Vingt-et-unième jour
Marrakech, demain. Je crains la foule
dans le train, mais c'est la seule solution. Six heures de train en
vue, donc. Départ prévu à 11 h 24.
Vingt-deuxième jour
Rencontre fortuite, hier soir, dans un restaurant,
avec Jean-Marc, un Toulousain. Grand voyageur, âgé de 47 ans, il a
exploré déjà tous les continents. Et là il revenait de l'Atlas.
Il m'a fait douté de mon itinéraire en me conseillant d'aller droit
vers El-Rachidia, et plus loin, dans la montagne. Mais il ne m'a pas
rassuré sur les températures, il a eu bien froid, jusqu'à enfiler
bonnet et gants, une nuit. C'est que la montagne, forcément.... Ce
qui est dingue, c'est que je n'avais pas intégré ce facteur,
l'altitude, tellement j'avais le sentiment, et l'espoir, de faire un
tour en été. Bon je regarde les prévisions météo, je vois de
bonnes températures à Marrakech. Allé, je me bouge, j'ai un train
à 13 h 24.
Vingt-deuxième jour
Je crois que je dois me préparer à un
voyage plus difficile que les autres. Beaucoup de monde, à priori,
peuvent prendre ce train, le 124, qui passe à Rabat, Casa, avant de
replonger vers Marrakech. Pour une fois, il fait chaud et le train en
provenance de Fès sera déjà plein. Les Marocains étant très
habitués à la foire d'empoigne, j'ai un peu peur de me faire
marcher dessus. Pour l'instant je m'éloigne de ceux qui attendent à
l'ombre, histoire de prendre des mètres d'avance, et de fabriquer de
la vitamine D. Six heures de train.
Vingt-deuxième jour
J'ai trouvé une place assise, près de
la fenêtre et dans le sens de la marche. Le miracle. Il y a eu des
passagers debout dans les allés dès l'arrêt suivant. Je lis les
Lettres Persanes. Je ne croyais plus lire un jour un bouquin de
Montesquieu. Et je lis ce texte ancien sur ma liseuse numérique.
C'est un drôle d'effet qu'a eu sur moi la révolution de l'encre
numérique, cadeau de mon frère à Noël. En vérité, l'objet,
d'une haute technologie, d'une extrême nouveauté, ne m'inspire pas
la lecture de textes modernes ou nouveaux. Je crois qu'il manque
encore le livre écrit pour ce support et qui me ferait changer de
discours, mais pour le moment, je constate que le lecteur numérique
convient d'abord aux classiques. J'en veux pour preuve mes deux
expériences, les Confessions de Rousseau, et maintenant les Lettres
Persanes. Dans ses deux oeuvres, j'ai trouvé tellement d'esprit, de
style, d'intelligence, de drôlerie, que je me demande encore comment
j'ai pu m'effrayer à l'idée de les lire. Cependant que je réfléchis
à tout ça, je suis à Casa, ce qui me fait repenser à Jeff.
J'espère qu'il se porte bien.
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