mercredi 19 septembre 2012

Mes Carnets du Maroc (27)

Seizième jour
Je remarque un jeune garçon à la jolie figure, une douzaine d'années quoi, il marche les pieds nus en dedans, sur la plante. Je crois qu'il est une victime de cette maladie présente partout au Maroc, la poliomyélite, probablement. Des hommes voient leurs pieds peu à peu se retourner. J'en ai vu un sur les rives de Derb Ghallef à Casa, qui faisait la manche, pieds nus et sales comme les ordures où, sans doute, ils traînent. Ils étaient à l'envers. Et depuis j'ai vu nombre de garçons avec cette maladie. Pas de femmes. Ce môme de 12 ans, est-ce qu'on saurait le soigner en France ? Je me souviens qu'en France, on se souhaite bonne année, bonne santé, et on rigole. La santé, ça fait ridicule de se souhaiter la santé. Pourtant, c'est la pire injustice, la santé, la plus brutale. Quand je pense à tous ces connards, chez moi, qui se plaignent de payer trop de cotisations sociales. Vive la CSG.

Seizième jour
J'ai passé une partie de l'après-midi dans le patio calme et frais de l'hôtel, en compagnie d'Eugène. Oui, Tu scribo mucho s'appelle Eugène et, en fait, il est Italien. Il écoute Alpha Blondy en faisant du macramé. Mais je l'aime bien quand même. Je lisais les Lettre persanes, de Montesquieu, en me marrant comme je n'avais pas prévu de me marrer, et lui, face à moi, tranquillo, fabriquait un collier, puis un bracelet. Il me posait une question de temps en temps, à laquelle je répondais. Puis je lui demandais deux ou trois trucs sur sa vie, le tout en anglais, ça limite, mais voilà. « Is it youre job ? » demandé-je, par exemple. Eugène vit en effet, au moins en partie, de la vente de ses productions. « Summer time », explique-t-il. Il va vendre sa camelote sur les plages d'Italie et d'ailleurs, puisqu'il voyage beaucoup. Il s'est ainsi fait beaucoup d'argent au Ghana, me raconte-t-il, mais pas avec les touristes, il n'y en a pas, avec les hommes d'affaires locaux. Tout le contraire de ce qu'il pense pouvoir faire au Maroc, où j'ai pourtant le sentiment qu'il ne tentera pas sa chance. Il vient à Chef Chaouen, dans cet hôtel, depuis 6 ans. Pour y être tranquillo et fabriquer ses objets à l'ombre du Patio bleu du Mauritania hôtel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire