mardi 30 octobre 2012

Mes carnets du Maroc (37)

Vingt-deuxième jour
Je suis dans une gare bien glauque, celle de Settat, capitale de la région de Chaouia, une ville étendue, qui donne son nom à une province, et où les paraboles, depuis mon train, sont plus voyantes que les mosquées. Toujours ce football, probablement. Barça ou Real. Les gens, ici, j'imagine, comme à Tanger ou Chefchaouen, ou encore à Fès, se passionnent pour le championnat d'Espagne. Pourtant, en passant de Fès à Meknès, j'ai pu constater une frontière, qui n'est plus censée exister depuis 1956, celle des protectorats espagnol et français. Car enfin je réussis à me faire comprendre un peu partout, et surtout au delà de « chambre ? », « oui ? », « 100 dh ? » et « petit déjeuner ? », « café au lait », etc... et le réceptionniste de l'hôtel Maroc était aussi souriant que bilingue, le serveur du café d'à côté aussi, et jusqu'au boulanger qui n'a jamais eu l'air de douter de ce que je lui demandais. D'ailleurs, pareil, au resto, tout le monde parlait ma langue, clientèle marocaine comprise. A Tétouan ou Chefchaouen, ça jaquetait l'espagnol dans tous les coins, je ne pouvais pas en placer une.

Vingt-et-unième jour
Petit retour sur la discussion au restaurant avec Jean-Marc, le toulousain. Il était en vacances au Maroc, et se préparait à prendre, en juin, une année sabbatique. Et pour débuter ces douze mois, il a décidé de faire le chemin de Compostelle, en commençant par Aix-la-Chapelle, et jusqu'au bout. J'aime beaucoup cette idée, il y a encore des gens qui s'imaginent trouver leur vérité, ou au moins la paix, dans la musique de la marche. J'approuve mille fois et peut-être me déciderais-je pour un délire de ce type. « Ce qui a changé ma vie, me dit-il, c'est une vision du grand plateau anatolien, en Capadoce, Turquie, j'avais vingt ans ». Et depuis lors, il n'a eu de cesse de bouger, chaque fois qu'il avait des vacances. Il se préparait en essayant d'apprendre les rudiments de la langue de chaque destination, le portugais brésilien, le chinois... même s'il confesse que la méthode Assimil, pour le chinois, cela ne sert à rien. Je ne l'ai pas senti non plus connaître beaucoup l'arabe, mais il est vrai qu'il se passionne pour le Sud marocain, très francophone. Je pense que tous ces voyages ne pouvaient que lui inspirer le mépris qu'il semble cultiver à l'endroit de son métier, vendeur de produits d'assurance. Je le trouve pourtant bien courageux de quitter tout ça : « Je n'ai ni femme ni enfant, alors, qu'est-ce qui me retient ? ».

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