lundi 22 octobre 2012

Mes carnets du Maroc (35)

Vingt-et-unième jour
Marrakech, demain. Je crains la foule dans le train, mais c'est la seule solution. Six heures de train en vue, donc. Départ prévu à 11 h 24.

Vingt-deuxième jour
Rencontre fortuite, hier soir, dans un restaurant, avec Jean-Marc, un Toulousain. Grand voyageur, âgé de 47 ans, il a exploré déjà tous les continents. Et là il revenait de l'Atlas. Il m'a fait douté de mon itinéraire en me conseillant d'aller droit vers El-Rachidia, et plus loin, dans la montagne. Mais il ne m'a pas rassuré sur les températures, il a eu bien froid, jusqu'à enfiler bonnet et gants, une nuit. C'est que la montagne, forcément.... Ce qui est dingue, c'est que je n'avais pas intégré ce facteur, l'altitude, tellement j'avais le sentiment, et l'espoir, de faire un tour en été. Bon je regarde les prévisions météo, je vois de bonnes températures à Marrakech. Allé, je me bouge, j'ai un train à 13 h 24.

Vingt-deuxième jour
Je crois que je dois me préparer à un voyage plus difficile que les autres. Beaucoup de monde, à priori, peuvent prendre ce train, le 124, qui passe à Rabat, Casa, avant de replonger vers Marrakech. Pour une fois, il fait chaud et le train en provenance de Fès sera déjà plein. Les Marocains étant très habitués à la foire d'empoigne, j'ai un peu peur de me faire marcher dessus. Pour l'instant je m'éloigne de ceux qui attendent à l'ombre, histoire de prendre des mètres d'avance, et de fabriquer de la vitamine D. Six heures de train.

Vingt-deuxième jour
J'ai trouvé une place assise, près de la fenêtre et dans le sens de la marche. Le miracle. Il y a eu des passagers debout dans les allés dès l'arrêt suivant. Je lis les Lettres Persanes. Je ne croyais plus lire un jour un bouquin de Montesquieu. Et je lis ce texte ancien sur ma liseuse numérique. C'est un drôle d'effet qu'a eu sur moi la révolution de l'encre numérique, cadeau de mon frère à Noël. En vérité, l'objet, d'une haute technologie, d'une extrême nouveauté, ne m'inspire pas la lecture de textes modernes ou nouveaux. Je crois qu'il manque encore le livre écrit pour ce support et qui me ferait changer de discours, mais pour le moment, je constate que le lecteur numérique convient d'abord aux classiques. J'en veux pour preuve mes deux expériences, les Confessions de Rousseau, et maintenant les Lettres Persanes. Dans ses deux oeuvres, j'ai trouvé tellement d'esprit, de style, d'intelligence, de drôlerie, que je me demande encore comment j'ai pu m'effrayer à l'idée de les lire. Cependant que je réfléchis à tout ça, je suis à Casa, ce qui me fait repenser à Jeff. J'espère qu'il se porte bien.


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