mercredi 12 septembre 2012

Mes carnets du Maroc (24)

Quatorzième jour
Chef Chaouen. Dès que tu arrives en haut, à la Kasbah, tu comprends que tu es dans un lieu touristique. Une cohue de terrasses t'accueille sur la grand' place, devant la mosquée. Des garçons postés ça et là t'interpellent en espagnol, Holà, Pour du chite, pour un hôtel, un Ryad, ou pour un de ces cafés aux tables recouvertes de cotonnades du coin : chacun sa couleur. Des kilos de mômes traînent par ici, s'amusent, mais peuvent aussi décider de demander un rond. Une paysanne berbère passe avec un énorme ballot sur le dos. Un vieil homme, un gros bâton à la main, le dos courbé sous son vêtement traditionnel, à capuche, dont le nom m'échappe à l'instant de l'écrire, semble ébahit, il regarde un peu tout et tout le monde comme s'il voulait s'en souvenir. Djellabah, voilà, et les femmes berbères, le tissus rouge rayé qu'elles portent sur leurs jupes, c'est la fouta.

Quatorzième jour
Les deux derniers jours ont été rudes, je n'ai pu manger que le matin, très peu. Rien d'autre dans la journée, j'étais trop mal. Ce matin j'avais le sentiment que ça allait mieux, sans compter que l'hôtel où je suis est à la fois le moins cher et le plus charmant de ceux que j'ai fréquenté au Maroc. Mais mon petit déjeuner ce matin, pris devant la mosquée, place Outa El Hamam (la place des pigeons) m'a provoqué une forte suée, je trouve cela inquiétant.

Quatorzième jour
Allongé sur mon lit, tout à l'heure, ma petite fenêtre grande ouverte sur la rue de la médina. J'entendais avec plaisir la vie s'ébruiter. Les enfants et les vieux, ça n'est pas la première fois que je le constate, et cela me rappelle doucement l'Espagne, sont toujours en dialogue. De même, les adolescents adorent prendre en charge les petits. J'ai suivi comme j'ai pu la conversation de trois ou quatre adolescents. L'un d'eux manifestement imitait le ton docte d'un professeur ou, que sais-je, d'un imam, et cela provoquait des fou-rire magnifiques parmi ses camarades.
Les Marocains n'espèrent qu'une chose de moi, que je lâche ma thune. Mais j'aime les Marocains.
Retour sur la place des pigeons. Une anecdote, qui ne peut pas surprendre grand' monde. C'est l'heure de la prière puisque le Muezzin vient de chanter. J'ai bien vu quelques hommes, à l'instant, se précipiter à la mosquée, se déchausser en hâte, et je sais que nombre de musulmans prient chez eux ou sur leur lieu de travail, mais tout de même, je suis obligé de constater que l'activité, devant mes yeux, ne change pas. Et c'était le cas partout où je suis passé. Par contre, à Tanger, il y a eu un match du Barça. À l'heure où normalement les rues autour du boulevard Pasteur grouillent de monde, pendant deux heures, c'était le désert. La ville ne respirait plus que dans les salles bondées des salons de thé, et c'était d'ailleurs un spectacle, tous ces visages mâles tendus vers une petite lueur au-dessus de la vitrine.

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