Vingt-huitième jour
Andy me disait ce matin, l'Europe vit
au-dessus de ses moyens. On ne peut pas emprunter, emprunter toujours
plus. Répétant en cela le discours dominant, raisonnable, qui s'est
installé depuis les crises successives des subprimes puis des États,
deux crises, donc, en effet, de la dette. Il apparaît que certains
États ont un peu trop tiré dessus, mais je crois qu'il faudrait
tout de même que cette critique de l'emprunt se nuance un peu. Cette
« règle d'or » me semble ignorer les conjonctures qui
peuvent rendre l'emprunt nécessaire ou avantageux. Les gouvernements
Jospin ou Chirac, au bénéfice d'une croissance plus forte que prévu
(on croit rêver) ont encaissé plus d'impôts qu'escompté (des
« surplus » les appelait-on) : pourquoi ont-ils
préféré alléger les prélèvements obligatoires plutôt que de
réaffecter cet argent à la dette ? C'est qu'en période de
croissance forte, et de taux d'intérêts bas, l'argent emprunté (et
investit) rapporte plus qu'il ne coûte. L'autre cas où l’État a
besoin d'emprunter, c'est bien sûr les périodes de dépression,
pour soutenir l'activité, redémarrer, avec une politique de grands
travaux par exemple. Comme en ce moment, quoi. Une autre solution
serait d'alléger le poids de la dette en dévaluant la monnaie, ce
qui aurait également la vertu de rendre un peu de compétitivité
aux produits faits en France (ou en Grèce, ou en Espagne, au
Portugal... et ceci sans baisse de salaire ni de cotisations
sociales), mais la BCE ne le fera pas tout simplement parce que ce
n'est pas dans l'intérêt de l'Allemagne. Ni de l'Autriche, hein,
Andy ?
Vingt-huitième jour
Je ne sais pas ce qui me prend de
parler économie, tout d'un coup. Je n'en ferai pas une
dissertation.
Vingt-huitième jour
Lundi 23 avril. Je suis
allé faire un tour du côté de Tamdaght, c'est à six ou sept
kilomètres d'Aït Ben Haddou. Une route goudronnée dans un paysage
presque nu, le long d'un cours d'eau qui doit être l'Asif Oumila.
C'est le début d'une ballade jusqu'à Télouète, que Jean-Marc (le gars rencontré à Meknès) a
fait il y a une dizaine de jours, dans le froid. Je ne suis pas parti
pour les quarante kilomètres de randonnée, avec la nuit dans un
refuge et pas mal de montée jusqu'aux flans du Tizi N'Tichka, mais
j'ai en revanche bien goûté au cagnard. Il devait faire une
température de 35 degrés Celsius et le paysage devant moi ondulait.
D'un côté j'admirais les terres arables du lit presque sec de
l'Asif, dont chaque mètre carré est exploité, oliviers, amandiers,
blé, fourrage... De l'autre une terre sèche, craquelée, que des
touffes d'épines ou de fleurs jaunes parsèment, irrégulières,
avec de la caillasse multicolore et des montagnes, alentours, dont les
pentes, tantôt souffrées, tantôt ferreuses, oxydées, présentent
d'incroyable nuances de couleurs. Le village de Tamdaght, Qsar de
même nature qu'Aït Benhaddou, plus petit, possède une kasbah
magnifique au pied de laquelle s'épanouit une végétation
luxuriante. Une plantation d'arbres, ponctuée par d'élégants
palmiers, toujours présents, rassurants, dépaysants.
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