lundi 16 février 2009

Je suis zétéro

Je m’appelle Ouatte-chome mais je n’encule pas n’importe qui. Non parce que je suis hétérosexuel, t'es pas fou, beurk, un mec ? Malgré mon âge et ma normalité, donc, je ne vis pas en couple et je n’ai pas d’enfant. Les femmes ont toujours fait gaffe avec moi, la pilule, le préservatif. Elles ne me courent pas après faut dire. Elles devraient je pense. Du coup je vais à la pêche. Aux moules.

Le soir dans les bars de ma Croix Rousse, on boit des bières avec les copains, on mate les filles avinées qui s’écroulent au bord du zinc, on donne des notes. Ça rigole. Pas une pour sauver l’autre. On les saute chacun son tour, sans se l’avouer, ou alors à demi mot parce que c'est un peu la honte de se taper des truks pareils. Enfin moi le cul, en général, c’est plutôt portion congrue. Je ramène quand même, ça m'arrive, mais surtout de la viande saoule, des filles quasi mortes quand je les baise. Des fois aussi, c’est moi qui bande mou, je m’échine cinq minutes, pour faire honneur. De toute façon elles sont souvent frigides, elles auraient des mecs, sinon, des réguliers je veux dire. Il y en a qui ne font même plus semblant de jouir. Et puis, un de ces soirs, au café, une petite nouvelle avec ses jolis yeux frondeurs nous remue le bout du bout de la tripe au fond du bide et là, selon le niveau de frustration, ou d’alcoolémie, c’est compétition ouverte. Bataille. Son poitrail réussit à nous remobiliser, on imagine tous y glisser nos griffes. J’échoue, comme d’hab’ et j’ai un haut-le-cœur quand le bellâtre de service emporte l’affaire. Les filles sont vraiment des connes.

« Merde quoi, est-ce qu’elles peuvent même imaginer ce que mon amour a de pur, d’inaltérable et de beau ? » me dis-je juste avant d’enfiler une dernière Météor froide comme l’hiver.

Oui, hétérosexuel, je suis aussi un pauvre type.

11 commentaires:

  1. Incipit volée à Hubert Selby Jr in Le Démon (10/18)
    Idée "je suis hétéro" chipée aux défuntes Toiles Roses.

    RépondreSupprimer
  2. Aaaaah, c'est ça l'hétérosexualité .... J'veux pas faire ma mijorée, mais c'est vaguement dégoutant, non ? Enfin, j'porte pas de jugement, hein, j'suis tolérant ;-)

    RépondreSupprimer
  3. "...peuvent même imaginer ce que mon amour a de pur, d’inaltérable et de beau "

    J'aime vraiment beaucoup la fin de ce billet. Vraiment o)

    RépondreSupprimer
  4. Salut Gary, salut MarcelD, c'est un tel plaisir de vous savoir ici.

    RépondreSupprimer
  5. Nan, je pense qu'elles ne peuvent pas imaginer :o)

    RépondreSupprimer
  6. Je crois que ça n'existe pas, les homosexuels et les héterosexuels. C'est des catégories conçues par la psychiatrie du XIX siècle pour surveiller et punir les déviations. En revanche je trouve fortunée l'expression "sodomite", très expressive, chargée de maledictions bibliques, et qui du coup nous met devant les enjeux violents qui soutendent le désir. In fine, c'est cosa mentale.

    RépondreSupprimer
  7. @Loïs : Penses-tu qu'elles le devraient ?

    En tous cas bienvenu.

    @Manuel : Eh bien pour tout dire, je n'aime pas du tout ces deux mots, là, que tu as écrits. C'est d'ailleurs pourquoi j'ai titré Je suis zétéro, avec un z qui veut dire zétéro.
    Sodomite, oui, disons que c'est revendicatif, imagé. Presque trop, ça fait communauté, non ?
    Sinon J'aime pas mal le mot anglo-saxon, tiré du français je crois : Fagot. Parce qu'on brûle bien, nous les pédés et qu'il ne faudrait pas trop qu'on l'oublie.

    Bienvenu à toi aussi.

    RépondreSupprimer
  8. @ouam : merci pour l'accueil.
    On s'en fout pour répondre à ta question. Si le personnage de ton texte se tape de la viande soûle, c'est pas pour chanter Manon à leurs oreilles :o)

    RépondreSupprimer
  9. intéressant.
    Ca fait un moment que j'ai arrêté de me poser des questions là-dessus. J'ai choisi la solution facile, tarifée.
    C'est bien. Tu n'as pas abandonné.

    RépondreSupprimer
  10. Les toiles Roses, désormais disponibles à cette adresse :
    http://www.lestoilesroses.net/

    (et donc pas défuntes)

    RépondreSupprimer