jeudi 27 septembre 2012

Mes carnets du Maroc (30)

Dix-huitième jour
Que de beautés, que de misère aussi. Car j'ai fini par arriver à Fès, aux alentours de 18 h 10. Nous sommes passés par le haut de la ville. Et c'est simple. On laisse les Marocains, ici, vivre dans les ordures. J'allais écrire dans leurs ordures, mais je crois que ce ne serait pas complet. Beaucoup de gens viennent à Fès, comme moi. Les gens vivent dans les ordures. Tu prends une poubelles bien pleine, tu la renverses et elle se répand sur, disons, deux mètres carrés. La banlieue de Fès, entre les immeubles, c'est la même impression sur des milliers et des milliers de mètres carrés. J'avais déjà remarqué un phénomène dans le genre à Casa, mais pas de cette ampleur. Les campagnes marocaines, loin des grands centres, sont jonchées de détritus, de plastiques en tous genre, de boîte de fer... Si bien que les paysans protègent leurs champs d'une sorte de bocage d'épines, pour que s'y accrochent les sacs emmenés par le vent. Les ordures, c'est une évidence, sont un fléau du Maroc. Putain. Ils vivent dedans.

Dix-neuvième jour
À la terrasse du restaurant ou nous avons dîné, hier soir, avec Sylvie et Sylvain. Le couple d'éducateurs de Maison-Alfort, rencontré dans le bus, et amoureux de Chef Chaouen. Deux personnes adorables. « Cinq semaines en Inde c'était trop, on n'avait pas anticipé, c'était trop ». Cette phrase, précisément cette phrase, prononcée par Sylvie, commence alors son travail, dans mon ventre, et partout en moi, j'irai en Inde, je dois aller en Inde. À ma vue, quatre minarets, deux terrasses de restaurants, en ne comptant que celles qui sont sur les toits, les terrasses de l'hôtel Cascade, tiens, l'hôtel a l'air d'un autre acabit que le mien, il est pourtant recensé dans mon guide parmi les « pas chers ». La porte monumentale d'un palais et trois tours de guet, assez rapprochées, alors disons plutôt des tours d'enceinte militaires, crénelées, il faut dire que Fès est entourée de murailles gigantesques, qui cachent tout, les palais, les quartiers populaires. Et au loin j'aperçois cette campagne soyeuse, parcourue hier sur les chemins de terre. Le vent m'oblige à arrimer chaque objet, je commence à avoir froid.

Dix-neuvième jour
J'ai revu avec plaisir Sylvie et Sylvain, en revenant à l'hôtel. Ils avaient passés la pire nuit de leur séjour, et d'assez loin. Comme moi, ils ont entendu la musique du marchand de disques, dans la rue, jusqu'à point d'heure. Lui a vomi ses tripes et surtout sa pastilla, ce qui n'a pas dû améliorer leur soirée. Puis, quand ils ont cru s'en sortir à peu près, malgré des lits aussi durs que de la roche, dixit Sylvain, c'est le Muezzin qui a entonné son petit refrain, pendant une bonne demi-heure. A 4 h du matin, c'est un peu duraille, il faut bien l'avouer, j'en ai eu l'expérience, mes deux dernières nuits à Chef Chaouen. Ah et il paraît qu'un chat a cherché à rentrer toute la nuit dans la chambre, située il est vrai sur la terrasse de la pension Talaâ. Bref, je crois que j'ai fait une belle boulette en changeant de chambre, j'ai demandé une piaule sur la terrasse, je trouvais que c'était « plus sympa ».

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