Vingt-troisième
jour
Éprouvant,
donc, ce jour-là, à Arnaquech. Je suis rentré de Gueliz à pieds,
sous le soleil, avec mon sac au dos. J'ai trouvé un autre hôtel,
dans la médina, tellement plus beau, meilleure ambiance, et plus
propre aussi. Je me suis rendu à 18 h devant mon ancien hôtel, le
Foucauld, et comme je l'imaginais, Rachid, si tel était son nom, pas
vu la queue d'un. Je me suis alors vaguement éloigner en direction
de la place, j'ai vogué d'un côté à l'autre de la rue des
Banques, évitant les guêpes, je crois que c'est ainsi qu'à Casa on
les nomme, ces petites mobylettes vrombissantes qui circulent, eh
bien, partout où il y a la place pour une mobylette, ce qui inclus
tout ce qui est piétonnier bien sûr. En ressassant ma bêtise.
Et avec cela, je n'avais plus de dirham, il me fallait en tirer. Ce
que j'ai tenté de faire à la première machine venue, qui a refusé
de me donner le moindre billet, et j'ai commencé à psychoter, sauf
que la deuxième machine, quelques mètres plus loin... Quand j'ai eu
deux mille dirhams en poche, c'est drôle, j'ai retrouvé un sourire,
mais un sourire de clebs. Okay Rachid, tu m'as baisé.
Mais je suis un arnaqué content. D'être loin de chez lui. D'avoir,
aussi, dans la poche, son billet de retour.
Vingt-troisième
jour
Une
telle aventure est propre à dégoûter de Marrakech. Le ton est
encore monté, tout à l'heure, à la fermeture des souks, je me
baladais, je suis tombé sur la vision hallucinante des ferronniers
au travail. Je m'y suis arrêté d'abord pour me laisser gagner par
l'ambiance, cette place bousculée d'éléments de fer récupérés,
des chaises tordues sur les toits, et ces hommes qui scient, fondent
et tapent au centre de ce décor circassien. « C'est les
ferronniers » me dit une voix. On ne peux pas être tranquille
deux minutes. Je réponds en souriant dans l'ombre : « Oui
je me doute », et je file avant que la voix n'engage la conversation. Mais le garçon n'abandonne pas.
« C'est par là », puis, « c'est fermé ici »,
etc... Je me retourne vers lui, écoute, je ne veux pas de guide,
laisse tomber d'accord. Et je ne réussi pas à m'en débarrasser. À
un moment, c'est lui qui se retourne, ça y est, il veut du fric. On
s'engueule. Il trouve normal que sa gentillesse soit rémunérée. Je
finis par le voir partir après lui avoir lâcher une pièce
symbolique. Je n'étais pas très loin de lui sauter dessus. Ce qui
m'a retenu, le fait de ne pas savoir comment la rue, ici, dans son
fief, réagirait. Un pharmacien témoin de notre échauffourée, mais
bien placide, me dit qu'il a honte de ces garçons qui veulent gagner
de l'argent sans rien faire, que c'est la plaie, qu'ils s'en
plaignent, eux, les commerçants, les artisans. Et moi qui avait
retrouvé le sourire, je l'ai perdu à nouveau.
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