc, avec sa femme. Chaque section a
son club-house et il y a, pour tous, deux restaurants autour de deux
piscines. C'est là que nous mangeons, après un tour exhaustif du
parc, et la rencontre d'un modéliste à la puissance de travail et
l'habileté assez étonnantes. Avec Jeff, nous mangeons des
brochettes et des frites, tandis que je l'interroge. Il me raconte un
peu sa vie.
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