mardi 6 novembre 2012

Mes carnets du Maroc (40)

Vingt-troisième jour
Éprouvant, donc, ce jour-là, à Arnaquech. Je suis rentré de Gueliz à pieds, sous le soleil, avec mon sac au dos. J'ai trouvé un autre hôtel, dans la médina, tellement plus beau, meilleure ambiance, et plus propre aussi. Je me suis rendu à 18 h devant mon ancien hôtel, le Foucauld, et comme je l'imaginais, Rachid, si tel était son nom, pas vu la queue d'un. Je me suis alors vaguement éloigner en direction de la place, j'ai vogué d'un côté à l'autre de la rue des Banques, évitant les guêpes, je crois que c'est ainsi qu'à Casa on les nomme, ces petites mobylettes vrombissantes qui circulent, eh bien, partout où il y a la place pour une mobylette, ce qui inclus tout ce qui est piétonnier bien sûr. En ressassant ma bêtise. Et avec cela, je n'avais plus de dirham, il me fallait en tirer. Ce que j'ai tenté de faire à la première machine venue, qui a refusé de me donner le moindre billet, et j'ai commencé à psychoter, sauf que la deuxième machine, quelques mètres plus loin... Quand j'ai eu deux mille dirhams en poche, c'est drôle, j'ai retrouvé un sourire, mais un sourire de clebs. Okay Rachid, tu m'as baisé. Mais je suis un arnaqué content. D'être loin de chez lui. D'avoir, aussi, dans la poche, son billet de retour.

Vingt-troisième jour
Une telle aventure est propre à dégoûter de Marrakech. Le ton est encore monté, tout à l'heure, à la fermeture des souks, je me baladais, je suis tombé sur la vision hallucinante des ferronniers au travail. Je m'y suis arrêté d'abord pour me laisser gagner par l'ambiance, cette place bousculée d'éléments de fer récupérés, des chaises tordues sur les toits, et ces hommes qui scient, fondent et tapent au centre de ce décor circassien. « C'est les ferronniers » me dit une voix. On ne peux pas être tranquille deux minutes. Je réponds en souriant dans l'ombre : « Oui je me doute », et je file avant que la voix n'engage la conversation. Mais le garçon n'abandonne pas. « C'est par là », puis, « c'est fermé ici », etc... Je me retourne vers lui, écoute, je ne veux pas de guide, laisse tomber d'accord. Et je ne réussi pas à m'en débarrasser. À un moment, c'est lui qui se retourne, ça y est, il veut du fric. On s'engueule. Il trouve normal que sa gentillesse soit rémunérée. Je finis par le voir partir après lui avoir lâcher une pièce symbolique. Je n'étais pas très loin de lui sauter dessus. Ce qui m'a retenu, le fait de ne pas savoir comment la rue, ici, dans son fief, réagirait. Un pharmacien témoin de notre échauffourée, mais bien placide, me dit qu'il a honte de ces garçons qui veulent gagner de l'argent sans rien faire, que c'est la plaie, qu'ils s'en plaignent, eux, les commerçants, les artisans. Et moi qui avait retrouvé le sourire, je l'ai perdu à nouveau.


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